dimanche 12 mai 2024

zvardon: portraits peints pigmentés: zurma dévisagé !


 Pigmentés

Masques de parade haut en couleurs, en pointillés comme des touches de peinture énigmatiques sur les façades des maisons alsaciennes pour les dé-ensorceler..Tout se rejoint aux delà des continents

Comédia del'arte africaine où la bouche béante devient tutu à plateau posé sur de la peau fardée: plumes, bijoux, voiles et péplums dissimulant corps et regards tranquilles, apaisés sous l'oeil du photo-graphe inspiré. Des attitudes de Buto pour une femme traquée, les avant-bras collés au corps.

Traces, sillons serpentent sur les tissus corporels, dessins, calligraphies de signes labyrinthiques et mystérieux. A décrypter au chevet de la terre, mère nourricière. Un torse vêtu de blanc, couleur de chaux, des chevelures en casque, en nid de brindilles pour oiseau de proie. Des spirales au front et volutes en cercle, escargot tissé pour parade nuptiale. Et pour le festin des merveilles, des lèvres écartelées comme des tranches de miroir aux alouettes mouchetées. Flûte de Pan débordant des lèvres, jarre sur le chef comme pour prolonger les têtes hautes en posture royale et digne: noblesse oblige...Se délivrer des magies et autres tours de passe-passe frontières en admirant la quiétude d'un visage de femme, de trois-quarts, penchée, rêveuse: tel un Brancusi somnolant de toute sa tête d'or endormie. Un oisillon dans les mains, couche douillette et maternelle. Et pour clore cette galerie de corps en fête, des jambières striées de blanc comme des plantations protégées: chaussettes à son pied!

Un torse-buste dénudé, voluptueux, parsemé de petits pois de senteurs virginales: blanc ponctué et petites notes d'une musique dissimulée sous les langues qui se taisent. Les portraits d'enfant plumés à la coloquinte vide ou à la lyre. Tête de mort, emblème d'exo-squelette bien vivant, le regard confiant sous son maquillage savant. Le dessin comme palette de couleurs oscillant entre béatitude et don de soi. Devant et si proche de celui qui dialogue sans mots devant tant de noblesse.


mercredi 8 mai 2024

"Remembering Woodstock" Étudiant·e·s de la licence Musiques actuelles à l'Université de Strasbourg: psychédélic story!

 


Remontons tous ensemble dans le temps, en 1969, lorsque le festival Woodstock entre dans la légende ! Rendre hommage à cet évènement emblématique de la culture hippie, c'est le challenge que se sont lancés les étudiant·e·s de la faculté de musicologie de Strasbourg !Vivez un hommage immersif mêlant des images d'archives à un corpus de musiques cultes. Laissez-vous tenter par les solos de Jimi Hendrix et Santana, le rock’n’roll des Who, Joan Baez, la voix bluesy de Janis Joplin…Prêts pour ce voyage spectaculaire ? Alors direction Woodstock !

Ils ont le feu sacré ces jeunes étudiants en bonne voie de professionnalisation..Bonne voix, punch, détermination et pêche d'enfer pour cette "troupe" jolie meute affolée qui convoque des "figures légendaires" de la musique ce soir là à la Pokop! Une invitation pour cette génération à revisiter les tubes et autres canons des années 1960, une époque utopique, légère, facile, débonnaire. Loin des préoccupations d'aujourd'hui qui sont loin d'être au beau fixe...Feux de la rampe allumés pour cette bande de foutraques très professionnels qui habitent le plateau deux heures durant. Pas de "moulés à la louche" comme autrefois, ni de conformité d'antan mais des vraies revisitations des oeuvres d'époque. Adaptées, remises en voix et en forme, alternées selon auteurs, chanteurs ou thématiques. On rencontre avec délice Joan Baez et ses mélodies poétiques et divines aux côtés des électriques Who.  Et on fait des passerelles acrobatiques et vertigineuses entre les paysages électrisés de Jimi Hendrix, entre Santana et Janis Joplin. Histoire de se balader sans entrave dans un monde musical foisonnant, audacieux, décoiffant. Tous prennent la scène en costumes variables selon les inspirations et influences country,  psychédéliques ou électriques. Guitares au poing, batterie en folie, frappes et voix audacieuses dans de beaux aigus ou rage déferlante. La jeunesse comme bouclier, levé comme une révolution douce mais quelque part enragée par l'actualité.Sans soucis de la bienséance mais avec toute la responsabilité de restituer aux anciens comme aux néophytes, la richesse de cette génération musicale de légende. Habitée par un territoire utopiste. Ce "Woodstock" est bien de mise et tombe à pic pour valoriser un patrimoine encore neuf et original qui inspire en diable une belle frange de jeunes et talentueux musiciens en herbe! Une soirée inoubliable de Peace, Love and Music ! Et après Prince et Queen, cette année les étudiant.e.s de la licence Musiques Actuelles de l'Université de Strasbourg remontent dans le temps en reprenant les artistes les plus iconiques du plus iconique des festivals, Woodstock !!!

