vendredi 23 novembre 2018

"L'histoire de la danse " repères dans le cadre du diplôme d'état"


Auteurs : Nathalie Lecomte, Laurence Louppe, Florence Poudru, Eugénia Roucher, Claire Rousier, Élisabeth Schwartz, Éliane Seguin
Pouvoir se situer dans le temps et dans le monde, prendre conscience d’intervenir dans des pratiques en mutation, mettre en perspective ses choix artistiques : tels sont les enjeux de l’enseignement de l’histoire de l’art chorégraphique aux danseurs en formation. Cet ouvrage de référence a été conçu pour les accompagner dans leur préparation au diplôme d’État de professeur de danse. Il propose des contributions de spécialistes de l’histoire de la danse révélant la grande variété des approches méthodologiques ainsi qu’un vaste tableau synoptique rendant compte de la diversité des genres, des formes et des techniques, du XVsiècle à 1980.
Contributions individuelles ou collectives qui témoignent d'expériences menées dans le cadre de l'enseignement de l'histoire de la danse, objectifs pédagogiques de cette discipline, approches méthodologiques plurielles, tableau synoptique inscrit dans l'histoire - sociale et artistique - visant à rendre compte de la diversité des genres, des formes et des techniques correspondant aux trois options du diplôme d'Etat, bibliographie descriptive proposant un corpus cohérent : cet ouvrage, à destination des étudiants, des professeurs et plus largement des professionnels de la danse, a été conçu pour prendre place dans les centres habilités à assurer la formation au diplôme d'Etat de professeur de danse.

"Chiffonade" : danser "chiffon", chiner , éclore, s'élancer et vivre !


Un costume de « robe-boule », chrysalide en étoffes colorées est à l’origine de ce solo chorégraphique pour les tout-petits. De ce cocon organique s’extrait un corps porté par la poésie de la matière et du mouvement. Ici une jambe, là un bras ou un buste sortent de la carapace . Sur des rythmes de jazz aux couleurs africaines, une cartographie se dessine et invite au voyage.
Quinze ans après sa création, ce solo chorégraphique pour les tout-petits connaît une seconde jeunesse. Après 2 000 représentations, cette pièce emblématique de Carré Blanc Cie a été retravaillée par Michèle Dhallu : Chiffonnade se base sur un costume de robe-boule dont l’étoffe – ce que l’on peut toucher, froisser et plisser – conditionne le regard de l’autre. De cette chrysalide jaillit la vie, tâches de couleur, lianes de tissus. Ici une jambe, là un bras ou un buste sortant de sa carapace ou s’y carapatant.

C'est comme un exosquelette d'oursin, mais tout de feutre blanc, douillet, corolle de fleur d'eucalyptus, fleur éclose Des jeux de mains, de pieds, émergent de cette sculpture vivante qui frissonne, bat la chamade Une jeune femme sort de cette chrysalide fragile, torse offert à la vue, longs bras qui jouent d'un doigté perceptible.
Naissance d'une créature, animal qui se gonfle, se dégonfle puis comme d'une crinoline, ou d'une vesse de loup en bonne maïeutique, émerge le mouvement d'un corps gracieux. Coquillage, crustacé magique, cet habitacle livre son secret, un long ruban, cordon ombilical de fanfreluches colorées. La bestiole est aspirée ou expirée de sa matrice archaïque, abandonne sa "rolling stone" ou son "fat boy" pour explorer le monde des sensations, l'espace, la musique.Des foulards verts sortent de ce grand sac à malice, la chrysalide délivre un amas de tissus qui seront prétexte à jouer, expérimenter l'air et les volumes.Des percussions ethniques, des voix accompagnent cette métamorphose singulière Un paysage se construit, une péninsule, un archipel de tissus dressés ou couchés pour évoquer le monde !
Des îles flottantes pour honorer un corps qui danse, tourbillonne, en suspension, reptation, élévation, très sensuels et dansant De la danse, de la vraie pour enchanter ce public de tous petits bambins réunis dans la petite salle du TJP.
Un vrai petit souk où la danseuse farfouille, lance et projette ces lambeaux de tissus à l'envi. Elle se tapit sur le tapis, petit monde de couleurs, un manchon comme bâton de pluie dans un joyeux exotisme musical.Un petit rituel dansé pour mieux se fondre dans le décor fabriqué in situ de toutes pièces de tissus. Bien être et mimétisme comme credo!
Un baluchon de vagabond au dos sur fond de bruits de sirènes maritimes et le voyage continue, drôle, léger, séduisant, accessible de par sa justesse et sa sincérité. Et soudain sourd du tapis bleu, de l'eau en rigoles de la nappe phréatique ! Sensations nouvelles qui suggèrent à la danseuse, glissades, torsades, spirales et jeux d'eau délicieux: on voudrait bien renter dans son jeu et cette délectation sensitive !
Joie partagée par les enfants émerveillés par cette jouissance non fainte de la danseuse,Suzel Barbaroux, pleine de malice, de grâce et de volupté.Beaucoup d'aisance dans ses mouvements lovés, et cette synergie aquatique est contagieuse : petite patinoire de fortune si pareille à un bain de jouvence
Une vision solaire du monde que cette "Chiffonade" de chiffonnière avertie, chineuse d'images matérielles, d'ouverture sur le monde, en acrobaties extatiques ou simples bonds mus par une énergie sans égal.
On se régale tout simplement de l'intelligence de la pièce chorégraphique, bien dosée, à la mesure d'un jeune public en quête d'expériences sensorielles!

