dimanche 24 novembre 2019

"Alex Simu Quintet « Echoes of Bucharest » + Lucian Ban – Mat Maneri « Oedipe Redux »: Dracula Jazz !

Alex Simu Qintet "Echoes of Bucharest"  première française

Allemagne | Hollande | Italie | Roumanie | Slovénie – Alex Simu, clarinettes & orchestration / Franz von Chossy, piano / George Dumitriu, violon alto & guitare / Mattia Magatelli contrebasse / Kristijan Krajncan, violoncelle & batterie

Les paysages musicaux évoqués ici disent du pays des origines-la Roumanie- et de son folklore mais aussi de la musique française (Fauré, Debussy…) traversée d’élans romantiques qui évoquent Brahms, Strauss… Le quintet d’Alex Simu propose une réorchestration minutieuse des suites symphoniques de Georges Enesco imprégnée d’improvisations appartenant au langage du jazz d’aujourd’hui. C'est lumineux et subtil, chacun des protagonistes opérant des solos bordés par la suite de cet "orchestre" de chambre, jazz, quelque part inspiré d'autres contrées géographiques et musicales. Au pays des vampires, de Dracula, des chateaux et des montagnes maléfiques, de Nosferatu, les notes vibrent, fragiles, menacées et toute tentative pour chacun de prendre le pouvoir est vaine: les démonstrations de virtuosité, d'habileté de chacun se fondent dans la masse sonore radieuse et l'on songe au "cimetière joyeux" de Sapanta qui enchante les âmes et les corps disparus au delà de la réalité. La musique est ici reine, les interprètes, lors de deux longues pièces éclectiques, ravissent les oreilles et le voyage est garanti pour celui qui accepte ces propositions aux entrées multiples.

Oedipe Redux": hellas, le "grand Rex" fait son cinéma: nanar  fugit !

Lucian Ban et Mat Maneri présentent après une pause conviviale dans le hall de la "briqueterie" à Schiltigheim, « OEDIPE REDUX », basé sur l’opéra Oedipe par Georges Enesco, avec des musiciens, pointures de choix, Mat Maneri, violon alto,Louis Sclavis, clarinette & clarinette basse,Ralph Alessi, trompette,Lucian Ban, piano,John Hebert, contrebasse,Tom Rainey, batterie et deux chanteurs, danseurs, acteurs médusants :États – Unis | Roumanie – Jen Shyu, voix et Theo Bleckmann, voix 
À la frontière du jazz et de la musique de chambre, Mat Maneri et Lucian Ban nous offrent une relecture passionnante du chef d’oeuvre du compositeur roumain Georges Enesco. Oedipe, le seul opéra que Enesco ait jamais écrit, est une oeuvre d’une rare ambition. Sa relecture par un groupe composé en grande partie de l’élite des musiciens de jazz new-yorkais auxquels s’ajoute Louis Sclavis est un moment unique !
On s'attend à tout sauf à cet opus kitsch en diable où les deux acteurs, lui en costume seyant noir, torse nu sous sa veste, très sexy, elle radieuse femme asiatique à la voix de bronze, font un couple désopilant, incarnant, lui Oedipe, elle, trois rôle féminins des personnages mythiques de cet odyssée du jazz: comme autant de tableaux qui se succèdent dans une dramaturgie sérieuse et bien construite.
Les deux compères au chant rappelant des chefs d'oeuvre d'opéra de Pékin ou de comédie musicale Bollywood: désopilant jeu et mascarade, costumé à chaque changement d' effigie, de robe et voiles évoquant les caractères variables de chacune des héroïnes, figures légendaires de cet épisode de la mythologie grecque: hélas, "hellas", c'est parfois un peu "nanar" et déroutant, comique ou grotesque mais à bon escient! 
Sans "complexe", Oedipe , fils de Laios affublé de ses Jocaste et Antigone, fait son parricide et son inceste musical: résoudre l'énigme du Sphinx en jazz n'est pas une mince affaire et cette short version "opère" en opéra réduit comme un tissu musical cohérent et jovial !
Ce soir là on est surpris et conquis par tant d'audace de programmation et les deux chanteurs-danseurs, chorégraphiés comme des acrobates ou pantins sont remarquables, attachants et plein de verve! A noter l'excellence du trompettiste Ralph Alessi, dont le son de toute beauté fait voyager dans les tonalités variées de l'histoire du jazz, avec volupté et distinction!

A la "Briqueterie" le samedi 24 Novembre dans le cadre de Jazzdor






Un nanar est, dans le langage familier, un film qui possède tellement de défauts qu'il en devient involontairement ridicule et comique.
Bien qu'il n'existe pas de définition officielle de ce qu'est un nanar, on le distingue généralement du navet par sa capacité à divertir. Le nanar amuse tandis que le navet est simplement ennuyeux (en référence au goût fade du légume du même nom)1. Le terme « nanar » est cependant parfois utilisé abusivement pour désigner tous les films sans intérêt, il fait alors double emploi avec le terme de « navet » auquel il devrait s'opposer2. Le nanar est également parfois confondu à tort avec le cinéma bis ; or des productions du cinéma bis peuvent être considérées comme de « bons films » et des films à gros budget peuvent être considérés comme des nanars.
Malgré le fait que les nanars soient, par définition, de mauvais films, certains cinéphiles affectionnent ce type de production et les recherchent volontairement. Certains nanars ont même acquis une renommée internationale et font maintenant partie de la culture populaire, comme Plan 9 from Outer SpaceThe RoomDünyayı Kurtaran AdamTroll 2 ou Birdemic: Shock and Terror.
Dans le jargon des brocanteurs et bouquinistes, le nanar désigne un livre ou un objet médiocre et invendable.l

samedi 23 novembre 2019

"Sound Around N° 4 Iran" : Terre d'ocre, de Sienne et de musique, spirale de saveurs.


