vendredi 30 novembre 2018

"(Elle) retient" Olga de Soto en quête de la danse effacée.....Des "trous" dans l'espace mental.


Préambule
"Avec justesse et émotion la danse d’Olga de Soto retisse les fils de son parcours mais aussi de l’histoire de la danse. Après plusieurs années d’immersion dans la recherche, autour d’œuvres célèbres – comme La Table verte de Kurt Jooss (1932) dénonçant la montée du fascisme – la chorégraphe réinvestit la scène en solo. A la façon d’un corps-archive, ses gestes nourris de traces, pensées, sensations issues de ses investigations, son mouvement se déploie : de l’intime aux questions de l’existence et de la mémoire collective.
Les gestes tour à tour graves ou ténus qui naissent de son corps-archive, laissent fugitivement apparaître ce qu’il retient, bribes de souvenirs intimes parfois mais aussi réminiscences d’une mémoire corporelle longuement affûtée au fil de sa démarche, auprès des artistes avec lesquels elle a travaillé, ainsi que par ses expérimentations et son propre travail de création. Sans compter son investissement dans la recherche.

Durant plusieurs années, Olga de Soto a pisté danseurs et spectateurs d’œuvres les plus politiquement engagées de l’histoire de la danse. Mais, bien loin de se confondre avec un musée de la danse, la posture de l’artiste espagnole, s’est focalisée sur les traces invisibles qui rendent si vivantes au plateau l’histoire des corps et leur propre évolution depuis le siècle dernier. Ce sont les questions soulevées par cette quête et le dépôt de ces traces en elle que la danseuse interroge dans Elle (retient) entrelaçant poétiquement l’écriture chorégraphique à l’investigation documentaire. "

"(Elle) retient"....la danse !
Elle est seule sur le plateau du studio de Pôle Sud, pieds nus, habillée sobrement, bleu et noir; au sol un long fil qui s'enchevêtre, filon de la mémoire, fil d'Ariane, trace une spirale: une poulie lentement le ré-enroule....On revient sur le passé, le temps, on fait marche arrière pour mieux retracer la trajectoire des investigations "historiques" d'Olga de Soto sur la mémoire de la danse, celle qu'elle à vu, celle d'autres ont partagé en leur temps. Elle danse au sol, trouve ses appuis, s'essaie à diverses formes et équilibres, tatone, s'élance peu à peu dans l'espace.Ce qui nous relie au sol, avec virulence ou dans la lenteur. Elle s'étire, se mesure au temps se balance, prend le pouls de son corps, tente des équilibres improbables.
"Retiens, la mémoire de la danse".....
"Incorporer la danse" en mémoire, celle de son complice Vincent... L'intelligence émotionnelle guide sa démarche, "effacer" a du bon nous livre-t-elle modestement avec ses mots. "Chasser la danse" dit-elle en semblant rappeler, reconvoquer certains gestes qu'elle façonne et retrouve, à l'aveugle.
 "Les trous" laissés par les autres, les manques de mémoire l'intriguent, la titillent, la taraude; le temps, les mots inaudibles sous-texte muet lui font imaginer la danse, avec ces mots là qui ouvrent des espaces.
De sa quête à la recherche des "témoins" et acteurs de "La table verte" de Joos, elle nous livre l'énumération de son périple géographique, de villes en villes à saute frontières. C'est drôle et émouvant. Pendant que lentement, le filon se rétracte se réenroule, symbolisant la remontée du temps, de la mémoire. Elle franchit en diagonale l'espace, frappe du pied, écrase, évacue quelque chose: la danse, les souvenirs, les paroles des autres que l'on entend de la bande son diffusée, témoin en toutes langues des rencontres et des propos échangés avec ceux qu'elle a retrouvé.
Beaux "témoignages" de vie! Le "rituel des crocodiles" qu'elle nous conte est superbe et plein de charme, de vérité: ces "habitants" fantomatiques des divers appartements de son enfance.
"Mes cheveux m'écoutent", "je suis un corps éponge": autant d'aveux fertiles de sens, de poids et de sincérité, parmi ces voix enregistrées qui s’emmêlent, se confondent en un joyeux charivari, qu'elle nous traduit simultanément. Des témoignages sur la mort dans "la table verte" lui donnent un rôle de conteuse, paroles sensibles, récits organiques de vécu. Sur les événements dramatiques concernant le Chili, elle laisse sourde la parole de l'autre, se laisse pétrifiée ou envahir par ce qu'elle recollecte...
Historienne du vécu, elle invente à sa façon, une perspective de réactiver la mémoire de la danse, de la ré écrire.
Du sable s'égoutte des cintres comme un "sablier" dans un halo de lumière avec un bruit de bâton de pluie qui crisse
Au final une marche frontale lente, les yeux fermés la conduit vers nous, puis elle disparaît, sereine, toujours à la recherche d'une danse perdue et retrouvée, quête, enquête incessante sur le devenir des mémoires individuelles ou collectives!

