dimanche 2 décembre 2018
"Swing Muséum" : à Dada, à cheval d'arson ! Arp' théra toupie....Danser la ronde bosse !
Un conte féerique au décor changeant au cours duquel, comme par magie, les sculptures s’animent, tournoient, virevoltent et vont même jusqu’à traverser l’espace grâce à une simple impulsion. L’interprète, face à l’inconnu et au hasard, dialogue avec ces entités inertes auxquelles la danse donne vie."
Trois quilles en forme de poire (à la Satie) sur tapis blanc, lumière vive: on est au musée, vaillamment surveillé par un gardien, casquette et frac de service, tout blanc!
Cris d'enfants en fond sonore, il s'endort, s'assoupit, se réveille, frémit et rêve....Sa chute au sol l'emporte dans un monde onirique où les statues si bizarres, en forme ovoïde, lisses, de taille différente, sont semblables à une petit famille de trognons de pomme, sans bras ni jambes: troncs stabiles, posés sans piédestal, vibratile, oscillants. Lui viennent des envies de bouger avec elles, après une mise en éveil, une appropriation de leur aire au sol
Ils s'apprivoisent, se contournent en ronde bosse, et s'embrassent à corps perdu.Musique douce pour reptation initiatique et ludique histoire de faire connaissance avec ses ovnis muséales!
Ce gardien rêveur de pacotille donne bras et jambes à ses créatures monstrueuses, rondes et caressantes.Ailes de cygne, patte de canard: le bestiaire se multiplie à l'envi.Il fait corps avec ses objets dynamiques, les réaniment, les chevauchent, à Dada ! Jim Couturier, espiègle et très poétique agent de sécurité, rêveur et indiscipliné à souhait
Balançoire giratoire, qui s'élance en manège, partenaire insolite de danse de couple incongrue!Comme un tableau de Magritte aussi, nuages blancs, formes longues et blanches, ciel bleu...
Musée haut, musée bas ! (J.M Ribes)
Mais c'est Hans Arp qui reprend le dessus en toupie, mannequin sous dimensionné qui tourne sur elle-même , ou bien quille déboussolée dans un bowling de fortune. Lanceur de poids aussi parfois! Une mélodie de Nina Simone pour mieux esquisser des figures de tangos avec ces êtres fantastiques et le tour est joué. C'est burlesque et chaplinesque en diable.
Cocooning, baisers échangés....Sur fond de ciel étoilé, qui file du bon coton.
Puis c'est le drame dans la tourmente, tourbillon de nuages qui déferlent en images vidéo, projetées à toute vitesse: tempête dans un verre d'eau pour notre anti-héros qui résiste, sauve les statues inertes comme dans une tornade blanche. Retour à la normale avec un beau halo de lune pour cette accalmie bienfaitrice: le lieu pour un hérisson de refaire une apparition, dérisoire et charmant animal à piques et pointes acérées. Tout le contraire de ces êtres lisses et polis qui peuplent la scène, personnages à part entière, mobile stabiles en déséquilibre vertigineux. Le gardien reprend ses fonctions, veille au grain, redescend sur terre alors qu'un joli jeu d'ombres le hante: Belphégor au Louvre, le temps d' une nuit au musée...Les silhouettes s'estompent pour un théâtre de verdure qui s'offre à nous: tout disparaît dans cette jungle verte où réa parait un vrai hérisson, esquissant une danse mimétique de toute beauté.
Les formes dansent et une voix somme de "retourner à la raison": le rêve s'achève avec la découverte dans un caisson à roulette d'une petite créature, nouveau né de la famille Harp !
Sophie Taeuber et Jean Arp ont donné naissance à une créature hybride, Une sculpture adorable, prête à rejoindre la famille, au sein d'une salle blanche dédiée au créateur des "danseuses" et de toute autre forme d'objets à caresser des yeux en ronde bosse!
On vient s'y a musée comme des grands ! Et la muse des Fattoumi Lamoureux entre Terpsichore et muse de la peinture (?) se jouent de bien des règles du jeu !
Au TJP jusqu'au 6 Décembre
vendredi 30 novembre 2018
"(Elle) retient" Olga de Soto en quête de la danse effacée.....Des "trous" dans l'espace mental.