Cette année, Sound Around est Iranien.

Après avoir exploré le Japon au travers du Sho, le Mexique au travers des jeunes compositeurs que nous y avons rencontrés ou encore les univers nébuleux et oniriques du cymbalum, nous vous proposons cette année un voyage musical au cœur de la scène contemporaine Iranienne. Axé autour de la création d’un volet de « l’Espace du dedans » d’Alireza Farhang et de « The Bird Has been dead for more than 60 years » d’Arshia Samsaminia, ce programme nous emmènera également dans les mondes musicaux de la compositrice Elnaz Seyedi.

"L’occasion pour nous d’explorer des formes instrumentales nouvelles en étendant notre ensemble à la pianiste Nina Maghsoodloo et la violoniste Clara Levy. Un voyage à la découverte d’autres mondes, un cycle pour charger notre curiosité d’interprète et nourrir celle de vos oreilles."

Les musiciens évoluent dans les univers scénographiques et lumineux de Kapitolina Tcvetkova-Plotnikova et Raphael Siefert, imaginés tout spécialement pour ce concert.

Flûtes : Ayako Okubo Clarinettes : Thomas Monod // Percussions : Marin Lambert & Olivier Maurel // Piano : Nina Maghsoodloo // Violon : Clara Levy // Violoncelle : Elsa Dorbath //
Scénographie : Kapitolina Tcvetkova-Plotnikova// lumières : Raphaël Siefert

Le jardin suspendu de la musique, chant de la terre

Elnaz Seyedi : "Fragmente einer Erinnerung"
Dans une ambiance de bruits très "urbains", les sons démultipliés abondent: l'ensemble de musique de chambre au grand complet s'épanouit dans le calme, le piano résonne en percussions , le violon gémit et souffles et bruissements s'installent. Une femme tout de blanc virginal vêtue avance sur la scène, manipulant des sculptures de poterie de plâtre suspendues aux cintres.Marionnette à fil elle s'intègre dans ce dispositif et ne le quittera plus, fantôme errant, sur les cordes dissonantes des timbres, sur le fil de rasoir de cet opus riche de déséquilibre de masses sonores emboutées, imbriquées dans le flux des sons; des plaintes métalliques et grinçantes, concourent à cette atmosphère étrange, venue de pays lointain, comme cris et chants oubliés.Le piano comme une caisse de résonance, manipulé dans son corps, fait office d'écho de caverne, de grotte où les stalactites de porcelaine au dessus de nos têtes menacent de fondre, de chuter de s'écrouler.


Alireza Farhang, avec "Anagran, "lumière infinie" en langue persane ancienne fait place à un solo de violoncelle, bordé des vents qui apparaissent de derrière le rideau... Des tonalités inédites renforcent la matière sonore, la texture fragile proche de l'univers plastique de la scénographie. Blancheur et finesse des matériaux des objets suspendus répondent en miroir à la musique ornementale et monodique. Corps-raccords pour les flûtes et les cordes qui se relient tissant timbre, mélodie et gestes des musiciens et de la danseuse.Les cocons de plâtre toujours suspendus dans l'éther, un plexiglas en ruban pour litanie musicale qui se déroule au gré des manipulations de cet étrange personnage aux longs cheveux défaits masquant son visage
Comme une ligne oblique, portée musicale, tendue dans l'espace, la musique se fait ligne fluide, filet de flûte virtuose, souffle infime.
L'intrusion du piano en contrepoint, léger, naturel centre d'émission de percussions, fait miroir et réfléchit les effluves poétiques du morceau .

Encore à l'écriture de la pièce suivante, Alireza  Fafhang avec "Zamyad", multiplie les accents de  musiques persane et indienne qui  se fondent ensemble, se relient et le geste dansé devient prépondérant:: le violoncelle, soliste, évoque des contrées lointaines, évanescentes, les sons enregistrés bordent cette interprétation radieuse de tonalités venues d'ailleurs.Les cocons de sable déversent leur poudre de couleurs qui se répand au sol: la danseuse frôle ces matériaux ancestraux, terres de sienne et d'ocre, terre de carrière et laisse ses empreintes au sol, traces et signes, notations chorégraphique sur la partition musicale Composition instantanée suspendue aux aléas des tournoiements qui tels un encensoir répandent en thuriféraire, le sable d'un compte à rebours de sablier du temps.
Oeuvre musicale et plastique très aboutie, rituel et petite cérémonie de gestes épicés aux fragrances de souk parfumé de senteurs orientales, chaudes comme des immortelles, des fragrances de curcuma ou de coriandre, de curry exotique !
 Comme un balancier du temps hypnotique, les mouvements musicaux rejoignent les gestes de la danseuse qui s’immisce, immobile dans ce jeu de sonorités. Les plis blancs de son costume pour enrober comme des fleurs votives, les ex voto musicaux, offrandes  de cet opus enchanteur, hypnotique.
Immobilité du corps, réflexivité des sons qui l'entourent.Rituel giratoire où la danseuse se macule de teinture rouge, évoquant le sang, la lutte, la résistance du peuple iranien opprimé.

