jeudi 15 octobre 2020
mercredi 14 octobre 2020
"Allée der Kosmonauten" : a-pesanteur et décollage du tarmac !
"Un immeuble préfabriqué dans Allee der Kosmonauten, dans une cité de Berlin. Trois générations vivent sous le même toit, autour du canapé qui rythme le quotidien de la famille. Pas de coin à soi, on vit les uns sur les autres, pour le meilleur et pour le pire.
En 1996, trois ans après avoir fondé sa compagnie, Sasha Waltz, chorégraphe aujourd’hui célèbre dans le monde entier, crée Allee der Kosmonauten à partir d’entretiens menés avec les habitants de ces grands ensembles. Ce n’est pas une pièce documentaire qui en est ressortie, mais bien le portrait aussi tendre qu’impitoyable d’une famille : soulignées par la vitesse et la virtuosité du mouvement, les conditions de vie précaires sont poussées jusqu’à l’absurde, avec l’humour d’un Buster Keaton. Par cette chorégraphie pleine de traits d’esprit, portée par un ensemble multiculturel de très haut niveau, ce renouvellement esthétique du théâtre-dansé a déclenché l’enthousiasme. La pièce est une étape essentielle dans le parcours de Sasha Waltz : une raison parmi tant d’autres de jeter un regard nouveau sur les débuts d’une carrière exceptionnelle. "
Cadence mécanique des gestes du labeur, organisés. Puis c'est le bal musette qui reprend et fédère les énergies dispersées: bal de guignette en goguette: on y guiche allégrement et sans modération.Les corps s'y font "plastiques", enluminures graphiques dans l'espace. Et toujours ce mur frontal sur lequel on se heurte, se plaque, s'offre en partage. L'art du duo dominant dans la chorégraphie avec grâce et sensualité.Encore quelques architectures, étagères en construction constantes pour cet "immobilier" mobile, versatile, mouvant comme les corps des habitants. Un appartement cependant presque trop grand au regard du sujet sur l'enfermement, le confinement, l'emprisonnement. Entravés, empêchés dans leurs mouvements les danseurs se dispersent et le rendu faiblit, s'essouffle en reprises
On se souvient de la version vidéo, (avec Elliot Caplan) resserrée, tonique, hallucinante d'audaces concernant la gravité, l'espace: qu'on ne retrouve pas sur ce grand plateau frontal. Quelques pauses photos de famille, sans retouche, une grande lessive en machine à laver le linge en famille et se clôt le chapitre.Le père en Woody Allen remportant le plébiscite de l'incongru, du burlesque, du déjanté.
Au Maillon Wacken du 14 au 17 Octobre
| Elliot Caplan | |
|
Elliot Caplan est producteur, réalisateur de films et de vidéos ainsi que designer pour le théâtre. Il a occupé le poste de cinéaste de la Merce Cunningham Dance Company de 1983 à janvier 1998, collaborant avec Merce Cunningham et John Cage à la production de films et de vidéos. Leur travail a été diffusé par PBS, Bravo, Arts & Entertainment et dans 35 pays. Beach Birds For Camera, film en 35 mm a été montré pour la première fois à L’Opéra Garnier à Paris. Cage/Cunningham, un documentaire sur la collaboration entre Merce Cunningham et John Cage a été présenté par October Films et traduit en six langues et distribué en vidéo. Points in Space, commandé par la BBC Television a été distribué dans plus de 400 bibliothèques aux USA grâce au soutien de la MacArthur Foundation. Changing Steps, filmé au Sundance Institute avec une introduction de Robert Redford a été produit en association avec La Sept et distribué par les Editions à Voir. Caplan a également participé à la conception de décor, notamment avec Bill Irwin. En 1998, Elliot Caplan fonde Picture Start Films pour produire des documentaires sur l’art, et la performance notamment. Les œuvres d’Elliot Caplan en tant que producteur, réalisateur de films et de vidéos ainsi que designer pour le théâtre sont reconnues à l’échelle internationale et font parties des collections du MOMA, de la Cinémathèque Française et de musées à Taiwan, en Allemagne, en Israël et au Brésil. Ses créations vidéo avec des artistes comme Naim June Paik, Merce Cunningham, John Cage et Bruce Baillie ont été récompensées par plus d’une douzaine de récompenses prestigieuses aux Etats-Unis et en Europe. |
mercredi 7 octobre 2020
"Le père" : échec et mat.
Le Père
-
Du 07/10/2020 au 15/10/2020
Stéphanie Chaillou | Julien Gosselin
"Le Père est la version scénique du roman L’Homme incertain de Stéphanie Chaillou. Un homme revient sur ses rêves de jeunesse : acheter une ferme, cultiver la terre, élever du bétail, se marier, avoir des enfants. Ce paysan va se heurter à la transformation profonde du monde qu’il connaît, avec l’application de la politique agricole commune. En 1977, à 30 ans, surendetté, il fait faillite. Quel regard porte-t-il sur son histoire ? Julien Gosselin, habitué à mettre en scène de grandes fresques comme 2666 ou Joueurs, Mao II, Les Noms, livre ici, avec l’acteur Laurent Sauvage, un spectacle intime où le destin d’un homme est bouleversé par un contexte économique qui le dépasse. Face au regard de la société sur ce qu’est un échec ou une réussite, comment se réapproprier sa vie ?"
C'est dans le noir que surgit une voix qui conte la vie d'un homme , amoureux de l'existence , heureux de tout et de rien , qui ose vivre ses rêves...Mais tout s'effondre peu à peu, la torpeur gagne le ton de la voix, la silhouette du comédien apparait peu à peu de ce brouillard obscur. Vrombissement et musique accompagnent ce destin voué à l'échec, ce "fermier" déchu, désemparé, démantibulé comme ses terres confisquées par des huissiers, vautours et rapaces banquiers, hommes d'affaires sans faim de vie. Le "père" de famille qui défaille, dépérit, désolé, méprisé, abandonné. Et quand la scène se soulève avec ses néons lumineux, comme une boite qui s'ouvre, bouche béante et lumineuse, de néons clignotants allumée, c'est le drame de la prise d'otage. Un homme seul sur le carré d'une pelouse de jeu, cerné, traqué, acculé à la défaite: sans but, sans filet sans surface de réparation où rebondir.... Comme dans une serre qui ne sert plus à rien: le jeu du comédien, sa voix sont émouvants, touchants et la simplicité du texte, émis dans la semi-obscurité, concentre l'attention sur le sens d'une vie finie, défunte, désolante...
Stéphanie Chaillou a publié trois ouvrages de poésie aux Éditions Isabelle Sauvage. Son premier roman, L’Homme incertain, a paru en 2015 chez Alma Éditeur. Elle a depuis publié, chez le même éditeur, Alice ou le choix des armes (2016) et, aux Éditions Noir sur Blanc, Le Bruit du monde (2018) et Un jour d’été que rien ne distinguait (2020). Elle est également autrice d’une pièce de théâtre, Ringo, écrite en 2019.





