samedi 7 octobre 2023

"le temps de l'amour" : Dutronc et Hardy : un couple inclassable...Hardiesse et Jacquerie de conserve!

 


« Le Temps de l’Amour »
d’après l’œuvre de Jacques Dutronc & Françoise Hardy

Création de théâtre musical

Avec Christophe Feltz (jeu) et Clémentine Duguet (chant) 


"Vaduz" : lecture performative! Autour de Vaduz...Il y a.....de la poésie sonore ! Et un millefeuille phonolitique...

 


C'est en 1974 que Bernard Heidsieck, l'un des plus grands poètes du XXème siècle, publie Vaduz, une pièce de poésie sonore.

Dans ce texte, l'auteur fait de Vaduz, ce maxi-village, capitale de ce mini-territoire situé au centre de l'Europe, le Lichtenstein, l'un, sans doute, des plus petits pays au monde, le centre même de notre globe.
Hélène Schwaller et Jean-Mathieu Collard vous offriront une lecture performative de cette pièce dans laquelle résonnera, de façon spectaculaire, l'unique dans la diversité : à la fois une grande œuvre humaniste, et une expérience extrême de la poésie-action.
 


T'as voulu voir Vaduz et t'as entendu des strates de schiste comme de la pierre phonolite, résonner au son des mots, du catalogue exhaustif des noms des peuplades du monde entier...C'est un millefeuille qui se délite, se déchire, catapulte les sonorités, renverse le rythme de la déclamation...Ils sont costauds nos deux récitants-conteurs-comédiens-musiciens: elle, c'est Hélène Schwaller qui bat de la mesure de ses deux mains pour mieux scander en rythme les cadences de la poésie fantasque de Heidsieck. Éloquence, rapidité, vitesse, célérité d'une lecture-démonstration virtuose... Lui, c'est Jean Mathieu Collard à la réplique. Chacun derrière son pupitre, debout, à l'aise malgré la tension physique et rythmique imposée par le débit des mots, des appellations de toutes sortes de peuplades. Il est aussi l'auteur des photographies qui défilent comme autant d'accumulations de lignes, points, plans, objets rassemblés au hasard des sculptures ainsi trouvées. Des images qui collent par leur dynamique aux scansions du texte. C'est drôle, surprenant, agaçant en diable et ça dure le temps d'épuiser toutes leurs forces et notre capacité à enregistrer ce flot continu de sons et de surprises. Tout se catapulte, enfle en orgasme rythmique étourdissant, les lauzes du texte s'enchevêtrent, s'arqueboutent et la langue va bon train dans ce gosier sonore rabelaisien. Tout passe à la casserole, à la moulinette surabondante du flux énumératif des noms de peuplade qui peu à peu se transforment en "émigrés", migrants et autres déplacés: une ethnographie savante inépuisable qui au final s'essouffle et s'éteint pour un calme apparent. Accalmie d'une tectonique minérale voisine des phénomènes sismiques défaillants. Les couches sonres se succèdent, se doublent, se superposent à l'envi, s'emboitent et se choquent comme un glossaire inépuisable et sociologique: un cours magistral à deux voix alors qu'à l'origine l'artiste double une bande enregistrée. De la haute voltige pour ce voyage à Vaduz, territoire dérisoire mais terrain d'expérimentation sonore draconien. Nos deux performeurs au diapason, de concert pour un événement digne de l'auteur de cette diatribe musicale de très bon aloi. Une litanie cérémoniale et dominicale très spirituelle, rituel pas catholique d'un sermon, homélie païenne ou prêche iconoclaste.La mécanique s'emballe et Vaduz devient le nombril incontournable d'un manège sonore sempiternel, enivrant: les deux interprètes comme des machines textuelles bien remontées au quart de poil, au cordeau. Une mécanique infernale au service d'une musicalité de toute incongruité. Déferlante avalanche de cailloux projetés dans le vide. Ça résonne au micro, en écho, en ricochet acoustique pour effet chaotique garanti.
 Monocorde, monotone prestation hypnotique à vous couper le souffle...
 
Dans le cadre de l'exposition de Jean Mathieu Collard  "Order/ Disorder"
A la Galerie la Pierre Large . 
 
Filage de Vaduz avec un duo d'interprètes Hélène Schwaller Jean Mathieu Collard

vendredi 6 octobre 2023

" Mothers. A Song for Wartime Marta Górnicka": madre mia! Révolution de palais pour des figures de proue dans la tempête..

