lundi 20 mai 2024

"Malaka"; touffues, crêpues, décoiffantes et tendres voix de femmes : Laurina et Sacha vont en bateau....

 


Deux grains de voix distincts, des mélodies acoustiques à la guitare et aux percussions et un mélange subtil de français, d’anglais et de créole. Laurina et Sacha, les deux sœurs de Malaka, invitent à apprécier la simplicité et la richesse d’une musique porteuse de messages à la frontière du folk et de la soul. Leurs voix puissantes et profondes fusionnent, se répondent et s’entremêlent, créant une atmosphère envoûtante.Les deux sœurs questionnent leurs racines, abordent l’urgence climatique et parlent de confiance en soi. Une musique épurée qui laisse le cœur léger et enchantera le club pour un concert ouaté hors du temps.

Sur la scène, face au public nombreux venu en soirée au festival "perspectives" au "Club" nocturne pour noctambules chevronnés dans un "troisième lieu" étrange, les voici galvanisées par leur verve, enthousiasme et une pêche d'enfer.Une poésie tendre de paroles en français, en anglais dans une diction exacte et précise. Tantôt l'une, tantôt l'autre, faite lune pour l'autre, dans un duo complice, une osmose qui se répond, dialogue, laisse à l'autre l'espace pour cette gémellité incroyablement libre et prospère. C'est un ravissement que de participer à ce concert généreux aux nombre de rappels et bis incalculables. On ne peut les quitter tant ce qui passe et simple, humain, musical et charmeur. Une batterie de choc non envahissante, bordant et relevant leur prestation unique et magnétique. De surcroit, belles et solaires, auréolées de chevelures denses et ondulantes, hirsute et masse compact où il ferait bien "mettre ses mains" pour capter l'énergie et le fougue attendrie de leurs émois musicaux. De l'émotion qui décale, déplace, emporte et fait voyager hors des frontières les esprits et imaginaires de chacun. Modestes figures de la Soul et du Folk, voici un tandem, une paire de jumelles pour mieux scruter et déguster les fragrances, les couleurs et les son métissés des musiques d'aujourd'hui. Sur des continents inconnus, sur des portées de notes qui transportent et euphorisent tout un chacun.

Au festival "perspectives" à Saarbruck le 19 Mai au "Club".

Nées en Guadeloupe, Laurina et Sacha Moïsa ont quitté l’île à l’âge de 2 et 4 ans et ont grandi à Clermont-Ferrand. Durant le confinement, elles s’associent et font naître le duo Malaka avec le désir de se rapprocher de leurs origines, tout en s’emparant de sujets actuels de société. Elles puisent leur inspiration musicale dans des sources variées et hétéroclites comme Laylow, Joy Crooks, Little Simz ou encore Ren. Maï, leur premier EP est sorti en février 2024.



"Star Show": sur la paillasse du cosmonaute, la magie astronomique

 


Les objets s’animent et partent à la conquête de l’espace ! Tubes, boîtes de conserve, figurine, mégaphone et ventouse participent à une nouvelle mission de la NASA. Seul en scène, Alan Floc’h nous transporte dans un univers plein d’humour et à l’imagination débridée.
Après la frousse procurée en 2022 par La Caravane de l’horreur, la Compagnie Bakélite revient à PERSPECTIVES pour nous faire vivre le grand frisson de l’exploration spatiale. Originaire de Rennes, la compagnie est connue pour l’originalité et l’inventivité de ses créations de théâtre d’objets : des formes courtes sans paroles qui tournent dans le monde entier.Dans Star Show, qui se produira pour la première fois en Allemagne, des bibelots du quotidien deviennent acteurs à part entière d’un voyage dans le cosmos. La Compagnie Bakélite manie à la perfection l’art de modeler l’immensément grand à l’aide du tout petit. Dans ce théâtre de bidouilles, la galaxie tient sur deux mètres carrés, des éclats de faïences deviennent de dangereux débris spatiaux et le public a la tête dans les étoiles.Une aventure lunaire et co(s)mique qui fera décoller toute la famille vers l’infini et au-delà !

Un petit théâtre, une petite salle, une petite jauge pour un "grand spectacle" ! Un espace très réduit comme un cube monté en structure ouvragée, pour espace de jeu. Le voici assis aux commandes d'une navette spatiale ou d'une base expérimentation astrale. Il est tout de blanc vêtu, nickel, sans tache ni ombre, blanc clinique, propre et net. Le visage figé, une capuche sur la tête comme seule protection. Manipulateur d'une miniature de son personnage, petit bonhomme en réduction qu'il tente de faire voler, gicler, rebondir ou jaillir. De petites boites de conserve, ce savant fou, sorte de magicien d'Oz fait ses expériences, tâtonne, essaye, gagne ou réussit sans jamais succomber ni se  désespérer. Il remet l'ouvrage sans cesse sur sa paillasse de chimiste, de carrés carrelages blancs lisses. C'est drôle, décalé, étonnant et charmant. Un côté naïf à la Boris Vian dans sa chanson "la java des bombes atomiques": "j ' y retourne immédiatement".....Alors la magie opère et l'on est sous le charme d'un prestidigitateur-amuseur de bon aloi. De fil en aiguilles on franchit les limites du possible et de l'infiniment petit pour atteindre les étoiles... Les sons et les bruits comme portés par un mégaphone magique. Sorte de trompe, de haut parleur fantaisiste qui aurait le dernier mot! Et quand notre homme enfle, se gonfle, s'est pour échapper aux lois de la pesanteur, au ralenti comme le premier homme marchant sur la lune. En sus, le visage déformé par le cadran de son casque comme un ordinateur d'antan.Un rêve éveillé de gamin en quête de merveilleux. Alan Floc'h aux commandes de ce vaisseau de pacotille qui décolle et enchante petits et grands.

