lundi 21 octobre 2024

"Panpan sur le tutu" : un livre ou un bréviaire....

 Je résume mon projet
Depuis ma "tendre enfance", la danse m'a émue (au sens du mouvement et des repères dans ma construction identitaire)
Des objets ont attiré mon regard, ma perception ou simplement des besoins, désirs de jouer, posséder, acquérir ou rejeter. De la boite à musique d'où surgir un automate sur pointes qui frappe en cadence un tiroir à bijoux, de Joséphine Baker en poupée publicitaire pour Banania....De la peluche de Fantasia, un hippopotame qui danse!! Est-ce possible??
J'ai consigné puis acquis objets, œuvres d'art, gadgets, bandes dessinées, livres pop-up, leporello, meli-melo...
Tout ce grand fond concret je souhaite le donner à voir sous forme de livre de format de poche
Plusieurs chapitres de déclinent selon la thématique qui peut relier des "familles" d'objets

Ceux de l'enfance, liés à l'histoire de cette collection : jouets personnels, livres, dessins..

La série de "peluches", bestiaire affublé de tutus, marque de "fabrique" d'un imaginaire collectif encore très prégnant au sujet de la danse

Gadgets divers chinés de ci delà aux cours de mes déplacements, voyages...

Les "collectifs" de personnages, sculptures ou communautés(le bal d'Astérix chez Pixi, des porte-clefs manga du japon, des animaux danseurs en bois articulés en série mis en scène...)

Des oeuvres d'artistes représentant à leur façon le mouvement, le corps (Favier, Arp, des créateurs plasticiens qui m'ont offert, dédié leurs créations, tout support et d'autres dont j'ai fait l'acquisition )

Tout ceci en images, photographies in situ chez moi ou en studio photo

J'ai sollicité certains de ces créateurs pour me confier par écrit leur rapport soit à la collection, soit à l'oeuvre qu'ils ont fabriquée.


Un éditeur d'art Beaudoin Jannink
Un "philosophe" Daniel Payot !!!!!!
Olga Mesa, chorégraphe pour sa réaction à un univers qui lui est "étranger" mais qui l'a questionne
Anne Virginie Diez conservatrice du FRAC Alsace Grand Est pour une analyse critique sur ce curieux "fatras" pour tisser des liens et rhizomes avec le sujet et le public
Jean Louis Hess, le photographe de plateau des objets qui a été surpris puis séduit par ces modèles "immobiles" et dociles..
Gérard Mayen, critique de danse qui a prêté un intérêt pour ma première exposition au petit cabinet de strasbourg: le rêve du collectionneur, dont la réflexion, les mots me sont chers et précieux, comme un regard en empathie ou au contraire "critique" quant à l’intérêt de la démarche.
Pierre Boileau, performeur de la place de la compagnie "l'un des paons danse"
Natacha de Menditte, libraire chez Gallimard Jeunesse pour sa passion pour la bd en relation avec l'illustration de danse.
Miriam Schwamm pour son indéfectible acharnement à me trouver des Betty Boop en costumes de danseuse, ainsi que des Barbies...
Barbara Leboeuf, artiste, céramiste

Christophe Meyer, peintre, plasticien


Je songe à Dominique Boivin pour son penchant vers la fantaisie sérieuse quant à la danse et Boris Charmatz pour son positionnement sur le "musée" ou le "bocal" du conservatoire.

Démarche certes intuitive, mais qui prend la forme d'un ouvrage plutôt ludique, illustré, mis en page et rythmé à partir de tous ces éléments de construction.

DE TA PART, il me parait pertinent que ta place est celle d'un écho réfléchissant sur cet édifice à multiples entrées
Les images que j'ai choisies t'invitent à réagir à un univers, une démarche sensible que je pense t'interesser à commenter, réagir, réfléchir à la place des objets évoquant la danse dans notre société
Vaste sujet, vas-tu me répondre...

Alors pour les visuels je ne peux que t'envoyer des images via les média de circonstance, écrans d'ordinateurs ou version papier à t'envoyer
Les formats restant à préciser à chaque fois. Le musée te sera ouvert lors de ta visite !

Je suis un peu longue mais mon envie de te voir collaborer à cet ouvrage est réelle et vive.
Combien de lignes, de signes, je ne sais pas
Chacun est libre d'un court texte général, d'un mot, phrase ou haiku...Selon l'empathie, la plume ou la réflexion.

Pour ma part je légende certain objet en contant leur histoire, leur origine ou en faisant des jeux de mots ou autres formes d"écriture spontanée.

