dimanche 13 juillet 2025

"Le souffle de l'Ill" ne manque pas de fille de l'air! Vingt mille lieues sous les mers...en plongée sous-marine, en apnée.

 


Pour la première fois, une piscine va devenir le théâtre d’un spectacle immersif total, mêlant art vivant et art numérique.

Et quelle piscine !
Les Bains Municipaux de Mulhouse, fermés depuis trois ans, rouvrent pour célébrer leur centenaire avec un spectacle immersif inédit.

Ce lieu Art Déco sera métamorphosé par des projections monumentales et illusions d’optique, redessinant l’espace en constante transformation. Le public, installé au cœur du bassin ou sur les balcons, vivra une odyssée visuelle et sensorielle. Après Terra Alsatia, joué en l’église Saint-Étienne, sur une tranche d’histoire de Mulhouse, Le Souffle de l’Ill propose une aventure onirique dans des terres englouties.


Le spectacle mêle poésie, légendes et figures historiques de Mulhouse embarquées à bord d’une arche mystérieuse. Fontaines aquatiques, danseur aérien, percussionniste envoutant, personnages holographiques sur des murs d’eau, enrichissent cette expérience immersive. L’eau, la lumière, les images et les sons interagissent dans un ballet féerique. Le public plonge dans un monde entre rêve et mémoire. Le bâtiment devient acteur d’un récit aquatique hors du temps. Une célébration artistique totale, entre technologie et émotion.


L’immersion visuelle se fait grâce à 25 vidéo-projeteurs laser de 20.000 lumens chacun, couvrant l’ensemble de l’édifice, du sol au plafond. Création des images par une vingtaine de graphistes et animateurs.Mise en lumière, en complémentarité de l’image par 400 projecteurs. Des architectures de lumières recréées par une vingtaine de faisceaux, formant un plafond virtuel au-dessus des spectateurs. Éclairage des intervenants scéniques à travers une esthétique théâtrale.

Quand l'ancienne piscine municipale de Mulhouse se transforme en Nautilus on embarque avec le capitaine Nemo pour un voyage extraordinaire dans les abysses d'un monument historique remarquable dédié à une mise en espace extraordinaire...De quoi ravir ceux qui ont fait la queue pour redécouvrir la piscine désaffectée de leur jeunesse par un beau soir d'été!Alors an avant pour une odyssée de l'espèce sous marine pour un déroulement d'une histoire rocambolesque et abracadabrantesque plus d'une heure durant d'illusions, de rêves et autres fantaisies extra-ordinaires. C'est l'histoire de Wendélina qui doit se délivrer des griffes maléfiques du baron Klingenberg grâce au chevalier Elias tout droit sorti d'une légende réparatrice. Un conte de fées où le méchant sera vaincu bien sur et les bons récompensés par leur générosité. Le meunier d'abord, père digne et fou adorateur de sa fille, le gamin, détective au service du juste et du bien et les héros historiques évoquant des personnages célèbres nés à Mulhouse...Dont Nusch Eluard ou le réalisateur William Wyler. Histoire et commémoration des 800 ans de Mulhouse oblige! Des personnages virtuels modélisés quasi parfaitement pour faire croire en leur présence à travers textes et dialogues attenants.La magie opère ainsi au creux d'un écrin spatial remarquable: la nef et le plafond de la piscine comme une arche d'un bateau renversé. Les moyens techniques mis en oeuvre s'effacent rapidement au profit d'une ambiance et d'une atmosphère unique en son genre. Les personnages de chair se mêlent et jouent en alternance avec l'irréel, le fantastique, le leurre. 

C'est Wendélina qui ouvre le bal magique et magnétique de ce spectacle hors norme. Une jeune fille délicieuse, charmante, juvénile et innocente dans ce monde de convoitises et de pouvoir. C'est Charlotte Dambach qui incarne avec simplicité et brio ce rôle clef de  ce conte de fée diabolique. Le visage éclairé d'un sourire angélique, la grâce au bout des doigts, les bras enveloppant l'espace dans des tourbillons audacieux. Les pieds dessinant au sol des vasques d'eau éclaboussantes d'un plus bel effet esthétique. Les pieds frôlent l'élément liquide, tracent des cercles concentriques....Elle semble une Sylphide romantique à souhait, diaphane quasi transparente dans une atmosphère de rêve éveillé. Son jeu se borde d'intensité dramatique quand elle est aux prises avec ses pourchasseurs, ennemis de mauvaise fréquentation. Aux anges dans cette atmosphère aquatique semblant dicter aux jets d'eau, hauteurs, niveaux au gré de ses caprices, de ses envies ludiques et autres humeurs juvéniles. Tout de blanc vêtue, quasi fantomatique comme une Wilis du ballet Gisellle. Un technicien manipulateur aérien aux commandes de ces petits exploits de précision gestuelles, Thiebaut Bastian orchestre au diapason anticipation des prouesses dansées avec un poids comme un punching ball: à observer à vue absolument!

