jeudi 30 avril 2020

"S'éloigner sans se quitter...des yeux!" : gardez ses distances dans la danse


masque et marque de distance !
"Prendre ses distances" ou"garder" des distances ?

C'est "limite" ! Alors on l'imite, l'attaque guerrière du virus ?

Si pour le danseur, il s'agit de mesurer, de ressentir les espaces entre lui et ses partenaires, il n'en va pas de même pour celui qui "prend ses distances" pour ignorer l'autre, celui qui est différent, qui ne lui ressemble pas. Il n'est pas "attiré" par l'être socialement inférieur qu'il repousse même dans la foulée."Gardez vos distances" disait-on dans la bonne éducation et la danse de cour, dite "belle danse". Tenant le haut du pavé pour mieux toiser.
Distances de sécurité, limite de confidentialité, de discrétion chez votre banquier ou dans certains lieux publics: balises, marquages, tracés et autres limites pour "interdire au delà de, la présence des corps. Autant de marges, de cadre à ne pas franchir....
Barrières, murs, frontières...de protection.

le geste barrières de Nijinsky !
"Approchez, Mesdames et Messieurs"...pour le monde du spectacle, "ne vous approchez pas" pour le monde de la Sécurité
Alors comment si prendre quand on est "ensemble" ?
détecteur de distance en chine
On se tient à bonne distance respectueuse, on s'affranchit du contact pour mieux ressentir et faire fonctionner sa mémoire corporelle
On lève les têtes, les yeux, on se fait face: on s'expose !

instrumenter les distances avec chapeau de mesure !

  

On ne dira plus jamais "avoir le virus" de la danse, la "fièvre" du bouger ni que  le mouvement est "contagieux".....On s'en abstenait déjà avec le SIDA...
Alors la sacro-sainte "passation" , "transmission" des savoirs se fera sans contact et les rôles, les consignes se reproduiront par le regard, la parole, pour le bien de tous.
Nouvel outil pour le danseur "muet" par tradition et omission de son émission primordiale, le souffle, la voix. C'est en Mai 68 que la profession chorégraphique en prit conscience...

"Transfert " du poids du corps, balance du poids pour marcher d'un pied sur l'autre, à distance respectable les uns des autres...Et mesurer son espace avec Ces outils originaux comme en Chine!
Évaluer, respecter, considérer l'autre et soi-même dans un même élan de "compagnie", "cum-panis" partager le pain des anges.
Et comme les marcheurs que nous sommes, faire des "marches d'approche" jusqu'au refuge au bas des sommets à franchir. S'en affranchir bien "timbré" sans se faire sonner les cloches ni avoir le "bourdon" de nos cathédrales d'humanité sans flèche ni arc boutant pour se tenir debout!


mercredi 29 avril 2020

La danse, fille de pub !







On s'est foot ?






mardi 28 avril 2020

"Pourquoi tu danses quand tu marches? de Waberi


Un matin, sur le chemin de l’école maternelle, à Paris, une petite fille interroge son père : « Dis papa, pourquoi tu danses quand tu marches ? ». La question est innocente et grave. Pourquoi son père boite-t-il, pourquoi ne fait-il pas de vélo, de trottinette… ? Le père ne peut pas se dérober. Il faut raconter ce qui est arrivé à sa jambe, réveiller les souvenirs, retourner à Djibouti, au quartier du Château d’eau, au pays de l’enfance. Dans ce pays de lumière et de poussière, où la maladie, les fièvres d’abord puis cette jambe qui ne voulait plus tenir, l’ont rendu différent, unique. Il était le « gringalet » et « l’avorton » mais aussi le meilleur élève de l’école, le préféré de Madame Annick, son institutrice venue de France, un lecteur insatiable, le roi des dissertations.
Abdourahman  Waberi se souvient du désert mouvant de Djibouti, de la mer Rouge, de la plage de la Siesta, des maisons en tôles d’aluminium de son quartier, de sa solitude immense et des figures qui l’ont marqué à jamais : Papa-la-Tige qui vendait des bibelots aux touristes, sa mère Zahra, tremblante, dure, silencieuse, sa grand-mère surnommée Cochise en hommage au chef indien parce qu’elle régnait sur la famille, la bonne Ladane, dont il était amoureux en secret. Il raconte le drame, ce moment qui a tout bouleversé, le combat qu’il a engagé ensuite et qui a fait de lui un homme qui sait le prix de la poésie, du silence, de la liberté, un homme qui danse toujours.

«  Pourquoi tu danses quand tu marches ? offre une leçon : comment ne pas subir la marche d’autrui et comment choisir de danser sur le fil de sa propre vie.  »
Jeune Afrique – Anne Bocandé
 
«  Waberi exorcise d’un coup bien des années de « crainte antique » liée au regard de l’autre.  »
L’Humanité – Muriel Steinmetz
 
«  La bouleversante confession d’un père qui explique son handicap à sa fille  »
Le Figaro - Mohammed Aïssaoui
 

lundi 27 avril 2020

"Gestes "barrière", "distanciation sociale" et DANSE.