A Pôle Sud les 29 et 30 Novembre 

jeudi 29 novembre 2018

"L'homme qui voulait être une île" : carte blanche à Blandine Savetier : être soi, sur la route du soi-même.


D'après le "Livre noir" de Orhan Pamuk, mise en espace de Waddah Saab et Blandine Savetier
 Avec Julie Pilod et Philippe Smith

 Pendant une semaine, jour et nuit dans Istanbul, un jeune avocat, Galip, part à la recherche de sa femme Ruya, qu'il aime depuis l'enfance, et qui lui a laissé une lettre mystérieuse : est-ce un jeu ? un adieu ? Dans le fol espoir de la retrouver, il fouille ses souvenirs et le passé militant de Ruya. Il lit et relit les écrits de Djélâl, le demi-frère de sa femme - un homme secret qu'il admire. Mais lui aussi semble avoir disparu. À la recherche des deux êtres qu'il aime, Galip est en même temps en quête de sa propre identité et, bientôt, de celle d'Istanbul, présentée ici sous un aspect singulier : toujours enneigée, boueuse et ambiguë, insaisissable.
Hommage à la ville natale de l'auteur, Le Livre noir est habité par une Istanbul foisonnante et labyrinthique. Elle s'habille ici d'une dimension ésotérique, vibrante des signes que le héros tente à tout prix de percevoir. 

À la recherche de ses proches, mais aussi de lui-même, le héros de Orhan Pamuk devient un autre lui-même au fil de ce voyage initiatique. Il acquiert une clarté d'esprit qui lui fait toucher du doigt les secrets de l'existence où les identités se confondent dans l'incertain. 
L'écrivain turc signe ici un roman envoûtant, au questionnement perpétuel, semblable par moments à un rêve halluciné.  


Voilà pour le livre

Blandine Savetier s'attelle à ce texte très fort, mettant en scène le prince et son double, son secrétaire. Sa préoccupation essentielle sera de rester "soi même" dans son environnement peuplé de souvenirs, d'hommes du passé influents, d'objets encombrant la mémoire, parasites insurmontables d'une sérénité possible. Etre soi, sur la route de soi dans ce destin voué à l'obéissance. Plutôt renoncer que de se plier à ce qui ne serait pas l'essence de son être Se battre, , se "bagarrer" plutôt que de vaincre ses peurs ou de reculer devant authenticité des difficultés incontournables.
Dans un décor sobre, fait d'une table et d'un banc, éclairé par des lustres évoquant un intérieur princier, par un chemin de lumières, deux personnages dialoguent et sortent de leur soliloque peu à peu.
La folie des grands de ce monde semble héréditaire et incontournable: souverain ou autre quidam, il demeure que l'altérité doit être pièce maîtresse du jeu de la vie ou du pouvoir. Dans de beaux halos de lumière le secrétaire passe d'un champ à l'autre pour mieux tenter de se délivrer lui aussi, des livres, des récits qui lui demeurent étrangers mais dont il a du subir les influences, par éducation, par force!
Cette notion sera tissée durant la lecture-récit, double: jeu de l'acteur avec son personnage,  avec son rôle, avec l’œil qui le regarde... "La scène comme trouble fête de l'énigme d'être soi": le théâtre, en quelque sorte et ses doubles !
Les deux comédiens incarnant avec bonheur et aisance ces être préoccupés, titillés par l'obsession de l'identité, du soi, de l'altérité.