Un tissu sonore et visuel qui laisse place à "L'espace du dedans" de Alireza Farhang, inspiré des gestes musicaux et poétiques de Henri Michaux, laisse place à la magie de la scène:Paroles et chants enregistrés donnent vie à un opus brisé par le son des sculptures qui éclatent, volent en mille petits bouts de plâtre délivrant des fragrances suaves et nourricières des plats et mets de la cuisine iranienne.
Glaneuse de débris répandus au sol, la danseuse se fait Petit Poucet et trace des chemins de traverses, des balises sonores et visuelles, repères , traces et signes d'une notation chorégraphique rêvée: composition sonore et visuelles magnétique, envoûtante pour le regard et l’ouïe!
 Des voix enregistrées comme un chœur lointain font de ce rituel de reconstitution, de réparation, un symbole de justice, de droiture et d'espoir: recoller les morceaux, les debris des horreurs commises "irréparables".La cérémonie de dépôt des pots de terre comme une messe, un office sacré, traçcant des balises; les percussions comme autant de sons de cailloux semés pour retrouver le chemin qui mène à la réconciliation. Le percussionniste inspiré par la présence de cette magicienne, mage ou druide officiant à cette cérémonie de la terre. Terre manipulée avec respect et considération; les ocres, couleurs sableuses, terre de sienne des carrières comme à Rousillon où l'on marche dans la matière qui se dérobe sous les pieds. Les reliques sacrées des cocons de plâtres démantibulés, mini chortens cabalistiques, petits monticules , cairns votifs plein de charme et de beauté plastique. Les roses des sables d'Hispahan, les beautés de l'Iran menacé par la folie humaine en contrepoint du concert en hommage à ce pays ravagé.
Des vrombissements menaçants en attestent.
Arshia Samsaminia clot ce magnifique et troublant, émouvant concert avec "The bird has been dead for more than 60 years".
Alors que la danseuse se macule de teinture rouge sang, souillant la virginité de son costume blanc, la grande flûte embrassée par l'interprète gracile, se fait acteur du drame. Majestueuse et discrète à la fois, présente et grave. Le souffle des percussions insistent comme dans une marche funèbre, lourde et oppressante., pesante, solennelle L'officiante se coiffe, répétitif mouvement de remise en ordre qui s'accélère, obsessionnelle, rapide, fébrile comme la musique. Morceau vif, relevé: l'ensemble au complet, dirigé par un maitre de cérémonie, Olivier Maurel, efficace et perspicace, à l'écoute de cette musique écrite aujourd'hui par ceux qu'inspire ce pays fabuleux aux fragrances d'antan.
Les saveurs douces et fortes d'un événement aux transports des sens, dessus, dessous !

A l'Espace K le 22 Novembre



vendredi 22 novembre 2019

"Dans ce monde" de Thomas Lebrun :"Le tour du monde": danses -monde ! United colors of dance !


Thomas Lebrun / CCN de Tours
Le plus long voyage : Tout public + 6 ans / 2 interprètes / 40'
Épatant tour du monde entre musiques et danses, le spectacle de Thomas Lebrun incite à s’émerveiller des choses les plus simples. L’humour et la poésie se joignent aux gestes pour raconter ce voyage imaginaire plein de surprises et de rencontres, mais aussi pour apprendre à recevoir des autres. « Tout le monde a besoin d’une trêve poétique pour oser voir le monde autrement, pas uniquement comme on nous l’impose, mais plutôt comme on aimerait le regarder. » explique Thomas Lebrun. Partant de ce constat, le chorégraphe a imaginé une pièce à tiroirs qui décline trois propositions de voyages : les deux premières, avec leur format plus court, sont destinées aux enfants à partir de 4 et 6 ans. 
Dans la troisième qui s’adresse à tous les publics, quatre danseurs invitent les spectateurs à traverser les continents. Ainsi, accompagnant duos et quatuor, paysages et sonorités méconnues se succèdent, tandis que danses et costumes chatoyants suggèrent de miroitantes et lointaines destinations. Mali, Russie, Japon, Cuba ou Argentine font partie des multiples cultures traversées avant de parvenir en Amazonie sur une partition du compositeur américain Philip Glass. Des chants du froid glacial aux voix du désert, des rythmes africains aux sonorités sud-américaines, avec ses danses faussement folkloriques, ses bonds improbables de sensations en émotions, Dans ce monde cultive l’imaginaire et la joie facétieuse du mouvement.    

A Pole Sud du 24 au 26 Novembre