Un livre tiré à 400 exemplaires, grand public et milieu de la danse,diffusé, distribué par mes soins envers mes proches et par chicmédia mediapop mon éditeur local

Espérant avoir fait un petit pas pour mieux cibler ton intervention, je te salue .

à bientôt!!!

BIEN à toi!

 
‌‌Geneviève Charras
6 rue Sédillot
67000 STRASBOURG
03 88 25 74 96
06 51 77 85 95
genevieve.charras@gmail.com
genevieve.charras@laposte.net

Tutu, turlututu: le danseur fantasmé.C"est l' tutu que je préfère.

LE GRAND JETE PANPAN SUR LE TUTU

 chapitre I

LES PELUCHES

Histoire d'ours: le tutu ne fais pas le danseur.

Collection de mascottes, de doudous de caractère, voici mon trésor de "arctophile", de marque ou de marché aux puces, collectés souvent dans l'ancienne boutique de Strasbourg rue de la Nuée Bleue, "A la quête de l'ours": la maison des ours, tanière et planque à animaux inanimés des Steiff, marque de collection de haute facture, à des peluches anonymes, banalisées, doudous de toute sorte, porte-clef ou porte bonheur. Planqués derrière ma vitrine dans mon meuble de cuisine trônant dans le salon où se mêlent vaisselle et oursons emprisonnées. Ne cherchant qu'à s'enfuir de ce grand zoo miniaturisé. Ils dansent en couple, l'homme et la femme affublés de tutus. Curieuse confusion des genres , travestis ou androgynes au choix. Désormais c'est "Tête d'ours" qui attire mon attention. Mais je fais un détour: l'accumulation n'est pas collection: addition à payer qui peut se faire lourde.,

Le terme arctophile vient du grec ancien : arctos (ours) et philos (amour, attirance). Un arctophile désigne donc au sens premier quelqu'un qui aime les ours, mais l'usage moderne désigne plutôt un passionné et un amateur d'Ours en peluche.

 

chapitre II

LES FAMILLES: tribu ou collectif?

Voici venir les être humains au milieu d'un bestiaire toujours très présent. Fillettes colorées, bigarrées, tressées; ou Astérix et son bal de fin de banquet. Famille d'insectes de bois, articulés, marionnettes à doigts. Toutes sortes d'animaux: de préférence des ours, mais aussi des lapins, souris, grenouilles...Peu de cochon ni de chiens ou chat: une girafe, des singes..Un bestiaire à la Poulenc ou Wiener, plein de charme ou de tendresse. Canards poule, volatiles ou hippopotame de Fantasia: celui qui danse car mesuré à un film d'animation.Mallarmé écrirait que ce ne sont ni homme ni femme qui dansent mais figures fantasmées .“La danseuse n’est pas une femme qui danse, car ce n’est point une femme, et elle ne danse pas". Sans compter sur les 70 Betty Boop, danseuse, collector inédit de costumes à danser, portés par la plus sexy des créatures cinématographiques. Barbie bien entendu, et ses imitations,les trois collector de mon enfance, plus toutes les autres sur fond de diorama kitsch. Le nombre aidant, c'est sur l'escalier du Palais Garnier que j'installe ce gala de fin d'année, classique et figé pour l'éternité.

La danse est "être ensemble", collectif résonant et participatif.... Même en représentation artificielle, conservatoire et bocal de formol renié à bon escient par nos contemporains.

Chapitre III

LES ARTISTES:la muse danse: Terpsichore en tutu 

Achat d'oeuvres repérées comme la "Cavalcade" de Claude Lapointe, Mickael Jackson vu par Christophe Meyer ou "commandes" pour mon récital sur la danse d'un crabe en tutu référence à "La danseuse" mélodie de Honegger qui fait sortir des coulisses un crabe-danse, les bras en corbeille . Christiane Jaeg s'y attelle joyeusement. La Ballerine de Gunter Grass écroulée dans les coulisses n'est pas loin.

Cathy Gangloff s'inspire de tout l'univers de ma collection pour créer une Betty Boop en tutu, cernée par un cerf, les 1001 en font danse de soldats autobiographique, Barbara Leboeuf pour une revisitation du Lac des Cygnes. Tout un panel d'imaginaires personnels auxquels je me suis frottée aussi, inventant une boxeuse affublée d'un tutu en pinces à linges miniatures de cocktail: un Oscar Schlemmer à la Philippe Guillotel ou Decouflé comme source d'inspiration. Je commande à l'illustrateur Raymond Piela ma carte de visite: une cigogne en tutu, à Fantine Andres l'affiche de mon récital sur les anges-un bouc, fesse en l'air qui danse. Eliane Karakaya découvre le faune de Nijinsky dans les entrelacs d'un morceau de bois flotté. A René Noel, commande de ses fantastiques grenouilles qui dansent, à Julien Kuntz une effigie de son cru. Dominique Haettel y joue du bois flotté dansant et du taefele. Ilana Isehayek pour sa sculpture en "déséquilibre".Tous jouent le jeu et font désormais partie de cette "galerie" d'art comptant -content pour rien qui m'enchante.D'autres "grosses pointures" s'y joignent, Philippe Favier pour ses "Petits pas", Joel Leick pour son "Icare qui danse", Raymond Waydelich pour son "Tango", Jean Arp pour ses "Danseuses", Tomi Ungerer pour son "Bal".J"acquière trois photos de Jacqueline Salmon sur Dominique Bagouet au travail avec un comédien.

