| danse de la sorcière de mary wigman |
Tambourin à "intégrer dans le corps", corps-raccord, corps-accord avec l'instrument.
L'amuse-danse !
| danse de la sorcière de mary wigman |
Elle
a la mine espiègle et un corps pulpeux. Elle aime en jouer avec facétie
pour défier les tabous, déjouer les codes et les clichés. Cette
tournure malicieuse est à l’œuvre dans Graces. Un spectacle allègrement nourri de « positive attitude » signé Silvia Gribaudi.
Dans Graces, Silvia Gribaudi
est accompagnée de trois complices masculins. Ensemble, ils déclinent
avec humour une autre conception de la beauté à partir des postures
corporelles, des danses, actions et situations iconoclastes qu’ils
explorent. Leurs sources d’inspiration portent aussi bien sur le ballet
que la sculpture antique, le cirque ou la revue : tous arborent un idéal
du corps que la performeuse italienne convoque pour mieux s’en
affranchir. Son apparente naïveté masque une facétieuse intelligence. Et
cette pièce qui incline à la rondeur des formes, célèbre, non sans
aplomb, la sensualité de la chair en miroir aux canons de l’époque
néoclassique. Comme en témoigne l’une des sculptures d’Antonio Canova, Les trois Grâces
(ou Charités) qui ont inspiré le titre du spectacle. Le jeu des
références et des décalages se poursuit avec jubilation jusqu’au climax.
Au cours d’un élan de générosité sans bornes, le groupe entier termine
enfin sa course sur un plateau trempé d’eau, enchaînant glissades,
séquences de voguing, Haka,
Kung fu ou poses de Power Rangers. Cette réjouissante performance qui
marie pertinence et impertinence exulte enfin dans une explosion de
bonheur.
A Pole Sud le 21 er 22 Janvier dans le cadre" l'année commence avec elles"
Le metteur en scène Bruno Meyssat et son équipe se
sont intéressés au choc qu’a été la rencontre entre Aztèques et
Espagnols il y a 500 ans, à l’arrivée des conquistadores. Choc
visuel, culturel, religieux, rencontres faites de fascinations, de
curiosité, d’aversion. L’équipe s’est plongée dans les témoignages
relatant de part et d’autre cet événement, non pour en restituer les
faits dans le cadre d’une pièce documentaire, mais pour tenter d’en
approcher, aujourd’hui, les sensations, les questionnements, l’essence
de ce qu’est une découverte mutuelle d’une telle ampleur − presque
surnaturelle. Qu’exprime finalement de nous cette mise en présence
soudaine de deux manières d’être au monde ?
D’emblée c'est le visuel qui captive et le silence opaque qui intrigue.Un homme dessine sur une surface vierge ,sol délimité, un croquis aztèque à l'aide d'une cafetière qui pleur du blanc et de la farine: puis il efface tout et tout change...Alors que cinq personnages frappent du pied et font en ribambelle le tour du plateau: danse chamanique ou redoute rituelle?Sanction pour rythme dans ce silence où seule une voix off et un texte inscrit qui défile sur le mur font acte de narration. Mais ce sont les corps qui vont l'emporter, langage universel dont on apprécie la précision des gestes, les poses et attitudes, les postures qui se révèlent dignes d'un film "muet". Une ribambelle d'accessoires jonchent le sol, pièces à conviction d'un théâtre d'images et d'objet à la Tanguy, objets d'un rituel savant qui ne cesse d'animer ce spectacle multiforme, intriguant, hors norme...Théâtre du silence, du verve qui se fait rare sur les lèvres de ces personnages grotesques ou neutres: un homme dans une cage, officiant d'un texte off offre une vision très plasticienne des saynètes qui se succèdent au fondu noir Un cheval à grelots qui fait son manège au galop sur fond de très beaux chants ancestraux, des fidèles sur un banc qui se signent face à un officiant ....Le clou de ces évocations hors champs: la description de la mort annoncée de Philippe II conquérant qui agonise dans sa décomposition corporelle: c'est sidérant de cruauté, de trivialité: nu et cru, le texte fait office de narration précise et féroce, toujours très visuelle, truffée de détails, alors que sur scène c'est un sac poubelle qui relie le tout dans lequel s'engouffre Paul Gaillard, nu et cru!De grands et beaux silences animent la pièce, les comédiens bougent et dansent dans une chorégraphie-corps et graphie- surprenante. Mayalen Otondo en prêtresse chamanique mouvante et composant de sa gestuelle, une fresque vivante et plastique à la Rachid Ouramdane..Ils sont à vif et sans concession, divins, idoles ou martyrs, dévots ou princiers...Des sculptures de bois brut ou carbonisé, une chaise suspendue...Autant d'objets qui font sens dans ces visions surréalistes à la Beckett ou Ionesco, mise en scène curieuse, hypnotique pour qui veut bien s'y immerger, le temps de cette fable minutieuse sur l'histoire du Mexique: ses racines, son épopée, odyssée de faits et gestes barbares ou religieux..Un homme assis à une table, scotché pour de bon, rivé à sa table de sacrifice ou de travail: du Jane Fabre quasi !Le côté archaïque faisant foi. Un globe terrestre que l'on cueille du haut d'une échelle du ciel pour globalisation terrestre à l'aide d'une mappemonde lumineuse...Tout les objets s'animent et peuplent la scène, les comédiens au service d'une gestuelle précise et se lovant dans des costumes ou une nudité remarquables. Ce "Biface" étrange, conversation entre icônes et texte, voix et images est une réelle réussite qui fonctionne et plonge dans des abimes historiques inédites. Le propos et la mise en scène de Bruno Meyssat, comme une "conquête" et quête du beau ou du mal: le corps comme page blanche ou fer de lance d'une lecture de chair et de mouvement dansé, indescriptible. Inouïe et saisissante reconstitution en artefact d'un pan de l'histoire du Mexique...
Bruno Meyssat, metteur en scène et fondateur de la compagnie Théâtres du Shaman en 1981, est ce qu’on appelle un « écrivain de plateau ». Après un long travail de documentation qu’il mène avec toute son équipe, ils plongent ensemble dans une recherche alliant le texte, le mouvement, le son, le pouvoir d’évocation des objets. Au TNS, il a présenté Observer en 2009 et 20 mSv en 2019.
Au TNS jusqu'au 3 Février