Warning : présence de grosses distos de guitare, d'harmonies vocales, de tambourins, de bandanas, et surtout de plein de peace & love !!!

Peut être une représentation artistique de 1 personne

Les étudiant·e·s du parcours Musiques actuelles de l’Université de Strasbourg rendent hommage à la première (la plus mythique !) édition du festival de Woodstock, celle de 1969, rendue célèbre par les performances iconiques d’artistes tels que Jimi Hendrix, Janis Joplin, Santana, Crosby Stills & Nash, The Who…Dans le cadre d’un cours de la durée de deux semestres, ces étudiant·e·s découvrent les enjeux de ce répertoire, s’imprègnent de la culture qui l’a produit, et se confrontent aux enjeux artistiques, techniques et organisationnels liés à la création d’un spectacle de niveau professionnel, sous la coordination de leur enseignant.Remembering Woodstock est l’occasion de redécouvrir les différentes facettes d’un moment emblématique dans l’histoire de la musique (et de la culture) du XXème siècle. Un moment où le rock, qui est encore jeune, abandonne la naïveté de l’adolescence, où les revendications sociales et politiques de la folk protestataire rencontrent la fierté assumée des artistes afro-américain·e·s et les utopies du mouvement hippie. 

A le Pokop le 7 MAI 

Jeu : Paul ABLANCOURT, Théodore BARTHEL, Hedi BOURAOUI, Lafcadio CALMEIL, Sarah CHABAUD, Leo COUSSY, Nina DIETSCH, Adèle FILIP, Loris GOICHOT, Ianis GOSSELIN, Ayako HASE, Math HINSCHBERGER, Thomas KIEFFER, Ladislas LE BER, Lucie MARTINIE, Clémence MECHLER, Athénaïs MICHEL-THÉVENARD, Tristan MICHELI, Anatole MILANESE, Victoria MIRKOVIC, Ece NALBANTOGLU, Colette PAUTRAT, Audrey PAYET, Maxime PEREIRA, Carla ROSOCHACKI, Raphaëlle TADIELLO, Louise THUET, Loane VERNET
Son et régie : Nathanaël FALQUE-VERT, Bagher GOONEH FARAHANI, Rayan MOULAY-RÉTHORÉ, Nika NAKOPIA
Coordination, communication : Lucie MARTINIE, Robin MEYER, Jacopo COSTA
Création vidéo : Enzo AIGUILLE
Affiche : Loane VERNET

mercredi 1 mai 2024

"Guercoeur": emporté par la foule.....Le choeur guerrier pour ou contre le tyran de la temporalité.


Guercœur

Albéric Magnard


Nouvelle production de l’OnR.


Opéra en trois actes.
Livret du compositeur.
Créé le 23 avril 1931 à l’Opéra de Paris.


Dans le cadre du festival Arsmondo Utopie

 


Dans l’au-delà éthéré, temps et espace sont abolis. Les ombres, délivrées de leurs soucis terrestres, célèbrent la grandeur de la déesse Vérité. Nimbée de sa gloire éternelle, elle trône, triomphante, entourée de Beauté et Bonté ; à ses pieds gît Souffrance dans son manteau de sang. Au milieu de ce chœur de louanges s’élève une plainte discordante : « Vivre ! Qui me rendra l’ivresse de vivre ? » C’est celle de Guercœur, mort dans la fleur de l’âge après avoir trouvé l’amour auprès de Giselle et libéré son peuple d’un tyran aux côtés de son ami Heurtal. Incapable de trouver le repos, Guercœur implore qu’on lui rende son enveloppe charnelle. Vérité le met en garde : deux années se sont déjà écoulées sur cette terre où rien ne dure. Sa chute hors du Paradis pourrait être brutale… 