Et je crée une ardoise en hommage à Marius Petipa et Benjamin Millepied histoire de mette mes pieds plats dans la fourmilière et à l'étrier."Pointes, talons" hommage à Marius Petipa et Benjamin Millepied

Chapitre IV

L'ENFANCE: le point de départ de la collection sans le savoir.

C'est Péri en tutu de mon arrière grand-mère conservé de génération en génération -allez savoir pourquoi-qui ouvre la collection. Puis Joséphine Baker en poupée gonflable publicitaire pour Banania enchaine: acquise auprès de ma mère à coup de gueule et de caprices en bonds d'achat cumulés pour gagner cette princesse noire affublée d'une ceinture de bananes en plastique. Les premiers produits dérivés....La suite, c'est la poupée mannequin de rêve, en tutu pailleté, collant noir ou patineuse à glace qui emballe mon imaginaire. La boite à bijoux, chalet suisse dévoilant une ballerine aux pointes effilées comme pièce maitresse. Le temps fera le reste à chiner des gadgets, objets, figurines, poupées folkloriques, livres pop-up, meli-melo ou leporello de tout format. Du Shadok danseur -qui n'a jamais existé- au pantin marcheur, automate .

C'est sans doute mes voyages et déplacements dans les festivals de danse qui ont attisé ma recherche et récollection d'objets. Montpellier et sa boutique "Pomme Reinette", Cannes et son antre "En sortant de l'école" et la fameuse "Boutique de la danse" et "Passion Danse"deux générations à Strasbourg de "commerçantes" engagées et passionnées.Clins d'oeils à Dany Jacquemont et Odile.

Chat-pitre V

DES LIVRES ET MOI: la bibliothèque rose

En bonne universitaire, ma bibliothèque idéale aussi démarrée dès l'enfance avec ce livre dans la bibliothèque théâtrale de mon père"le Ballet" de Boris Kochno, secrétaire de Diaghilev: j'y découvre les grandes figures de la danse et des ballets russes, Picasso, Satie, Cocteau...Des images saisissantes pour une petite fille, que le visage androgyne de Nijin,sky dans "le spectre de la rose" mais aussi dans "Pétrouchka"...Ce seront les bandes dessinées Aggie, Lili, Poucette, les Pieds Nikelés qui me lancent dans la lecture des aventures de danseurs.Puis l'illustration, les romans, biographies, la BD feront l'objet du fonds de plus de mille ouvrages sur le sujet de la Danse.Mes complices, conseillers avisés Natacha et Damien de la  Librairie Kléber en seront les responsables...

Lire n'est pas aisé pour celle qui bouge en hyper-active tout le temps pour démarrer dans la vie, les "pieds plats" et devoir danser sans  les formater à l'école de danse moderne de Jacqueline Robinson et des Dupuy. Chez Gilberte Cournand, à la "Librairie de la danse" rue de Beaune à Paris, ce gout là surgit.


les EXPOSITIONS

"Le rêve du collectionneur"


https://enviedequartier.wordpress.com/2020/10/12/du-nouveau-au-petit-cabinet-du-pont-de-pierre/

La collectionneuse Geneviève Charras a mis à la disposition de Véronique Moser et Corine Kleck sa collection d’objets de danse, savant mélange de choses collectées sur les marchés aux puces, trouvées ou données, éléments précieux ou plus modestes.

A la question du trop-plein, omniprésente dans le travail artistique du collectif 1001, le collectif a choisi de répondre par une organisation poétique de la quantité. Face au « toujours plus » il répond par l’humour et crée un monde en réduction. L’espace du Petit Cabinet devient décor et propose la mise en scène du « Rêve du collectionneur ».

Bien ordonnée ou brouillonne, sérieuse ou extravagante, la collection raconte le collectionneur. Il arrive que la collection échappe à la raison et se métamorphose en monstre exerçant la tyrannie du toujours plus. C’est ici que repose le rêve impossible du collectionneur : la totalité, l’intégralité, la complétude.