Au Theater am Kastnerplatz à Saarbrucken dans le cadre du festival "Perspectives"

"Armour": verges folles et autres extensions du domaine du cirque...La danse des orifices.

 


ARMOUR est un threesome de portés acrobatiques qui explore les questions liées aux masculinités. Arno Ferrera, Gilles Polet et Charlie Hession se confrontent aux aspects toxiques de la virilité et donnent corps à leur désir en proposant une nouvelle perspective sur ces notions. Le trio déconstruit les mécanismes de (sur)protection qui entravent les relations humaines dans un engagement acrobatique intense basé sur l’écoute et la confiance.
Vêtus de protections de sport, les trois interprètes revisitent les portés pour mieux se rapprocher et ouvrir un espace d’intimité et de vulnérabilité. Se libérant peu à peu de ces carapaces viriles, ils laissent place à la tendresse en écho à la phrase de bell hooks « Pour connaître l'amour, il faut que les hommes soient capables de renoncer à la volonté de dominer. »Une performance physique emplie de douceur, d’érotisme et d’autodérision.

C'est au sein de l'église Saint Jacob à Sarrebruck que va se dérouler un opus pas très catholique sur une piste à six côtés, arène sur laquelle se focalise le public encerclant les artistes protagonistes de cet événement sans précédent. Trois sportifs vêtus de tenue colorées seyantes, moulantes à souhait s'adonnent à une sorte de boxe revisitée, un kung-fu irrésistible bordé de touches de judo ou autres sources gestuelles et rituelles d'arts martiaux. Drôle et curieux duo, relayé par la venue d'un troisième athlète, jovial, concentré. Ils s'adonnent à des exercices fabuleux impliquant poids, appuis, force, esquives et autres lois de combat singulier. Les répliques sont offensives, justes, très visuelles, quasi ludiques.Les trois hommes complices, compères d'un show extravagant, plein d'humour et de verve, de plaisir et de malice partagés. Des portés en position de chainette, des attitudes qui tissent un canevas dramaturgique très bien construit, évoluant peu à peu vers le risque, le danger.i Des carapaces de hockey sur glace ou de CRS comme parure d'insecte protégé, calfeutrés dans leur apparat de combat viril très "genré". C'est dans une séquence très "osée" qu'ils excellent. Un jeu sur les pénis de chacun dissimulés dans leur slip-poche kangourou comme un tiré-poussé très acrobatique. Verges en extension comme des membres à part entière dans leur coque souple. Comme à tire-pénis à tire-larigot, attire le haricot. Audace, risque de débandade ou de bande à part pour ce trio virtuose qui n'a de cesse d'inventer, de rebondir , de faire "boule" ou bête à deux ou trois dos pour esquisser peu à peu tendresse et douceur en contrepartie de l'esprit de réussite et de concurrence des mâles entre eux. La "main dans la culotte" pour mieux s'étirer, de cambrer, se donner en offrande corporelle et amoureuse. Pétomanes de choc à la Joseph Pujol ils font souffler un vent du folie avec leurs empreintes corporelles sonores.Et très "animal" ils se reniflent et écoutent les sons des orifices de la danse avec humour et délectation. Du Roland Huesca pour de vrai comme incarnation de son ouvrage éponyme! "La danse des orifices".Du joli travail circassien autant que de danseurs dans deux séquences en trio débonnaire quasi trad et un numéro à capella, à l'unisson très convaincant. Les corps performeurs autant que charmeurs, les visages réjouis et aimables, les postures de barbus hommes en liesse pour le bonheur du public les entrainant et encourageant sans fausse honte à aller jusqu'au bout de leur propos. De belles "armures" chevaleresques et picaresques pour des amours de tous genres. On se régale et on réfléchit sur l'humaine condition, le corps en bataille jeté dans l'arène. Hommes qui courent avec les loups" emportés par des "portées" musicales et du souffle, du toupet, euphoriques, transport en commun immodérés.


Arno Ferrera est de retour à Sarrebruck et un habitué du festival après deux spectacles produits par la Compagnie Un Loup pour l’Homme présentés à PERSPECTIVES : Rare Birds en 2017 et Cuir en 2021, où il partageait déjà la scène avec Gilles Pollet dans un corps-à-corps puissant. Coproduction PERSPECTIVES, ARMOUR a été créé en avril 2024 et sera jouée pour la première fois en Allemagne dans le cadre du festival.

Le 20 MAI au festival "perspectives"