mercredi 7 octobre 2020

"Le père" : échec et mat.

 


Le Père

Stéphanie Chaillou | Julien Gosselin

© Simon Gosselin

"Le Père est la version scénique du roman L’Homme incertain de Stéphanie Chaillou. Un homme revient sur ses rêves de jeunesse : acheter une ferme, cultiver la terre, élever du bétail, se marier, avoir des enfants. Ce paysan va se heurter à la transformation profonde du monde qu’il connaît, avec l’application de la politique agricole commune. En 1977, à 30 ans, surendetté, il fait faillite. Quel regard porte-t-il sur son histoire ? Julien Gosselin, habitué à mettre en scène de grandes fresques comme 2666 ou Joueurs, Mao II, Les Noms, livre ici, avec l’acteur Laurent Sauvage, un spectacle intime où le destin d’un homme est bouleversé par un contexte économique qui le dépasse. Face au regard de la société sur ce qu’est un échec ou une réussite, comment se réapproprier sa vie ?"

 C'est dans le noir que surgit une voix qui conte la vie d'un homme , amoureux de l'existence , heureux de tout et de rien , qui ose vivre ses rêves...Mais tout s'effondre peu à peu, la torpeur gagne le ton de la voix, la silhouette du comédien apparait peu à peu de ce brouillard obscur. Vrombissement et musique accompagnent ce destin voué à l'échec, ce "fermier" déchu, désemparé, démantibulé comme ses terres confisquées par des huissiers, vautours et rapaces banquiers, hommes d'affaires sans faim de vie. Le "père" de famille qui défaille, dépérit, désolé, méprisé, abandonné. Et quand la scène se soulève avec ses néons lumineux, comme une boite qui s'ouvre, bouche béante et lumineuse, de néons clignotants allumée, c'est le drame de la prise d'otage. Un homme seul sur le carré d'une pelouse de jeu, cerné, traqué, acculé à la défaite: sans but, sans filet sans surface de réparation où rebondir.... Comme dans une serre qui ne sert plus à rien: le jeu du comédien, sa voix sont émouvants, touchants et la simplicité du texte, émis dans la semi-obscurité, concentre l'attention sur le sens d'une vie finie, défunte, désolante...

 

Stéphanie Chaillou a publié trois ouvrages de poésie aux Éditions Isabelle Sauvage. Son premier roman, L’Homme incertain, a paru en 2015 chez Alma Éditeur. Elle a depuis publié, chez le même éditeur, Alice ou le choix des armes (2016) et, aux Éditions Noir sur Blanc, Le Bruit du monde (2018) et Un jour d’été que rien ne distinguait (2020). Elle est également autrice d’une pièce de théâtre, Ringo, écrite en 2019.

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