La recherche de Véronique Moser et Corine Kleck a trouvé un écho dans la gestion et l’organisation à grande échelle des Emmaüs de Mundolsheim, partenaires du projet. L’action de l’association renvoie inévitablement à la notion de surabondance mais aussi à celle de  manque. Notre société, comme dans le monde en réduction du collectionneur oscille entre le toujours plus, le jamais assez pour certains et la part réellement manquante pour d’autres.

 

ART DOUDOU à ART COURSE

Une accumulation sous forme de pyramide gigantesque de peluches, toutes sans exception en tutu, issus de ma collection. Comme une montagne infranchissable de doudous à gravir en rêve ou en réalité. L"adulte immature le délivre de ce "rose c'est la vie" des ballerines classiques.

A vaudou-doux! Grigris et autres tuturbulences !

S'arracher à la voluptueuse douceur du doudou, cet objet transitionnel si "chair" à nos amours et amitiés d'enfance: le complice qui accepte tout, même de se perdre ou de se lâcher, lâchement, le jour de l'affranchissement: abandonné, délaissé, comme vous quand la conscience du monde s'ouvre à vous: comme d'une vielle chaussette, on s'en débarrasse ou on nous l'arrache, comme une dent de lait qui ne tomberait pas toute seule. Alors, il prend des proportions immenses, gigantesques et embarrasse l'espace de nos évolutions: comme une traine qui s'allonge et que l'on doit couper pour ne pas tomber, les pieds entravés, pris au piège, dedans !

Mon "Doudou", ma "femme" en Afrique....Celle qui console, la mère-amante-femme, pleine de douceur et de compassion! Et Donald Woods (le canard en bois) Winnicott  bien sur....pour théoriser sur notre seconde peau.....

Un "doudou", pas vraiment un "cadeau" consolateur, protecteur...Un ami-ennemi qui vous veut du bien, du mal, du fil, de la peluche à retordre. Alors on déconstruit la pile de doudous- spectateurs qui vous regarde du parterre et pas du haut du "paradis" comme les enfants de Marcel Carné, incarné! Un paradis qui s'écroule et révèle le monde: le "doudou" en tutu, c'est vous, le vouvou vaudoudou, amulette, en quête de joie et de libération de tulle, de poils, de plumes: du poids des entraves et souvenirs qui collent à la peau! On déstructure la montagne, obstacle à franchir, on se libère des doudous en les balançant en l'air, le temps d'une bataille de boules de neige avec le public, convoqué pour l'heure à l'abolition de l'esclavage: ce lien ombilical avec tout autre que soi: de la soie, à soi, qui fait écho à la liberté d'être!

Et la danse, et le verbe pour en faire une bonne terre à pis ! Les mamelles du Petit Robert en sus! '(suce)

Performance de Geneviève Charras à Art Course le samedi 3 AVRIL 16H dans le cadre de l'exposition "art doudou" à la galerie, 49 a rue de la course à strasbourg

BETTY BOOP en 70 costumes à danser à La Case à Preuschdof

Une collection glanée en duo bicéphale avec l'artiste animatrice de La Case, Miriam Schwamm : accrochage en suspensions en funambules de cette midinette de charme, heroine de films d'animation de Fleischer attifée savamment de divers costumes, accessoires identifiant un style de danse: du classique au hip-hop en passant par le french cancan et autres danses du monde!Une vraie boutique fantasque...

Scénographie miriam schwamm Octobre 2024

LES PETROLEUSES à la Galerie du Puits 1 à Preuschdorf

60 Barbies danseuses dans leur boire blister se réunissent .Après le succès du film "Barbie" plus d'une centaine de clones de l'actrice vedette Margot Robbie viennent se réfugier au calme et faire bivouac à la station service bien connue des automobilistes de Preuschdorf. Pour ce meeting d'envergure, cette réunion au sommet, du carburant leur est nécessaire: des bidons vides sont mis à leur disposition pour abreuver leur gosier. Encore dans leur carapace de blister, anti feu ignifuge, les petites sculptures, objets non consommés, elles sont encore en tutu chrysalide, robe de mariée fantasmée. Vierges et intouchables, ces walkyries sociétales , diaphanes se transforment dans ce troisième lieu en furies incendiaires. Les "pétroleuses" c'est pas du bidon-bedon.