Au TNS dans le cadre de l'autre saison, les 29 et 30 Novembre


mercredi 28 novembre 2018

"Ghostland" : Les Percussions de Strasbourg désincarnées ! Oh my ghost !


Ghost' spell and you !

Spectacle pour quatre percussionnistes, une manipulatrice d’objets et dispositif audiovisuel

"Immersive et envoûtante, la dernière création de Pierre Jodlowski nous plonge dans un espace aux frontières indéfinies. Composée pour électronique et quatre percussionnistes issus des célèbres Percussions de Strasbourg, la partition intègre également le jeu des lumières et l’écriture de l’espace scénique. Prolongée par un grand écran panoramique, la scène se mue en un espace infini, un territoire où les ombres semblent jouer avec les corps.

Spectacle onirique, Ghostland nous ouvre les yeux sur le monde d’aujourd’hui : les « fantômes » dont il est ici question renvoient certes aux êtres chers disparus et aux traces conservées par la mémoire, mais aussi, de manière plus métaphorique, à l’individu pris dans les rouages d’un système qui l’arrache au réel, à soi et aux autres. Sur l’écran, des salles de réunion, de grands bureaux, des espaces froids habités peu à peu par des êtres étranges, fantomatiques… les percussionnistes abandonnent progressivement les instruments qui composent leurs batteries pour jouer avec brio de l’attaché-case et des percussions virtuelles."

Sur la scène quatre grosses caisses, animées par quatre silhouettes en capuchonnées, de noir vêtues; au bord du plateau, derrière un rideau, un corps dissimulé , évanescent, se devine, flouté. Ectoplasme vibrant, futile, passager...Illusion, fantasme, hallucination?
Les quatre lutins noirs percutent sur les peaux des tambours, les caressent alors qu'un son sourd inonde l'espace, trépidant, inquiétant. Sur un écran en fond de scène, des images apparaissent, celles de quatre musiciens devant chacun une table semblant battre une mesure sourde et lente. Images en suspension, comme des leurres des visions énigmatiques, qui lévitent, échappent au sol.Des néons sur les pourtours diffusent un rythme lumineux perceptible et fugace. Comme des taupes travailleuses dans un terrier ou tunnel sonore, les musiciens, étranges créatures polymorphes s'affairent. Des voix susurrées, chuchotantes, murmurant hantent de leurs accents allemand, cet univers de science fiction.
Puis tout divague et nous voilà propulsés dans un univers de travail, de labeur: image d'un loft, , d'un open space en couleurs où des hommes masqués de blanc, évoluent à l'envi; le monde se renverse, se délite, bascule dans une grande fébrilité
Des clowns, des être factices, artificiels dénaturés? Une effervescence, agitation sonore puissante et omniprésente les soutient; des perspectives visuelles s'ouvrent. L'univers étrange de la musique se répand dans un espace multiforme et pluriel.
Des silhouettes se dessinent derrière l'écran, derrière le miroir et passent à tour de rôle, esquissant une danse, une chorégraphie en découpage noir, théâtre d'ombres animées.
Passages d'ombres, de spectres, de danseurs à l'envergure d'oiseaux, de roseaux ailés.
La plasticité du travail scénographique de Jodlowski est pertinent et sied à merveille aux sonorités, aux ambiances, au volume sonre de son opus.De belles reptations dansantes, une chorégraphie des corps des musiciens très engagées dans le répertoire physique, convint et séduit.

