lundi 1 septembre 2025

"Heriter des brumes":la saga Pottecher fait sa série :la sagrada familia explose!

 


« Allez donc ! Vivez, entreprenez, affirmez ! Trompez-vous quelquefois, soyez hardis, présomptueux, injustes même pour vos devanciers. L’essentiel n’est-il pas de croire qu’on peut bien faire quand on veut faire bien ? »
Maurice Pottecher, Paroles d'un père

Hériter des brumes, c’est l’histoire d’une troupe de théâtre, composée d’acteurices et d’auteurices d’aujourd’hui, qui tentent de reconstituer l’aventure du Théâtre du Peuple, cent trente ans après sa création. C’est un feuilleton théâtral, en six épisodes. C’est une quête pour essayer de comprendre ce qu’est une utopie et ce que peut l’utopie, pour nous, aujourd’hui. Il y a dedans beaucoup d’amitiés et de passions, des fantômes, deux guerres mondiales, le village de Bussang, des histoires d’amour, des histoires de famille, d’innombrables crises, d’innombrables réconciliations, des arbres, des paysages... et des spectacles, beaucoup de spectacles.

Le texte, né de la commande de Julie Delille, sera joué par huit acteurices, dans une distribution mêlant professionnel·les et amateurices. Comme un point de rencontre, de réunion, entre l’héritage et le présent. Il s’agira d’une expérience que nous espérons aussi singulière que ce lieu qui nous accueille : un théâtre qui ne cherche pas à mettre son paysage au-dehors, à en faire un décor mais qui se mêle à lui, qui retrouve sa place : un élément du grand tout. Pour que des frissons anciens se mêlent aux énergies nouvelles, il ne nous reste qu’à jubiler ensemble !

Comment conter l'épopée du théâtre du peuple sans lasser,sans omettre tous les tenants et aboutissants d 'une aventure théâtrale unique et resplendissante? En six épisodes rocambolesques et tonitruants signés des deux artistes associés à la nouvelle équipe fédérée autour de Julie Delille,Alix Fournier-Pittaluga et Paul Francesconi.Pari audacieux et tenu pour un voyage dans le temps et les multiples aspects d'un esprit,d'une direction artistique entre tradition et modernité, répertoire et créations.Un travail titanesque et gigantesque servi par une mise en espace des plus sobre et dépouillée signée Julie,la maîtresse des lieux de cette renouée bucolique.Ancestrale et contemporaine à souhait. Héritage, passation raisonnée de toute la vie d'un peuple campagnard et ouvrier dédiée à l'art du théâtre vivant amateur.Les deux derniers épisodes de cette série à rebondissements évoquent des chapitres délicats :ceux de la mue ou mutation du projet du couple fondateur et légendaire des Pottecher et de la suite débridée des multiples directions artistiques de ce lieu mythique..Servie par huit comédiens hors pair dont Axel Godard qui excelle dans les modulations de rôle surtout celui de Pierre Richard Willm .Une audace corporelle incroyable teintée de délicatesse et de nostalgie surprenante.Son évanouissement spectral par dessus la forêt est un morceau de bravoure sans égal.Disparition d 'un personnage phare qui savoure son impact..Un acteur est né, plein de charme, de conviction, incarnant un tout vieil homme déçu, désemparé, autant qu'un fringuant metteur en scène ambitieux et volage...Le visage éclairé par une mèche de cheveux en boucle, le corps empreint de sensations et d'une sensibilité dansante médusante.

Sans parler de ses compères, professionnels ou pas, la différence est invisible, tous investis par ce projet fou et passionnant. Antoine Sastre en passeur révolté, magnifique personnage que ce Tibor désenchanté!On songe à revoir l'intégrale de ce "hériter de la brume" en compagnie de ces "héritiers" bien vivants d'un théâtre populaire, reliant les uns aux autres sur un territoire loin d'être vierge d'expériences de cette communauté singulière de la scène.Toujours auréolés de l'ambiance sonre signée Julien Lepreux

 A Bussang jusqu'au 30 Aout

 