C'est un destin incroyable, une fable lyrique originale et flamboyante, un récit chanté et incarné par des artistes irréprochables: "Guercoeur", c'est un bijou musical renforcé par le rôle primordial du choeur: cet ensemble compact de voix, cette masse sonore si subtile et si engageante vis-à-vis de la narration. C'est lui qui démarre l'oeuvre après une ouverture prometteuse. Dissimulé derrière le décor ou dans le foyer pour mieux ensuite investir le plateau: une foule qui tient la scène et la parcourt de postures, attitudes et déplacements dignes d'une Pina Bausch. Des chaises comme simples supports corporels pour le jeu des chanteurs. Un "Cafe Muller" qui s'ignore tant la présence de ces objets à quatre pieds et dossiers de fortune occupent l'espace. En rang serré comme pour un ordre strict et dictatorial, ou en désordre disséminées sur la scène pour semer le chaos de la révolte. Guercoeur est une œuvre politique et engagée où les personnages très bien campés évoquent chacun caractère et intrigues. Un homme en est le coeur, charismatique chef de file d'une société familiale complexe où les amours sont alliances et vérité. La "vérité" incarnée par Catherine Hunold, solide voix chaleureuse et puissante. Mère et gardienne des valeurs filiales, tendre et attentionnée porte parole de la "vérité" que l'on ne saurait cacher. Lui, Stéphane Degout, exceptionnel ténor à la large tessiture, au don de la diction comme nul autre. A travers ses paroles, son jeu magistral de tyran mort ou vif rescapé des temps qui traverse un monde utopique où renaitre serait possible.. Il est poignant et crédible au point de vous ravir la raison et vous entrainer dans un rêve idéalisé d'immortalité. Giselle, Antoinette Dennefeld, brillante et sensuelle soprano envoutante est l'amante adorée de Heurtal, le successeur du Grand Maitre des destins, ce gourou adulé mais aussi renversé par la foule versatile. Heurtal lui aussi interprété par Julien Henric passionnant personnage aux intonations subtiles d'une voix pénétrante, timbrée aux résonances et fréquences parfaites. C'est dire si face à ces clefs de voûte, le choeur doit être vivant, solide: son rôle enveloppant la narration est primordial: foule compacte ou divisée par des choix politiques, cet ensemble se meut dans l'espace, mis en scène et dirigé de main de maitre par Christof Loy. Quasi chorégraphe éclairé d'une direction d'acteurs sobre et dépouillée, efficace et très lisible. Sobre ébriété d'une musicalité hors pair qui glisse vers le cantique ou les accents de messe ou requiem. Masse sonore égrenée de soli en son sein. Puissance du nombre et du groupe en costumes banalisés citadins d'aujourd'hui. Un ensemble digne de plus grand intérêt, sujet et objet d'émotions, de révoltes, de résignation ou de réconciliations. Marée humaine en flux versatile, assemblée dans une agora vocale resplendissante et très présente. Loin d'une décoration ou d'un caricatural rituel d'accompagnement d'opéra classique. Une fonction assumée par le Choeur de l'Opéra du Rhin exemplaire. Force et "occupation" du plateau en toute légitimité dramatique. Quant au décor on y retrouve la magie de la scène tournante qui oscille et renverse les coeurs battants. Révèle comme les pans de frontières blanc, un paysage romantique, un mur vierge et des éclairages de toute beauté. Johannes Leiacker et Olaf Winter pour maitres d'oeuvre. Les chaises, mobiliers qui s'éparpille, se range à l'envi sans que l'on y prenne garde. Comme des ombres portées de corps figés, raides inflexibles. Alors que cette humaine assemblée vouée aux charmes de la postérité et de l'éternité se meut savamment orchestrée par Ingo Metzmacher, chef d'orchestre attentif et en phase avec cette musique impulsive et domptée de Albéric Magnard. Le public ovationne les artistes dans une communion digne de ces plus de trois heures et trois actes passés en leur divine compagnie. Une réussite sans précédent dans la sphère des opéras méconnus, ignorés ou ressuscités comme ce "Guercoeur" de toute beauté.

A l'Opéra du Rhin jusqu'au 7 Mai


Compositeur engagé, féministe et dreyfusard, Albéric Magnard (1865-1914) est comme son personnage : un héros mort pour la liberté de son pays. En septembre 1914, il est tué en tentant de repousser seul des soldats allemands qui brûlent sa maison en représailles. Une grande partie de ses manuscrits inédits sont détruits, dont celui de
Guercœur qui sera par la suite miraculeusement reconstitué. Après un long séjour au purgatoire des chefs-d’œuvre oubliés, cet opéra fascinant, dont la partition prodigieuse contient des fulgurances post wagnériennes transfigurées par les couleurs de la musique française, revit sur une scène lyrique française pour la première fois depuis sa création en 1931, grâce à Ingo Metzmacher, Christof Loy et Stéphane Degout.

Direction musicale Ingo Metzmacher à Strasbourg, Anthony Fournier à Mulhouse Mise en scène Christof Loy Décors Johannes Leiacker Costumes Ursula Renzenbrink Lumières Olaf Winter Chef de Chœur de l’Opéra national du Rhin Hendrik Haas 

Guercœur Stéphane Degout Vérité Catherine Hunold Giselle Antoinette Dennefeld Heurtal Julien Henric Bonté Eugénie Joneau Beauté Gabrielle Philiponet Souffrance Adriana Bignagni Lesca L’Ombre d’une femme Marie Lenormand L’Ombre d’une vierge Alysia Hanshaw L’Ombre d’un poète Glen Cunningham