 "Gosthland" au Théâtre de Hautepierre jusqu'au 29 Novembre

"Faites danser votre cerveau" !


La danse est une activité qui permet de booster son corps, mais aussi son cerveau.

Partant des progrès réalisés par la neurobiologie au cours de ces vingt dernières années, Lucy Vincent nous explique ici en quoi la coordination de mouvements complexes au rythme de la musique stimule nos connexions cérébrales, en même temps qu’elle préserve notre santé et renforce notre estime de soi.

Vie stressante, épuisement psychique, troubles de l’humeur, difficultés relationnelles, kilos en trop… : il n’y a guère de problème qui reste insensible à la pratique régulière de la danse !

Neurobiologiste, Lucy Vincent est l'auteur de plusieurs ouvrages qui ont été de très grands succès, parmi lesquels Comment devient-on amoureux ? et L’Amour de A à XY.

lundi 26 novembre 2018

Tanz de Max Pechstein !












"Horses" : emportés par la fouge ! Un spectacle très "cavalier" !

Tout public +8 ans. 

Au plateau, cinq enfants, cinq adultes et une même ardeur. Traversé par l’élan des corps l’attention envers l’autre, la confiance mutuelle et entre les générations, la danse de Horses s’attache à témoigner de la beauté comme de la difficulté des rapports humains. Ce spectacle tout en énergie parle de l’envie de grandir et de celle de rester enfant, du pouvoir et de la vulnérabilité, de ce que signifie le fait de porter et d’être porté.
Pour rejoindre cet état, une figure élégante, animale et légendaire s’est imposée : le cheval. Le sentiment de liberté et de puissance qui se dégage entre autres de l’alliance du cavalier et de sa monture, anime nos imaginaires. Vitesse, cadence, amplitude et impulsion font partie des éléments travaillés pour moduler son allure. À petites foulées ou au grand galop, Horses nous conduit vers cette utopie. «Dans l’obscurité s’illumine une chaîne de corps. Quatre enfants, une jeune fille et trois adultes se maintiennent mutuellement en équilibre. Ils sont dans le même temps actifs et passifs, fluides et solides comme des rocs. Ils doivent se faire réciproquement confiance pour conserver leur équilibre, mais également se montrer attentifs aux autres. La justesse et le naturel qu’ils mettent en œuvre à cette fin en disent long sur le processus de création. » Sur les douces mélodies du guitariste Thomas Devos et du saxophoniste Bertel Schollaert, les danseurs de Horses renforcent la puissance cinématographique des images de scène tandis que la pièce questionne nos façons de vivre ensemble. 

A Pôle Sud jusqu'au 27 Novembre en matinée !




dimanche 25 novembre 2018

On the Wall: Michael Jackson entre au Grand Palais !

Cette exposition explore l’impact culturel de la personnalité et de l’œuvre de Michael Jackson dans le champ de l’art contemporain des années 1980 à aujourd’hui.
Michael Jackson est l’une des personnalités culturelles les plus influentes du XXe siècle, et son héritage se poursuit au XXIe siècle. S’il a toujours été considéré comme une référence dans l’univers de la musique, des clips vidéo, de la danse et de la mode, son impact sur l’art contemporain n’a jamais été abordé et n’a jamais fait l’objet d’une exposition internationale comme celle-ci. 
Son influence et sa célébrité ne faiblissent pas, et les questions qu’il a soulevées en tant que phénomène social, en particulier du point de vue de l’identité, de la question raciale et de la célébrité, sont toujours d’actualité. 
Ses chansons, ses chorégraphies et ses clips vidéos témoignent du destin artistique hors du commun de Michael Jackson, source d’inspiration pour de nombreux artistes : Andy Warhol, Lorraine O’Grady, Isaac Julien… Découvrez l’oeuvre et la personnalité du « king of pop » à travers leurs oeuvres !


samedi 24 novembre 2018

"La poésie du mouvement" de Julien Benhamou


Si la photographie est l’art de capturer le temps et de saisir un moment furtif pour l’installer dans l’éternité, alors l’art de Julien Benhamou en est la quintessence. Il est le photographe de la danse, du muscle et du mouvement. Qu’il photographie en plein air ou en studio, ça vole et ça virevolte; le style est aérien, la dynamique construite telle une mesure rythmée.