« Regarde, Pierre. Le fond de vallée se couvre. Le soleil paresseux change de couleur sur le toit des maisons. Les Vosgiens se couchent tôt. Nous, nous marchons encore. Les arbres nous bouchaient la vue jusqu’à maintenant et à chaque fois qu’on s’enfonçait dans la forêt, j’avais peur de me perdre, mais j’étais heureux que tu marches avec moi, Pierre, enfin tranquilles, là, et les arbres qui eux savent murmurer pour nous donner la paix. Il y a tellement de monde qui passe tous les jours au théâtre en été. Le monde des hommes est bruyant. Le fond de vallée n’est pas habitué. Le fond de vallée ne demande qu’une chose, j’ai l’impression. Qu’on l’aime en silence, mais qu’on l’aime tout de même. Je t’aime, fond de vallée, que la brume console ! » 
Alix Fournier-Pittaluga et Paul Francesconi, Hériter des brumes, 
épisode 2 "Grandir"

 

Générique

texte Alix Fournier-Pittaluga et Paul Francesconi
mise en scène Julie Delille
dramaturgie Alix Fournier-Pittaluga
scénographie et costumes Clémence Delille
création musicale Julien Lepreux
création lumière Elsa Revol
assistanat mise en scène Sandrine Pirès
assistanat scénographie et costumes Élise Villatte
régie générale Fernando Rodrigues-Millos

avec Raphaëlle de La Bouillerie, Axel Godard, Antoine Sastre, et 6 comédien·nes amateurices : Monique Cordella, Inaya Didierjean, Quentin Dupetit, Charlotte Gérard, Jennifer Halter, Benjamin Pourchet

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dimanche 31 août 2025

"Le roi nu" et tout cru..Bussang fait sa comédie politique

 

« Je n’écris pas un conte pour dissimuler une signification, mais pour dévoiler, pour dire à pleine voix, de toutes mes forces, ce que je pense. » Evgueni Schwartz

Henri, modeste gardien de cochons, et Henriette, une belle princesse au caractère bien trempé, tombent fous amoureux. Mais le père d’Henriette lui a choisi pour mari le Roi le plus terrible, un tyran sans limite qui fait régner la terreur. Henri, pourtant banni, ne se décourage pas et, accompagné de son ami Christian, va déployer intelligence et audace. À l’issue d’un stratagème aussi drôle que cruel, le rusé Henri retrouvera son Henriette. Surtout il mettra littéralement à nu le tyran, le rendant ridicule aux yeux de celles et ceux qu’il avait asservis : humilié et dépité, le dictateur s’enfuira laissant enfin le peuple recouvrer ses droits.

Evgueni Schwartz écrit Le Roi nu en 1934 en Union soviétique. Rusé, comme son personnage principal, il tresse trois contes d’Andersen -- La Princesse et le Porcher, La Princesse au Petit Pois, Les Habits neufs de l’Empereur -- et invente une nouvelle fable que les spectatrices et spectateurs n’ont aucun mal à décoder : le Roi nu c’est aussi bien Staline qu’Hitler. La pièce, jamais jouée du vivant de l’auteur, a depuis connu un triomphe mondial. Et ironiquement, elle n’en est que plus actuelle, tant tel ou tel dirigeant a aujourd’hui la tentation de jouer les apprentis-sorciers, notamment de l’autre côté de l’Atlantique. 

Inviter Sylvain Maurice pour la première fois à Bussang est une évidence. "Artiste de maison", sa sensibilité et son sens du collectif vont trouver à Bussang matière à s’exprimer. Il poursuit avec Le Roi nu son travail autour du théâtre et de la musique, avec deux musiciens "en live" et, en associant comme le veut la tradition comédien·nes professionnel·les et amateurices, pour nous faire découvrir une fable magnifique, aussi drôle qu’inquiétante.

 


« Le tyran est un bouffon : il fait le show, danse sur Village People, sature les écrans et pour humilier constamment, la vulgarité en bandoulière. Mais prisonnier de son reflet, il finit dans le plus simple appareil, nu comme un ver. C’est ainsi qu’en s’inspirant de trois contes d’Andersen (et principalement Les habits neufs de l’Empereur), Schwartz déshabille littéralement la tyrannie avec autant de poésie que de férocité. Il est notre contemporain.