Y aurait-il comme un paradoxe entre la pratique de la danse et le contexte actuel, de "distanciation sociale" et de "gestes barrière"?
Ceci irait à l'encontre de notre métier de danseur, intervenant en milieu d'accueil d'un public en "situation de handicap mental".
Pour la simple et bonne raison que nous passons notre temps, nous les danseurs, à mesurer nos distances, à les apprécier à des fins de bien-être et de respect de notre propre espace vital et à celui de l'autre, à  évaluer l'espace qui nous sépare ou nous rapproche de l'autre.
A la seule différence que, dans le cas actuel, ces "mesures" -de distance-ne sont ni artistiques, ni psychologiques, mais "sanitaires".
Comment dès lors envisager notre métier d'interprète ou d'enseignant pédagogue  pour la pratique d'un art qui n'est que contact, farandoles, étreintes, pas de deux ou danse chorale ?
La réponse est simple:en apprenant non pas à "garder nos distance" ni à "mesurer notre espace" mais en s'appropriant ces notions d'une autre façon: respecter l'espace de l'autre, le sien, savoir quantifier les bonnes distances de relation et d'expression, par le regard, la mise en espace, le cadrage... Par la valorisation de la vision du corps de l'autre, dans son intégralité, voire les postures, les attitudes des corps, les reproduire, les modifier, les prolonger, de "loin", à "distance".
Dans le silence, ou en rythmant corporellement les déplacements, les immobilismes, les pauses.
Être "statique", ne pas courir dans tous les sens, sans évaluer son trajet, ses directions, donc ses intentions et ses décisions.
Et puis, concernant les "gestes barrière", savoir qu'ils ne seront jamais une frontière ni un enclos, où l'on se parque pour être exclu, mais au contraire des repères pour "visualiser" et vivre des signes, signaux, comme le "langage des signes", à voir, regarder, décrypter, dans leurs aspects esthétiques et plastiques.
On pourrait comparer cette situation à l'introduction de la pratique de la danse  dans les camps de réfugiés politiques ( Seydou Boro au Burkina Faso ) où cet art semble bien "futile", "inopérant" pour la survie. Mais au contraire il est facteur de lien social, d'écoute et de développement de la solidarité dans l'imaginaire et l'utopie.
Alors Mai 68 de retour?
Ou l'on parlait de territoire, d'espace de liberté et de création, de pédagogie nouvelle, heurtant de front les notions de discipline, d'encadrement formaté pour aller vers la "liberté" des échanges, des circulations.
Dans le contexte actuel, de privation de ces "libertés fondamentales": BOUGER, CIRCULER, SE RENCONTRER, FËTER, imaginons  des relations qui mettent en valeur ces gestes barrière de sécurité comme source d' attitudes créatrices, les séparations, comme des valorisation d'espace vitaux, artistiquement "encadrés" ou décadrés, hors norme, hors cadre. Non pas dans un esprit de révolte ou d'obstruction, de désobéissance, mais de "soulèvement", d'"insurrection" comme le conçoivent Georges  Didi Huberman, et Odile Duboc (voir son spectacle "Codicille, Insurrection"), où le politique rejoint l'artistique, et où la danse trouve sa place citoyenne légitime.
A l'opposé de cette "épidémie de danse" de Strasbourg de 1518, où la contamination de gestes incontrôlés va vers la mort et la folie en proie à un instinct grégaire démentiel.


Des ateliers sont donc compatibles avec un public restreint, "protégé" bien sûr quant à  l'aspect sanitaire d'accueil des participants et intervenants pédagogues-danseurs-éducateurs.
Dans des espaces vastes (salle d'évolution, gymnase, salle de spectacle du SAHJ SAAD).
Sur inscription préalable, volontaire ou appréciée comme "bénéfique" pour les usagers concernés.
un programme simple, sans accessoire ou autres objets perturbants les consignes de toucher sanitaire ou d'emploi et manipulation collectifs.

Et de toute manière, pendant un temps limité, évacuer le concept de danse "contact" si cher au milieu de la danse en général et particulièrement de la danse contemporaine.
Alors le concept de "distanciation sociale" si discriminatoire dans son libellé, celui de "geste barrière" en opposition à notre attitude professionnelle d'ouverture, de rapprochement, d'accueil et de considération de la différence, seraient pris en compte et légèrement "décalés" au profit d'une interprétation artistique, humaine et rassembleuse, au lieu d'exclure, de mettre à distance ceux qui nous entourent ,"usagers" si précieux de l'AAPEI.

Alors, on "garde nos distances" ou on les apprécie en dansant le jerk, tout seul ! On s'évite, on se contourne, on se défile, on esquive!On s'éloigne sans se quitter des yeux en évaluant l'espace qui se crée entre nous: un savoir vivre ensemble sans se toucher: toute une histoire !
En tout cas, il y aura un festival de danse solo à la rentrée prochaine: petit format, petite surface et un seul interprète à rémunérer !