Une d'entre elle s'en détache, grandeur nature, Geneviève Charras pour vous faire vivre lors d'une performance inaugurale, les aventures d'une de ces rescapées des puits de pétrole de Merkwiller Pechelbronn. A cette occasion Ken, le sauveur Ryan Gosling, leur viendra-t-il en aide et se fera-t-il chasser de la ruche surpeuplée? Alors on a le pétrole et les idées pour cette marée noire burlesque, amas, compilation, accumulation de poupées barbie inédites sorties de la collection de G.C. Charivarieuse.

Rappel de ces femmes révolutionnaire pourchassées sous la Commune de Paris, accusées d'avoir mis le feu aux institutions de l'époque. "Pétroleuses", symbole d'un premier féminisme et soulèvement légitime d'accusées à tord et de travers!

Scénographie miriam schawamm octobre 2024


mercredi 16 octobre 2024

"Une autre histoire du théâtre" Fanny de Chaillé joue et gagne....Et ça "marche", pour ces "athlètes du choeur".

 


Fanny de Chaillé France 4 interprètes création 2023

Une autre histoire du théâtre

Avec quatre jeunes comédiens rencontrés pour Le Chœur, présenté l’an passé, Fanny de Chaillé bâtit une histoire collective du théâtre, pensée par sa filiation historique mais aussi du point de vue de ses acteurs. Entre scènes et figures mythiques, se dessine une cartographie de l’art dramatique sautant avec agilité des avant-gardes aux hybridations les plus contemporaines. Le théâtre de la relation, auquel la directrice du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine se plait à donner corps, forme une épopée à hauteur d’enfants. La découverte y est aussi enthousiasmante pour eux, que la reconnaissance des clins d’œil appuyés pour les spectateurs les plus assidus. Des questions brutes (jouer, est-ce faire semblant ou devenir le personnage ?) voisinent avec des tirades interprétées dans un décalage saisissant. Elle offre une lecture limpide des enjeux de pouvoir, des rôles genrés et des angles morts qui témoignent si bien de deux mille ans d’histoire sur lesquels repose notre culture commune.

En marche, en danse, on s'exerce:c'est la question de fond posée d'emblée dès le départ de cette course contre la montre.Marche, démarche. Laquelle adopter pour conter l'Histoire du théâtre? 2000ans à condenser, étriquer, rétrécir, compacter.Gageure improbable mais dont un directeur d'acteur, tyrannique, stressé, terrorisant et manipulateur va être la première cible caricaturale.On reconnaitra Louis Jouvet (ou pas, peu importe) en caricature d'autoritarisme, de pouvoir et de harcèlement. La voix nasillarde, les épaules tendues, figées, le corps absent, la parole dictatoriale au point pour impressionner, anéantir, écraser l'acteur qui cherche à naitre en début de carrière pour chacun des postulants à ce dur métier. C'est Malo Martin qui s'y colle avec énergie.Cela convient ou pas, certain cherche la discipline, les directives, d'autres prônent la liberté d'initiative de l'interprète. Ainsi quatre comédiens s'attèlent à écrire "notre" histoire du théâtre. Celle qui raconte leur vie et leur chemin personnel vers cette ascension à la profession. Athlète du corps et du coeur en tout cas: cela fait l'unanimité. Parmi les grands de ce monde du spectacle, défilent avec bonheur une "femme respectable" Joséphine Anne Endicott, interprète de Pina Bausch, ici incarnée par Valentine Vittoz qui a bon et beau dos. Amusante, désopilante dans ce rôle qui nous fait voyager dans l'histoire du Tanz Theater avec détermination, engagement personnel et forte tête. Une Jeanne Moreau interviewée, légère, volubile, girouette docile , femme futile incarnée par Margot Viala, excellente imitatrice. On bascule de référence en référence en passant par les auteurs classiques, les metteurs en scène d'hier et d'aujourd'hui. Des interludes-entremets- de piano comme fondus au noir. Jeu d'acteur en poupe, corps en résonance perpétuelle et indispensable à un bon équilibre entre texte et imagination. Le collectif se questionne, se renvoie la balle, on s'étripe en combat où les femmes prennent le dessus, sens dessus-dessous.Ludique visite guidée dans le temps, brisant unité d'action et de lieu, honorant l'alexandrin divin et mélodique. Lac des "signes" qui parcourent les émotions, moteurs et motivations de chacun à exercer à sa façon son métier de comédien: par défaut, imitation ou évidence révélé en chacun d'entre les quatre.Confessions de ces "athlètes du coeur" plus que du corps, malgré tout soumis aux exercices quotidiens. Chapeau à Tom Verschuren pour sa démonstration de yoga égayant les soins et attentions au corps de l'acteur. Instrument incontournable de nos identités, performances et émetteur de pensées collectives salutaires.