"Avec justesse et émotion la danse d’Olga de Soto retisse les fils de son parcours mais aussi de l’histoire de la danse. Après plusieurs années d’immersion dans la recherche, autour d’œuvres célèbres – comme La Table verte de Kurt Jooss (1932) dénonçant la montée du fascisme – la chorégraphe réinvestit la scène en solo. A la façon d’un corps-archive, ses gestes nourris de traces, pensées, sensations issues de ses investigations, son mouvement se déploie : de l’intime aux questions de l’existence et de la mémoire collective.
Les gestes tour à tour graves ou ténus qui naissent de son corps-archive, laissent fugitivement apparaître ce qu’il retient, bribes de souvenirs intimes parfois mais aussi réminiscences d’une mémoire corporelle longuement affûtée au fil de sa démarche, auprès des artistes avec lesquels elle a travaillé, ainsi que par ses expérimentations et son propre travail de création. Sans compter son investissement dans la recherche.
Durant plusieurs années, Olga de Soto a pisté danseurs et spectateurs d’œuvres les plus politiquement engagées de l’histoire de la danse. Mais, bien loin de se confondre avec un musée de la danse, la posture de l’artiste espagnole, s’est focalisée sur les traces invisibles qui rendent si vivantes au plateau l’histoire des corps et leur propre évolution depuis le siècle dernier. Ce sont les questions soulevées par cette quête et le dépôt de ces traces en elle que la danseuse interroge dans Elle (retient) entrelaçant poétiquement l’écriture chorégraphique à l’investigation documentaire. "
"(Elle) retient"....la danse !
Elle est seule sur le plateau du studio de Pôle Sud, pieds nus, habillée sobrement, bleu et noir; au sol un long fil qui s'enchevêtre, filon de la mémoire, fil d'Ariane, trace une spirale: une poulie lentement le ré-enroule....On revient sur le passé, le temps, on fait marche arrière pour mieux retracer la trajectoire des investigations "historiques" d'Olga de Soto sur la mémoire de la danse, celle qu'elle à vu, celle d'autres ont partagé en leur temps. Elle danse au sol, trouve ses appuis, s'essaie à diverses formes et équilibres, tatone, s'élance peu à peu dans l'espace.Ce qui nous relie au sol, avec virulence ou dans la lenteur. Elle s'étire, se mesure au temps se balance, prend le pouls de son corps, tente des équilibres improbables.
"Retiens, la mémoire de la danse".....
"Incorporer la danse" en mémoire, celle de son complice Vincent... L'intelligence émotionnelle guide sa démarche, "effacer" a du bon nous livre-t-elle modestement avec ses mots. "Chasser la danse" dit-elle en semblant rappeler, reconvoquer certains gestes qu'elle façonne et retrouve, à l'aveugle.
"Les trous" laissés par les autres, les manques de mémoire l'intriguent, la titillent, la taraude; le temps, les mots inaudibles sous-texte muet lui font imaginer la danse, avec ces mots là qui ouvrent des espaces.
De sa quête à la recherche des "témoins" et acteurs de "La table verte" de Joos, elle nous livre l'énumération de son périple géographique, de villes en villes à saute frontières. C'est drôle et émouvant. Pendant que lentement, le filon se rétracte se réenroule, symbolisant la remontée du temps, de la mémoire. Elle franchit en diagonale l'espace, frappe du pied, écrase, évacue quelque chose: la danse, les souvenirs, les paroles des autres que l'on entend de la bande son diffusée, témoin en toutes langues des rencontres et des propos échangés avec ceux qu'elle a retrouvé.
Beaux "témoignages" de vie! Le "rituel des crocodiles" qu'elle nous conte est superbe et plein de charme, de vérité: ces "habitants" fantomatiques des divers appartements de son enfance.