L'image demeure figée mais l’objet est versatile, volatil, mobile, animé par la cadence: le spectacle est vivant. Julien capture la poésie des courbes et des lignes et nous offre une représentation de l’esthétisme. Le temps est suspendu, tout comme ses danseurs-modèles qui, sous des allures de Dieux Grecs, ne retomberont jamais plus du saut qu’ils viennent d’exécuter.

Première Monographie de l'artiste Julien Benhamou, photographe officiel de l'opéra de Paris, expert dans l'art de la danse, du mouvement et du corps. 

"Eins, zwei, drei" de Martin Zimmermann : à hue et à Dada !


Dans la nouvelle création de Martin Zimmermann, un musée devient le lieu de rencontre d’un trio infernal. Les protagonistes : trois clowns, archétypes classiques du cirque. L’enjeu: le rapport à l’autorité et à la liberté, à la norme et à la folie.



En transfigurant les traditions clownesques par la pratique de la danse contemporaine, Zimmermann façonne un spectacle sans paroles, qui met en avant les langages corporels de trois danseurs-circassiens hors du commun. Accompagnés d’un pianiste, ils font ressortir les facettes tant conflictuelles que comiques des comportements humains dans d’éternels jeux de pouvoir.

Mais qui sont-ils ces trois escogriffes qui sortiront tout droit d'un décor dissimulé, empaqueté sous une bâche, rideau ou housse noire  d'inauguration des statues institutionnelles, les dévoilant sous ces monticules émergents comme des montagnes qui accoucheraient de souris! 
Un pianiste, un vrai, un monsieur Loyal tout de blanc vêtu, costume seyant de parade, une créature non identifiée, entre sorcière à balai et lutin déguenillé avec des oreilles de lapin pendantes, un zombie en haillons et oripeaux, maquillé comme chez Michou....Les Pieds Nickelés de retour? Ou les Deschiens, enfuis de chez les Bidochons?? 
Un Polichinel blanchi, à ventre protubérant, une fée Carabosse calcinée...Bref, notre cabarettiste de fortune nous souhaite la Bienvenue, décalé, déjanté, le verbe facile mais dans un langage inaudible, comme ses compères qui inventent une langue glauque, imagée, sonore et suggestive des émotions diverses. Chef de pacotille, homme de paille, le voilà attelé à diriger les numéros de charme, de voltige, de galipettes en tout genre. En Hugo Ball au Cabaret Voltaire des dadaïstes ; alors que tout droit sorti des bas-fonsd d'un sol de marbre glissant, un horrible zombie surgit, ahurissant de laideur artificielle.
Notre sorcière anthracite glisse, patine sur un sol qui se dérobe, sorte de Chaplin, serveur de la patinoire qui chute à l'envi, comique de répétition des films muets, il va sans dire: le pianiste comme au ciné-concert, ponctue l'affaire avec brio!
Du "carré noir sur fond blanc", d'un Morellet ou d'un Rutault, le décor est "muséal" et référencé. Sommes nous dans l'antre d'un collectionneur, d'un "conservateur" ou d'un curateur d'exposition, peu importe, le sujet titille et tarabuste Zimmermann comme dans "The Square" le film où il est plus question du directeur que du musée!
Unsquare Dance pour cette démonstration vertigineuse de virtuosité corporelle, de contorsionnisme, de glissades enroulées, au péril de la vie de ses habitants étranges, trio de circonstance. Cygne noir, cygne blanc pour parcourir en danseuse, les bras en couronne, les allées du musée, trublion d'une visite guidée déconstruite et loufoque...Vampires ou anti-héros d'un personnage d'une nuit au musée, Belphegor ou le fantôme du Louvre.Les références sont discrètes et peuplent l'univers de Zimmermann.