Un petit panorama synthétique pour ce choeur dansant, bougeant avec tac, justesse et bonhomie. Fanny de Chaillé en directrice d'acteur et metteur en scène pleine d'attention et de rigueur face à une jeunesse avide et demandeuse.Loin des tyrans assénant toute vérité toute faite. 

A Pole Sud les 15 / 16 0ctobre

Présenté dans le cadre de « Petite histoire, grande histoire », résidence artistique de Fanny de Chaillé à l’Université de Strasbourg.
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès.

vendredi 11 octobre 2024

Nemanja Radulović: l' "émotion musicale" au sein de l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg

 


Originaire du bourg de Galánta, Kodály magnifie ses souvenirs musicaux dans des danses aux nombreux motifs tsiganes. L’inspiration populaire est aussi perceptible dans la Symphonie n°8 de Dvořák, changeante, sereine autant que nostalgique.

Folklore encore avec le Concerto de l’Arménien Khatchatourian. Au violon, Nemanja Radulović, en résidence à l’Orchestre, se joue de tous les défis techniques pour recréer une musique séduisante où s’entremêlent mélodies orientales et formidable vitalité rythmique.

Zoltán Kodály Danses de Galánta

Flux et reflux qui s'amplifient, alors que la clarinette borde les cordes. Des vagues de musique inaugurent ce concert où l'on se régale à la vue du chef d'orchestre, Jaime Martin:il creuse, sculpte l'espace, multidirectionnelle baguette en main. La musique est légère, dansante, valse aux accents de folklore. Colorée, entrainante aux mouvements contrastés. Des pas de danse, échappées belles s'y inscrivent dans une partition, écriture riche de rythmes, de contrastes. Bucolique, pastorale, vaste et fleurie à souhait. Ornementée de clochettes, les masses et le volume sonores grandissent, se déploient, rapides dans une vitesse endiablée. Comme une petite cavalcade légère, procession, redoute très rythmée, virevoltante, puissante. Un solo de clarinette, de flûte pour ornementer le reste.

Aram Khatchatourian Concerto pour violon en ré mineur

Un violon enragé fait irruption, c'est l'artiste démiurge Nemanja Radulovic qui apparait, longue chevelure noire déployée, les sourcils écarquillés, le regard affuté d'un interprète aux aguets. Il tangue, danse, genoux fléchis, inspiré, attentif à l'orchestre, le sourire affiché sur tout le visage. Complice du chef et de tout l'orchestre qu'il côtoie avec bonheur, respect dans une symbiose et écoute remarquables. On sent une très forte empathie entre les musiciens galvanisés par leurs deux chefs. Violon et clarinette se bordent, se répondent, s'accompagnent en tuilage. Reliés, prolongeant les sonorités en ricochet. Sur le devant de la scène le violoniste se concentre, offrant sa musique, doigté, glissé infime sur l'instrument d'un archet virtuose à peine frôlant les cordes.  Un son, ultime en résonance dans tout son corps engagé tel un danseur de cordes. Sur le fil des sons extraordinaires qu'il puise infiniment. Le duo chef-musicien est extrême, beau et de toute sympathie. En bonne compagnie, "cum panis" musical de toute grandeur et spiritualité. Les cordes très inspirées bordent ce duo et magnifient cet artiste de haute volée, extra-ordinaire partenaire. Presque un chant d'opéra s'en dégage. L'osmose entre orchestre et violon solo est exemplaire, en synergie, menée de main de maitre. L'émotion de ce temps suspendu est forte, inspirée, grandissante. Le chef embrasse l'orchestre généreusement avec fougue et passion, une gestuelle très personnelle comme signaux, signes et repères dans l'espace-temps. Tornade, corrida finale pour mieux nous emporter, ailleurs: brillant final percutant, alors que le visage de Nemanja Radulovic rayonne de clins d'oeils, de hausse de sourcils émerveillés. Voir et regarder la musique est bien le rôle et l'endroit pour mieux la comprendre en train de se faire devant nos yeux ébahis par tant de grâce. Naturelle et jamais appuyée. En rappel, un duo de charme entre la première violoniste et l'artiste invité est un bijou de charme et de quiétude. Un moment d'émotion musicale unique.

Antonín Dvořák Symphonie n°8 en sol majeur

Pour clore cette soirée mémorable, la symphonie fait office de monument colossal en trois mouvements "mouvementés", bouillonnants, versatiles ou le calme et la sérénité d'un solo de flûte émerge d'un tsunami de cordes, alors que ce beau leitmotiv de référence auditive rejoint et cisèle le morceau. Morceau de bravoure, saisissant, enivrant, emballant l'auditoire dans une danse tournoyante, affolée. Chatoyante en diable.