J’ai alors imaginé à Bussang, au cœur de la forêt, une fédération d’ami·e·s - spectateurices et artistes réuni·es - communier dans un rire authentique, à l’opposé de l’ironie obscène des sunlights. Avec l’espoir que, grâce au théâtre, nous pourrions montrer l’imbécilité et l’arrogance des puissants. »
Sylvain Maurice, metteur en scène

Un cabaret,un vaudeville ou une comédie musicale au Théâtre du peuple pourquoi pas.. Ou plus exactement un pamphlet sur le pouvoir,ses fantasmes,ses abus,sa tyrannie et son ridicule proche des comédies de Moliere ou du "Ubu Roi" de Jarry.C' est dire si cette farce démarre sur les chapeaux de roue à la Cour d'un roitelet qui songe au mariage avec une princesse éprise d'un éleveur de porcelets...Drame épique en diable qui s'annonce à coup de felonie, de danse enjouée en costumes  chatoyants à l'envi.Le texte d'Evgueni Schwartz fait jubiler les acteurs ,petits cochonnets ou caricatures de serviteurs de cette cour dés miracles. Tambour battant la mise en scène de Sylvain Maurice bat son plein et tout avance en intrigues rebondissantes.Manuel Le Lièvre faisant office  de pantin jubilatoire,chef de tribu déjanté et drolatique personnage imbu de pouvoir.La seconde partie beaucoup plus convaincante est profondément politique et révèle les travers et dysfonctionnements du pouvoir absolu.C'est autour du costume de mariage du roitelet que tout rebondit.Mensonges,supercherie,leurres et autres facéties pour décrire l'hypocrite condition du politique : un régal de paysage frauduleux,burlesque et comique sur fond de réalité électorale en diable. Diatribe fantasque et récit déchirant de vérité et d'actualité. La trahison et l'abus de confiance en filigrane..Des entremets musicaux égayent le tout signés Laurent Grais et Dayan Korolic.Le tout fait un spectacle plein de verve,divertissement de haute volée pour public averti et friand de gaieté constructive.Sylvain Maurice metteur en scène habile et amuseur drolatique de cet opus plein de vérités désopilantes.

La belle équipe  des membres de la troupe des comédiens amateurs du Théâtre du Peuple y remplit son rôle de mise à disposition généreuse et bénévole de l'art populaire théâtral de proximité. Chapeau les artistes et longue vie à leur enthousiasme pqrtageux et partagé par un public à l'écoute du monde.

A Bussang jusqu'au 30 août 

geux..bisous 

La belle ou la bête :Julie Delille aux abois...

 


« Nous c’est le silence qui raconte. Les hommes il leur faut une voix. »
Anne Sibran, Je suis la bête

Je suis la bête c’est l’histoire d’une enfant abandonnée et élevée par un animal qui va lui apprendre la vie de la forêt, la langue des bêtes et la vie sauvage. 

Dans ce texte d’une grande intensité d’Anne Sibran, les mots de Méline sont instinctifs, nourris par les chants de la sylve. Ils sculptent l’obscurité et le silence, inculquent un autre savoir, une science de l’écoute. À la frontière entre le monde des bêtes et celui des hommes, la fillette est montrée, exposée sur la scène du théâtre.
Mais en retour elle nous montre ce que nous refusons peut-être de voir : l’abîme que nous -- humains -- avons créé avec les mondes du vivant.

Assister à Je suis la bête c’est vivre une expérience unique au sein du Théâtre du Peuple. Dans cette version sur mesure, repensée pour être jouée avec le lieu, nous vous proposons à la nuit tombée, une immersion totale avec comme seuls guides nos sens et notre instinct.
Il s’agira, ensemble, de passer la lisière...