Rappel étymologique précieux pour aborder mon essai, compléter ce "manifeste" qui essaye de  se confronter à la réalité et à la convivialité de notre profession de "soignant" du corps et de l'âme:
Le mot handicap provient d’un terme anglais : « hand in cap », ce qui signifie littéralement « main dans le chapeau ». Cette expression découle d’un jeu d’échanges d’objets personnels qui se pratiquait en Grande-Bretagne au 16ème siècle. Un arbitre évaluait les objets et s’assurait de l’équivalence des lots afin d’assurer l’égalité des chances des joueurs. Le handicap traduisait la situation négative, défavorable, de celui qui avait tiré un mauvais lot.
Aussi loin que remonte l’histoire – des mythes de l’Antiquité, en passant par le Moyen Âge, la Première Guerre Mondiale, ou même les dernières représentations cinématographiques ou artistiques du 20ème siècle – le handicap a toujours été synonyme d’exclusion, de pauvreté, d’infirmité, d’incapacité, etc.
Puis, ce terme fut ensuite utilisé dans certains sports, notamment dans les courses hippiques où des handicaps sont attribués aux chevaux (selon le poids du cheval, selon le poids du jockey qui le monte, selon le sexe du cheval, etc.), dans les jeux (échecs, jeux de carte, etc.), dans les représentations artistiques (peinture de personnes de petite taille, parades de cirque, etc.), puis dans la société (invalides de guerre, trisomie, etc.).
Pendant la première moitié du 20ème siècle, la législation a commencé à favoriser ceux qui étaient considérés comme infirmes et exclus de la société. Sont alors apparues les premières lois et associations pour la défense des personnes handicapées et en situation de handicap. Il faut alors définir clairement la notion de handicap.

lundi 20 avril 2020

lundi 13 avril 2020

jeudi 2 avril 2020

"Fauteuils" de Laurent Goldring: état de siège


Fauteuils est inspirée par la révolution moderniste en peinture et par la prolifération de fauteuils qui l’accompagne, où ce meuble s’impose comme motif central pour les expérimentations sur la perspective, à mi-chemin entre le traitement des corps qu’il contient et celui de l’espace alentour. Fauteuils est conçue à la fois comme un spectacle et comme une exposition où trois solos se déroulent dans trois fauteuils, sans jamais en sortir, comme trois sculptures sur socles. D’autres éléments, à la fois chorégraphiques et plastiques, se trouvent sur la scène que les spectateurs sont libres d’investir. Fauteuils est une expérience qui questionne la différence entre deux conceptions du regard.
En partenariat avec Le Dancing CDCN Dijon Bourgogne-Franche-Comté
Production goldring-productions
Conception, chorégraphie Laurent Goldring
Performance Nina Harper, Marion Carriau, Stephen Thompson
Coproduction La Maison CDCN Uzès Gard Occitanie, Drac Île-de-France, Pôle Sud – CDCN Strasbourg.

"Tarantella": la danse arachnéenne !

Tarantella ?! peut être lu comme le récit d’un voyage où les paysages évoqués sont avant tout sonores. L’auteur s’efforce d’y restituer l’intensité d’un langage dramatique, celui que les indigènes du Sud de l’Italie se sont créés depuis les temps antiques jusqu’à nos jours. De la danse des tarantate à la danse des couteaux, des chants de travail aux chants de prison, ces sons et ces gestes dessinaient le contour d’un monde qui continue de nous hanter, entre marginalité sociale et récupération spectaculaire. Travaillant tant sur la puissance des cultures subalternes, que sur une critique de la civilisation occidentale, s’interrogeant sur l’articulation de la politique et du langage, ce livre échappe au final à toute discipline : il invoque tour à tour l’ethnomusicologie, la philosophie, l’histoire sociale et politique ou encore l’anthropologie…

Alèssi Dell’Umbria a grandi à Marseille, et travaille, entre autres, autour des questions d’histoire et de politique urbaines. Il a collaboré à différentes revues de critique sociale et a notamment écrit : C’est de la racaille ? Eh bien, j’en suis ! À propos de la révolte de l’automne 2005 (L’Échappée, 2006, réédité et augmenté sous le titre La Rage et la révolte, Agone, 2010) ; Histoire universelle de Marseille, de l’an mil à l’an deux mille, (Agone, 2006), Échos du Mexique indien et rebelle (Rue des cascades, 2010), R.I.P. Jacques Mesrine (Pepitas de calabaza, 2011). Il a réalisé en 2009 La Madonna de la montagne et en 2014 Istmeño, le vent de la révolte, un documentaire sur les communautés indigènes bouleversées par l’industrialisation de parcs éoliens dans l’Isthme de Tehuantepec au Mexique.
2016, essais & entretiens, ISBN 978-2-913661-70-7, 28 €