Ce programme "virtuose" est un cadeau musical que chacun aura su apprécier, tant les ovations ne cessent dans le public conquis ce soir là par une prestation d'exception.

 Jaime Martín, direction, Nemanja Radulović violon 

Palais de la Musique et des Congrès Le 10 et 11 Octobre

mercredi 9 octobre 2024

Je badine avec l’amour (parce que tous les hommes sont si imparfaits et si affreux) Sylvain Riéjou Association Cliché : on bastonne bien l'Amour!

 


Espiègle s’il en est, l’on se souvient que Sylvain Riéjou annonçait la couleur lors de sa dernière venue : Mieux vaut partir d’un cliché que d’y arriver. Dans sa nouvelle pièce, Je badine avec l’amour (parce que tous les hommes sont si imparfaits et si affreux), l’artiste associé de POLE-SUD jusqu’en 2026 n’a rien perdu de son humour ravageur ni de son éclectisme culturel. La collision qu’il orchestre entre Musset (On ne badine pas avec l’amour) et Patrick Swayze dans Dirty Dancing n’est qu’un début. Le chorégraphe se lance dans une déclaration d’amour à la danse et au sexy comédien qui n’est pas étranger à ses premiers émois homosexuels, ni à sa perception de la séduction à travers les stéréotypes hétéros des films grand public des années 1980. Pour la première fois, il invite d’autres danseurs dans son autofiction, au son de The Time of My Life. Entre scène du film rejouée, lip-sync et passages iconiques – et ironiques – de chorégraphes contemporains (Bagouet, Keersmaeker…), son quatuor dansé-parlé dessine une cartographie du corps et du désir.

 

L'Amour, la danse, c'est pas sorcier!

Sylvain Riéjou joue et gagne,réjouit, enchante et tord le cou aux poncifs avec un sérieux de pince sans rire, une audace toujours mesurée mais assumée. Il détricote l'histoire de la danse en quatre histoires personnelles: le tracé, le chemin de trois interprètes et de lui-mème: auto biographie sans auto fiction. Son questionnement sur l'identité est source de jouissance autant que d'inquiétude, de trouble autant que d"évidence. Il joue ici le "chorégraphe" chef de bande qui livre ses commentaires et ses secrets de fabrication, avec ses interprètes sans rien cacher ni trop dévoiler. Avec humanité, savoir être ensemble et écoute fort humaine. Personnage bien entouré de Julien, celui qui a connu Roland Petit puis a fuit faire des expériences chez "exerce" pour le meilleur du développement de son inventivité. C'est drôle, jamais caricatural et si vrai! Toujours bercé par le cinéma et ses fameuses comédies musicales, Sylvain Riéjou joue sur un registre de mémoire collective: les musiques des duos ou trio classiques qu'il remodèle-lac des cygnes et autre tubes du ballet- se régalent de références détournées. Ainsi Offenbach et sa Barcarolle des Contes d'Hoffmann devient trio, morceau de bravoure classique, La Reine de la Nuit de Mozart fait sa flûte enchantée,se dédouble en deux harpies et le Prince Siegfried du Lac se lamente et souffre comme un beau diable. Fameuse idée de tout décaler pour mieux surprendre et "instruire" le spectateur. Et Sylvain devient le Roi d'Effets secondaires fort salutaires. Un placé beau comme remède à la mélancolie et la monotonie. Plein d'humour, son livret de ballet est romance et très bien scénarisé. Coups de théâtre, revirements d'humeur pour les interprètes qui s'emparent du plateau sous sa houlette. Car il sait ce qu'il veut même si le trouble le hante. Naïf et plein de charme, de poésie, d'humanité cet écrivain-narrateur est source d'empathie. La "sensualité" qu'il exige de ses interprètes et qu'il commente en direct est son credo et leitmotiv. L'Amour c'est cela aussi: Gainsbourg pour en faire un bel exemple à suivre. "Nathalie" de Gilbert Bécaud est un interlude savoureux, un entremets de gestuelle mimée entre langage des signes et chorégraphie burlesque. Chaque saynète est croustillante et bien relevée: on en reprendrait bien une petite part de rab tant cette nourriture fait du bien. Alors ce trèfle à quatre feuilles porte bonheur  et conduit sur des chemins de traverse fort reconstituants: construisant les corps selon leurs désirs, leurs capacités et au delà si consentement ou nécessité. Dans le plus grand respect de l'autre et dans une proximité-complicité remarquable. Emilie Cornillot, sensuelle et aimable créature dansante,  Jullien Gallée-Ferré dévoreur d'espace et de sensibilité, Clémence  Galliard belle et rebelle partenaire.