Une séquence la magnifie, en déesse, prêtresse des lieux, suspendue dans les airs, une longue traine la sublimant en icône d'une peinture surréaliste ou symboliste. Soulignons ici la beauté des costumes fantastiques signés Marie-Jo Gébel aux mains de fée qui sublime les matières et le textile comme nulle autre. Un hommage à la cité du textile sans nul doute! La danse et la chorégraphie, signées de Brigitte Morel de la compagnie Motus Modules est brillante, saillantes pour s'ajuster au mieux aux exigences du lieu.Les divagations aériennes des danseurs de l'air sont efficaces, sensibles, acrobatiques sans effets de style.

Sobres, magnétiques les évolutions aériennes de Serge Elias défient les lois de la pesanteur, entrainant dans des abysses de pure beauté, de sensations fortes et envoutantes. Du grand art dans le genre chorégraphie éphémère, ludique et merveilleuse pour éveiller les sens et l'imagination. Les costumes une fois de plus soulignant la fluidité des gestes, des parcours aériens ou subaquatiques ambiants.C'est là que se révèle le talent désormais légendaire de Damien Fontaine: mettre en espace dans un lieu inédit une narration, un récit fabuleux, le rendre crédible, lisible pour accéder à l'imaginaire. Le monde du feu, de l'air et surtout de l'eau: celle de l'Ill autant que des profondeurs subaquatiques. 
 

Les lumières signées Loic Marafini font office de toile de fond changeante à l'envi. C'est un enchantement pictural et plastique digne d'enluminures médiévales autant que d'effets spéciaux très sophistiqués.Des être hybrides forment un bestiaire fantastique digne d'une bande dessinée de science fiction originale.Méduses, poulpes voluptueux, poissons fantastiques aux nageoires palpitantes, créatures fantasmées peuplant les fonds marins oniriques.On souligne la profusion d'intentions très réussies au niveau des couleurs, des volumes, des touches colorées chatoyantes phénoménales. De quoi se régaler et prendre son envol, dans des contrées inaccessibles de grande beauté. 
 

Ajoutez la musique imaginée par Damien Fontaine et la performance live du percussionniste André Adjiba perché sur les cursives du bassin et le tour est joué! On regrette juste le port obligatoire des casques audio qui distancie l'attention et l'immersion dans le spectacle...Un monde aquatique rehaussé par la collaboration de Aquatique Show qui trouve ici un berceau de magnificence de toutes ses performances techniques en matière de son et lumières. Des chimères sous-marines demeurent dans les esprits au sortir de cette performance lumineuse et électrique comme la Fée électricité de Dufy trônant dans la nef du musée d'art moderne parisien. Ce ballet volant plein de sorcellerie magique, d'illusion, de leurre bienfaisant illumine un genre délicat, souvent vulgarisé ou prétentieux. Ici tout est luxe, déferlement et volupté et l'on songe à la "chanson du fou" de  Bizet, paroles Victor Hugo:et l'on sort de la piscine comme éclaboussé par cette légende contemporaine sortie tout droit d'un bras de l'Ill en résurgence fantastique comme une source de jouvence salvatrice! A vous couper le souffle dans un vaisseau marin en pleine mer...
 

Aux bains municipaux de Mulhouse jusqu'au 27 JUILLET
"Au soleil couchant,Toi qui vas cherchant Fortune, Prends garde de choir;La terre, le soir,
Est brune.L'océan trompeur Couvre de vapeur La dune.Vois, à l'horizon,Aucune maison Aucune!
Maint voleur te suit,La chose est, la nuit,Commune.Les dames des bois Nous gardent parfois
Rancune.Elles vont errer:Crains d'en rencontrer Quelqu'une.Les lutins de l'air Vont danser 
au clair De lune."


1 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci Geneviève pour ce très beau texte. Brigitte

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