Ce n' est pas "l' enfant sauvage" de Fernand Deligny ni "Vol au dessus d un nid de coucou" ni le "bon sauvage" de jj Rousseau...Alors c' est quoi cette ode au sauvage, ce "je suis la bête" sans être la Belle qu' incarne prodigieusement la comédienne Julie Delille au creux de la salle de spectacle tout de bois du théâtre du peuple de Bussang ? Un bijou dans un écrin d' obscurité dans le fond d' un placard où un enfant est enfermé abandonné puis oublié par ses géniteurs.. Un texte de Anne Sibran à découvrir intégré dans le corps de l' artiste qu' elle dévoile rageusement ou sobrement avec une foi et une verve inédite. C'est dans le noir absolu que démarre cette intrigue obscure : une voix lointaine conte un récit déchirant de cruauté humaine, de bestialité volontaire à l' encontre d' un enfant, tout petit,jeté,relégué dans un placard en compagnie d' une chatte et de ses petits venus y nicher et grandir.. Le parallèle se fait rapidement : qui va survivre, se hausser,respirer sans y mourir...Survie,combat pour la vie, qui l' emportera de ses deux humanités:l'animal ou l'humain? Téter cette chatte, dévorer une  truite encore gorgée de fragrances d'abeilles gobées, survivre à tout prix....Julie fait la  bête avec grâce, délectation,humanité, le corps impliqué comme pétri d' une mobilité animale naturelle :reptation,mouvements graciles de chat,félins pour l'autre.Sous la terre battue, dans la foret voisineUn délire visuel dans la pénombre qui délivre peu à peu les formes de son visage,de son corps exposé sur la  scène.Une agilité remarquable s' empare d'elle la rendant animale,avide de déplacement et de chair à dévorer.La recherche de la nourriture est fondamentale:des cadavres des  chatons affamés aux bestioles abondantes sur son territoire:  car le placard s'est entr'ouvert,laissant libre court à sa soif,à sa faim de survivre..Dans une atmosphère sonore étrange bordée de tonnerre, de bruits d'essaims d'abeille: de vie et de tumultes naturels signés Julien Lepreux.La mise en espace de cet espèce de drame humain est sobre,le corps de l' interprète surgissant de l'ombre auréolée de lumière discrète.Julie danseuse de toute sa peau exulte le texte,lui fait prendre chair et sang de toute crudité et l'atmosphère singulière qui en ressort sème le trouble et la singularité. Sa chevelure de madone épousant le tout d une auréole de ses longs cheveux épars.La forêt est proche et c' est de façon émouvante et évidente qu' apparaît l'arbre mythique du théâtre, ce géant bienfaiteur qui berce le lieu de ses racines,de son histoire,de sa présence.Un véritable tableau flamand dans le clair-obscur.A noter la performance de l 'éclairagiste Elsa Revol et de la scénographe Chantal de la Coste.Une ambiance hors norme pour un sujet lui aussi hors des sentiers battus sur la barbarie et la sauvagerie du monde.


A Bussang jusqu'au 30 août 

Après un voyage de sept ans qui a pris ses racines dans le Berry, le spectacle vivant Je suis la bête rencontre enfin le Théâtre du Peuple pour vivre sa prochaine mue. Le roman a d’abord été adapté dans la Vallée Noire (Maison de George Sand), puis le spectacle est né dans la petite ville de Châteauroux. Il a ensuite voyagé dans sa Région Centre-Val de Loire (CDN de Tours, d’Orléans, SN de Bourges et de Blois), puis a fait plusieurs escales : Festival Impatience 2018, Montpellier (Printemps des Comédiens 2019), les montagnes des Alpes du Sud (Théâtre La Passerelle, Scène Nationale Gap), la Sainte Victoire (Bois de l’Aune - Aix en Provence), les vallons du Limousin (Théâtre de l’Union, CDN de Limoges), la Charente-Maritime (Gallia Théâtre Saintes), les bords du lac Léman de Lausanne (La Grange) et Neuchâtel (Théâtre du Passage), puis près des Pyrénées à Marciac (L’Astrada), et jusqu'au creux des tours de Bobigny (MC93) et de Nanterre (Théâtre des Amandiers), pour finalement se nicher dans les montagnes vosgiennes, avant de repartir dans la région Grand Est (CDN de Nancy en 2026)…  












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