Voie, Voix, Vois
Objet scénique pluriel et inhabituel, Voie, Voix, Vois est né d’une rencontre aux Ateliers Indigo. Cette association bruxelloise accompagne une vingtaine d’artistes en situation de handicap, dans des ateliers d’art plastique, de la scène et de la musique. Le musicien Antoine Leroy et le danseur et comédien Gaël Santisteva nouent une amitié et des affinités artistiques avec le plasticien-poète-acteur Saaber Bachir. Leur trio trouble les textures vocales et textiles afin de bouleverser l’ordre établi. La ventriloquie est détournée par modification électronique des voix, mais aussi par la prise de contrôle physique des partenaires de jeu sur scène. En maître de cérémonie, Saaber dirige, manipule, dicte le tempo et oriente les regards pour nous offrir sa propre vision des choses. Sur fond de sound system déstructuré, la normalité et la norme se trouvent questionnées, chamboulées dans leur frottement avec la légitimité, la soumission et le contrôle.
Belgique trio création 2023
C'est un régal gourmand, ce trio atypique qui mène bon train un show en short de guépard, casquette et baskets de circonstance. Comme des marionnettes ils se manipulent et le son de leur voix n'est autre que celui du manipulateur. Effet de leurre garanti et trouble de surcroit pour ces duos drôlatiques et farceurs. Farce et tribulations de trublions de la scène que ce trio de fortune très riche en répliques, récits et autres histoires de verbe, le tout métamorphosé par des micros amplificateurs et tordeurs de sons. Ça cause et ça discute, ça polémique et ça enchante le plateau. Trois garçons dans le vent d'une balise-drapeau peuplée de chevaux esquissés, d'un tapis orange fluo fait maison, brodé d'une figure de cheval-licorne magnifique. Histoires de chevaux, d'équidés en tout genre pour un voyage chez ces animaux "sauvages" et beaux "Je me voyais déjà" sur un plateau de TV , hanté par des hauts-parleurs très design, façonnés par le musicien lui-même à la recherche de formes et de sons. Mégaphone en céramique rappelant des coiffes ou entonnoirs stigmatisant les fous du roi. Antoine Leroy aux commandes de cette recherche plastique et esthétique très réussie. Alors que ses deux compères, compagnons de route arpentent la scène en bavassant, sautillant, faisant la roue. C'est espiègle et malin, mutin et plein de charme. Les voix sont sur les chemins de traverse et le sentier de l'âne, sur la bonne voie. Et l'on y voit que du feu en empathie totale avec cette évidente simplicité de la représentation. Le pavillon en poupe pour mieux entendre les sons déformés des voix, pavillons de phonographes ou de mégaphone, chapeau, coiffe ou parure fort seyants. Les trompettes de la mort comme instrument de musique où il vaut mieux ne pas souffler! Ce cheval de trois comme une figure de parade, de carnaval. Leurs chansons, c'est pas du pipeau Des éclairages de boite de nuit pour illuminer l'ambiance et faire danser les pupilles rivées sur ce petit monde bigarré et sympathique. Mustang comme égérie et passion pour Saaber Bachir dont l'amour des chevaux transparait sans frontière. Ils semblent indomptables nos héros de pacotille et dotés d'un pouvoir magique: celui de conter fleurette et d’enjôler le public avec trois fois rien d'humain, de fraternel. Émouvant spectacle généreux, cent pour cent pur sang, sans queue de cheval ni tête de mule. Gael Santisteva comme homme orchestre et capitaine, figure de proue d'une formation collective bien individualisée pour qu'aucun ni perde son identité!
Et Georges Federmann et son chapeau entonnoir de fou...pour référence locale.... |