"Mes cheveux m'écoutent", "je suis un corps éponge": autant d'aveux fertiles de sens, de poids et de sincérité, parmi ces voix enregistrées qui s’emmêlent, se confondent en un joyeux charivari, qu'elle nous traduit simultanément. Des témoignages sur la mort dans "la table verte" lui donnent un rôle de conteuse, paroles sensibles, récits organiques de vécu. Sur les événements dramatiques concernant le Chili, elle laisse sourde la parole de l'autre, se laisse pétrifiée ou envahir par ce qu'elle recollecte...
Historienne du vécu, elle invente à sa façon, une perspective de réactiver la mémoire de la danse, de la ré écrire.
Du sable s'égoutte des cintres comme un "sablier" dans un halo de lumière avec un bruit de bâton de pluie qui crisse
Au final une marche frontale lente, les yeux fermés la conduit vers nous, puis elle disparaît, sereine, toujours à la recherche d'une danse perdue et retrouvée, quête, enquête incessante sur le devenir des mémoires individuelles ou collectives!
A Pôle Sud les 29 et 30 Novembre
"(Elle) retient"....la danse !
Elle est seule sur le plateau du studio de Pôle Sud, pieds nus, habillée sobrement, bleu et noir; au sol un long fil qui s'enchevêtre, filon de la mémoire, fil d'Ariane, trace une spirale: une poulie lentement le ré-enroule....On revient sur le passé, le temps, on fait marche arrière pour mieux retracer la trajectoire des investigations "historiques" d'Olga de Soto sur la mémoire de la danse, celle qu'elle à vu, celle d'autres ont partagé en leur temps. Elle danse au sol, trouve ses appuis, s'essaie à diverses formes et équilibres, tatone, s'élance peu à peu dans l'espace.Ce qui nous relie au sol, avec virulence ou dans la lenteur. Elle s'étire, se mesure au temps se balance, prend le pouls de son corps, tente des équilibres improbables.
"Retiens, la mémoire de la danse".....
"Incorporer la danse" en mémoire, celle de son complice Vincent... L'intelligence émotionnelle guide sa démarche, "effacer" a du bon nous livre-t-elle modestement avec ses mots. "Chasser la danse" dit-elle en semblant rappeler, reconvoquer certains gestes qu'elle façonne et retrouve, à l'aveugle.
"Les trous" laissés par les autres, les manques de mémoire l'intriguent, la titillent, la taraude; le temps, les mots inaudibles sous-texte muet lui font imaginer la danse, avec ces mots là qui ouvrent des espaces.
De sa quête à la recherche des "témoins" et acteurs de "La table verte" de Joos, elle nous livre l'énumération de son périple géographique, de villes en villes à saute frontières. C'est drôle et émouvant. Pendant que lentement, le filon se rétracte se réenroule, symbolisant la remontée du temps, de la mémoire. Elle franchit en diagonale l'espace, frappe du pied, écrase, évacue quelque chose: la danse, les souvenirs, les paroles des autres que l'on entend de la bande son diffusée, témoin en toutes langues des rencontres et des propos échangés avec ceux qu'elle a retrouvé.
Beaux "témoignages" de vie! Le "rituel des crocodiles" qu'elle nous conte est superbe et plein de charme, de vérité: ces "habitants" fantomatiques des divers appartements de son enfance.
"Mes cheveux m'écoutent", "je suis un corps éponge": autant d'aveux fertiles de sens, de poids et de sincérité, parmi ces voix enregistrées qui s’emmêlent, se confondent en un joyeux charivari, qu'elle nous traduit simultanément. Des témoignages sur la mort dans "la table verte" lui donnent un rôle de conteuse, paroles sensibles, récits organiques de vécu. Sur les événements dramatiques concernant le Chili, elle laisse sourde la parole de l'autre, se laisse pétrifiée ou envahir par ce qu'elle recollecte...
Historienne du vécu, elle invente à sa façon, une perspective de réactiver la mémoire de la danse, de la ré écrire.
Du sable s'égoutte des cintres comme un "sablier" dans un halo de lumière avec un bruit de bâton de pluie qui crisse
Au final une marche frontale lente, les yeux fermés la conduit vers nous, puis elle disparaît, sereine, toujours à la recherche d'une danse perdue et retrouvée, quête, enquête incessante sur le devenir des mémoires individuelles ou collectives!
A Pôle Sud les 29 et 30 Novembre
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