Ca tourne rond chez Sylvain, en boucle, en ronde fraternelle et devenir soi en serait la plus chaleureuse recherche à travers le duo d'Amour, le trio, le solo: toute forme anti-conventionnelle à saisir quand il est encore temps!

A Pole Sud les 8 et 9 Octobre 

POUR MEMOIRE

.....Écrit en 2023 à Avignon à la Parenthèse:

Sylvain Riéjou • "Je badine avec l’amour (car tous les hommes sont si imparfaits et si affreux) (travail en cours)"
Sylvain Riéjou lève le voile sur sa toute prochaine création, un quatuor en forme de plongée dans les références culturelles qui l’ont bercé, adolescent, et qui ont construit son regard. Fan du film "Dirty Dancing" cristallisant sa propre impossibilité d’alors à danser et à aimer, il rejoue ici la rencontre et la parade amoureuse du film en parallèle avec le lien chorégraphe / interprète. Un vrai-faux dialogue en adresse directe qui, sous couvert de légèreté, explore en profondeur les relations humaines.

C'est de l'humour nu et cru, une rencontre fertile et animée entre un homme qui se questionne sur son identité et son rapport au marivaudage. L'amour, toujours avec qui on ne badine pas: celui qui anime les grandes figures et références de la comédie musicale entre autre...Alors le dérisoire de situations mimées, reconstruites et revisitées par la danse d'aujourd'hui est désopilant, comique, burlesque et touchant.Accompagné de ses acolytes de toujours, Sylvain Riéjou enchante dans ce divertissements aux accents détachés, détournés où ses compères s'en donnent à coeur joie pour se raconter. Julien Gallée Férré, Clémence Gaillard et Emilie Cornillot en vieux routiers de la scène, présents au chapitre des trublions aux accents de danse-langage des signes ou virelangue à la Prévert, jeu de mots, de gestes, calembours chorégraphiques au menu de ce festin de la drôlerie et du détachement.

"Créer des ballets au XXIe siècle": Laura Cappelle fait le point !

 


Enquête sur les nouveaux classiques, de l'Opéra de Paris au Bolchoï

Comment faire vivre et renouveler un art de répertoire dit " classique " et souvent renvoyé, à ce titre, au passé ? Qui sont les chorégraphes qui créent des ballets aujourd'hui et comment se positionnent-ils sur une scène artistique valorisant avant tout la création contemporaine ? Pourquoi les femmes chorégraphes sont-elles si rares dans un domaine pourtant essentialisé comme féminin ?
Voici quelques-unes des questions explorées dans cette enquête au cœur de quatre compagnies majeures – le Ballet de l'Opéra de Paris, le Bolchoï, le New York City Ballet et l'English National Ballet. Attentive au détail des gestes et des corps, cette plongée au sein des studios restitue les interactions qui président au processus de création de nouveaux ballets et interroge leur esthétique comme leur construction.
Réflexion sur les héritages culturels, les manières de les perpétuer ou de les transformer, cette étude met ainsi en lumière les frictions que ne manque pas d'occasionner un art transnational bousculé par les questions d'ouverture culturelle et de diversité, un art entretenu dans des institutions prestigieuses souvent aux prises avec leur identité classique. 

CNRS Editions

"Nouvelle Histoire de la danse en Occident: De la Préhistoire à nos jours": Terpsichore à l'honneur, enfin !

 


Laura Cappelle, William Forsythe
Editions du Seuil - 416 pages
 
La danse représente un réel défi pour les historiens. Art de l’éphémère, elle ne laisse dans son sillage que des traces très partielles une fois évanouie, et continue souvent à être oubliée dans les récits de l’histoire de l’art. Afin de combler ce manque, Laura Cappelle a réuni vingt-sept des meilleurs spécialistes internationaux de la danse occidentale, dont les travaux mettent en avant sur la longue durée, depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours, une multiplicité de techniques et de pratiques. Des premiers indices de transes dansées à la libération moderne du corps, des ballets de la Renaissance à la création chorégraphique actuelle, cet ouvrage décrypte le mouvement à la lumière des dynamiques sociales, culturelles et artistiques qui l’ont façonné en Occident. La danse y est contemporaine, classique, apollinienne, dionysiaque, politique, esthétique, populaire ; de la ville à la scène, elle brouille les frontières et revendique aussi bien l’élévation que l’ancrage au sol, la virtuosité que le dépouillement. Projet essentiel pour que les fruits de la recherche nourrissent la culture générale de la danse ainsi que la compréhension des œuvres et des pratiques aujourd’hui, cette traversée de l’histoire s’adresse à tous les publics.