 


Partout autour de nous, aux portes de l’Europe ou loin de ses frontières, le fracas incessant des armes recouvre les voix des victimes, des réfugié·e·s, des persécuté·e·s. À ce vacarme que nous peinons pourtant à entendre, la metteuse en scène polonaise Marta Górnicka oppose le chant puissant du chœur. Mothers. A Song for Wartime
est une réaction directe à la guerre. 25 mères ukrainiennes, biélorusses et polonaises font entendre leur voix, une énergie vitale qui s’oppose farouchement aux forces de la destruction. Une voix qui fait écho au chœur antique, mais emprunte aussi à la lointaine tradition des chtchedrivky, ces chansons populaires venues d’Ukraine que l’on chante aux enfants pour célébrer la nouvelle année. Ces femmes les nourrissent de ce qu’elles ont traversé, elles font résonner un langage nouveau, à la fois immémoriel et profondément contemporain. Lorsque les musiques et les sons traditionnels rencontrent les revendications politiques du présent, la scène redevient l’espace d’une communauté, non pas fondée sur une idéologie partagée, mais sur l’écoute sensible de l’expérience de l’Autre.

Un groupe compact de femmes, plutôt jeunes nous attend déjà sur le plateau, sorte d'estrade-ring tout gris...Vêtues de costumes banalisés de la vie quotidienne: jupes, legging  et autres tenues passe-partout plutôt sombres. Elles sont en guerre ces amazones de la paix...C'est une fillette gracile qui introduit cette marche qui ira de l"avant ou à reculons, une petite heure durant. Mise en scène de circulations, déplacements d'un choeur qui chante ou hurle son désarroi, sa frustration, sa colère: des mères qui ne veulent plus attendre leurs fils. Retour de guerre improbable. Un choeur féminin comme un groupe de manifestantes aux revendications de slogans. Mais très cadencés, musicaux, comme autant de cris d'oiseaux, de corneilles en envolées hitchcockiennes. Murmurations d'une population dont les gorges, les langues ne sont pas de bois et lancent des salves de mots, de phrases répétées à l'envi. Des textes défilent sur l'écran de fond comme autant de manifestes à décrypter dans l'urgence: en bataille, en ordre rangé de lecture édifiante. Elles avancent ou reculent en chorus, en danse chorale à la Rudolf von Laban. Rythme, poids et forces directionnelles en poupe. Elles se font guerrières, porteuses de colère et d'espoir, mutines en trois groupe pour évoquer la sacro-sainte Europe. Sit-ing sauvage sur plateau effervescent ! Belle ironie et caricature de la politique internationale. De l'humour pour ces vingt pionnières frondeuses qui osent s'insurger, se "soulever" à la Didi Huberman: révolution de voiles de palais, de diaphragme, de poumons qui pulsent et s'emballent pour ces vociférations, ces berceuses infernales, scandées comme pour ne jamais s'endormir. Des diagonales savantes, des déroulés de corps, des alignements quasi militaires, des marches et démarches résolues, solides et teintées de violence retenue. Ou exprimée par le son. Un choeur pour évoquer l'amour, les bras noués, reliés comme un collier de perles enfilées. Et chacune de se présenter par son prénom, ses désirs, ses envies, sa biographie. C'est émouvant, renversant, loin d'un récital de chants traditionnels. Et au final ces femmes rebelles en rut, en proie à leurs convictions et combat quotidien forment une architecture tectonique de barricade. Ces "pétroleuses" d'aujourd'hui nous racontent leur histoire avec une interprétation nue et crue comme un chorus-line très politique. Au sens de cette polis, agora du débat, de la rencontre, de la parole qui se livre.Une cité-État, c'est-à-dire une communauté de citoyens libres et autonomes, le corps social lui-même, l'expression de la conscience collective des Grecs. Et se délivrent des tonalités murmurées comme à la messe ou dans les carmina burana,ces poèmes, cantates scéniques polyphoniques. On avance en chantant et on gagne du terrain en combattant avec d'autres armes. Les armes de la douleur, de l'énergie, du courage et de la volonté féroce et pugnace de regagner la rive. Le choeur battant en bandoulière, les poings serrés, les bouches ouvertes comme des dégorgeoirs à farine où à jus de la vigne."Dégorgeoir" de moulin. vomisseur de son orné de mimiques expressives ... Leur rôle était d'effrayer les esprits malfaisants qui auraient pu arriver jusqu'à la farine et la contaminer.

Au Maillon jusqu'au 6 OCTOBRE