A u TJP jusqu'au 24 Novembre


jeudi 22 novembre 2018

"Minuit moins le coeur" et des poussières: Christophe Feltz à demi-maux.


“24h passées aux urgences il y a un an pour une « douleur thoracique gauche suspecte » qui va se révéler n’être au final qu’une simple « névralgie intercostale musculaire ». 24h d’un véritable cauchemar éveillé où chaque seconde semble des heures, et dans cet espace temps sidéral, ma vie et ma perception de l’existence et du monde ont changé et basculé à jamais.
24h pendant lesquelles toute ma vie a défilé dans ma tête, avec les êtres aimés ou disparus, mais aussi avec tous ceux inconnus à ce jour et à découvrir.
24h hallucinantes de la vie d’un homme, plongé en plein cœur du théâtre de la vie et de la comédie humaine. 24h à toucher du doigt et à mettre en lumière une certaine forme de dénuement, de mise à nu littérale de l’être humain mais aussi de l’homme de théâtre que je suis après 30 ans de carrière.
A ce moment précis de mon histoire, plus de théâtre, juste la vie, et de manière paradoxale ce qui m’intéresse le plus depuis toujours, le théâtre de la vie, la comédie humaine, avec toutes ses surprises, ses doutes, ses peurs, ses rebondissements et ses joies.”
Christophe Feltz

Ce texte parle avec beaucoup d’humilité, de dérision, d’humour mais aussi de sincérité et de profondeur, du rapport du corps à la douleur, de la peur du vide et de l’urgence à vivre. Il nous entretient également du fonctionnement militaire, surréaliste et kafkaïen de ce service si particulier que sont les urgences d’un hôpital...


Entrée en scène hésitante et maladroite d'un personnage burlesque, mi clown, mi acteur...et c'est parti pour un marathon dans le milieu médical des urgences! Plein de médicaments sur son pupitre, un pseudo-conférencier raconte les mésaventures d'un hypocondriaque qui choisit d'aller faire un petit tour aux urgences, histoire de se rassurer sur son état cardiaque!
Crise ou délire, fantasme ou affabulation, le voilà en proie à toutes sortes de personnages, habitants-soignants de ce sas de décompression d'angoisse que sont les urgences où l'on a la pression!
Prendre la tension d'un univers si hostile de réputation, n'est pas chose aisée et Christophe Feltz a mis la barre haute pour prendre la température de cet univers unique, redouté, terrible mais remarquable..
Une vision apocalyptique des couloirs menaçants peuplés d' êtres agonisants, des patients en attente de soins, un déferlement de rêves d'un pays de cocagne que pourrait être ce service médical, ne suffisent pas à en rendre l'horreur ou la poésie. Qui es-tu, pour tu-es (tuer) ce même Christophe Feltz ou ce Philippe Katerine dont on comprendra vite qu'il est ici plutôt question d'illustrer son album fameux de chansons ayant trait à la santé, au corps..
Grand corps malade que ce conteur-narrateur dont l'autobiographie suggérée ne parvient pas à convaincre du bien fondé d'une telle aventure...Malade imaginaire  du spectacle "vivant" qui inspire-expire pour mieux inspirer son auditoire et le faire piétiner sans jamais décoller d'un registre trop connu de jeu de mots ou de circonstances..
Un homme assis dans le couloir qui marche le long de la Seine-la scène-, par temps plus-vieux, moins jeune qu'il naît !
Christophe, as-tu du coeur ? Quand on y rentre sait-on quand on en sort, en mauvais sort... Alors on prend son ordonnance , ce long dazibao où le conteur trace ces maux clefs, de tic en toc, de vip en vmc, et l'on va chez le pharmacien. On va de mal en pis, on décline sans s'incliner dans ce sein sépulcre de la maladie de l'esprit. Pour faire passer la pilule ou penser ses plaies -time, le carnet de santé sera le passeport du bien-naître.

Encore une petite consultation chez le dramaturge pour une petite purge du texte, mettre de beaux spara-draps avant de nous faire essuyer les plâtres d'une création pourtant si prometteuse au vu du sujet!
La note d'honoraires ne sera pas indigeste et pour mieux ruer dans les brancards de la profession d'urgentiste, analyse et anesthésie seraient de mise avant l'opération de consultation.
Trans-portez-vous bien et prenez soin de vous pour affronter de plein fouet cette diatribe, parfois pertinente et cinglante, tendre et poétique à peine encore en gestation.
La salle d'attente est un sas nécessaire pour mieux nous faire apprécier ces bribes prometteuses de corps "pas cuit" sortant du scanner, ce toqué de toc, cet im-patient si charmeur qu'est Christophe Feltz!
Il est minuit moins l'écart docteur Feltz entre les deux aiguilles de la seringue et l'on souhaite être piqué par le vif du sujet; laisser reposer la bonne pâte et pouvoir dire: quoi de neuf Docteur pour la prochaine consultation: se bonifier comme à l’accoutumée, apprendre son texte par "coeur" pour que l'on retrouve notre "coup de coeur" envers notre roi de coeur !
Courez au urgences, il y a panique à l'hopital ! Plus d'ambulances ni de brancardiers au pays de l'absurde et du désopilant ! Allez y vite pour prendre la température du jour !

A l'Illiade jusqu'au 25 Novembre