Un beau statuaire animé, à trois corps mouvants sur fond de stroboscope, un solo de voguing sur tapis rouge, un jeu de cadre de tableau sont autant d'accessoires pour faire narration et dramaturgie.Et quand enfermé comme un César ou un Armand, notre zombie contorsionniste est compressé dans sa vitrine transparente, c'est peut-être à la petite danseuse de quatorze ans , longtemps convoitée dans une vitrine vide que l'on songe!
Foetus comprimé sur son socle de monstration, la bête est somptueuse, belle à regarder: un monstre de foire au musée!
Une technicienne de surface pour faire le ménage qui s'en donne à corps joie en virevoltant à l'envi sur un air d'accordéon, une scène tournante, objet de voltiges périlleuses sur un tabouret improbable, et le côté circassien est bien là, de retour dans ces structures architecturales de prédilection. Descente aux enfers sur fond de batterie live, tonitruante, une mort du cygne blanc, c'est le tour de magie du manager, commissaire, curateur déchu de ce musée en décomposition! On  s'émerveille des prestations de Tarek Halabi, Dimitri Jourde, Romau Runa, Collin Vallon! 
Le sas de sécurité est prétexte à des numéros burlesques croustillants, inventifs, décapants d'ingéniosité et d'humour: tous les gestes de la danse, passé en revue par un vigile, sorcier et maître de ballet de cette bouffonnerie caricaturale et grotesque.
Dada veille au grain dans cette turbulence apocalyptique d'où émerge un chantier final digne de Thomas Hirschhorn, champ de bataille de guerre esthétique, de joutes multiples.
La performance au musée est dignement présente et quelque peu maltraitée, cette permissivité fâcheuse vouée à la critique et aux "règles draconiennes" de sécurité et de bienséance actuelle dans nos institutions muséales. Les pionniers du genre souriraient, les Dupuy où les américains, conquérants de ces espaces publics désacralisés!
Fantastique tableau final, avec un monstre tout de rouge, épineux et menaçant, sculpture dégonflée à bloc comme tout ce "vent", toute cette agitation médiatique de communication et de promotion de l'art institutionnel, voué au mercantilisme ou merchandising
On les quitte en musique sur un très beau morceau de piano: le film est terminé, on remballe les cartons et la silhouette découpée d'un corps absent nous regarde: qui sommes nous cautionneur de cette économie du spectacle vivant, des musées, nefs et cathédrales des temps modernes, lieu de cérémonie suspectes de rites réinventés?

Au Maillon jusqu'au 24 Novembre.




vendredi 23 novembre 2018

"L'histoire de la danse " repères dans le cadre du diplôme d'état"


Auteurs : Nathalie Lecomte, Laurence Louppe, Florence Poudru, Eugénia Roucher, Claire Rousier, Élisabeth Schwartz, Éliane Seguin
Pouvoir se situer dans le temps et dans le monde, prendre conscience d’intervenir dans des pratiques en mutation, mettre en perspective ses choix artistiques : tels sont les enjeux de l’enseignement de l’histoire de l’art chorégraphique aux danseurs en formation. Cet ouvrage de référence a été conçu pour les accompagner dans leur préparation au diplôme d’État de professeur de danse. Il propose des contributions de spécialistes de l’histoire de la danse révélant la grande variété des approches méthodologiques ainsi qu’un vaste tableau synoptique rendant compte de la diversité des genres, des formes et des techniques, du XVsiècle à 1980.
Contributions individuelles ou collectives qui témoignent d'expériences menées dans le cadre de l'enseignement de l'histoire de la danse, objectifs pédagogiques de cette discipline, approches méthodologiques plurielles, tableau synoptique inscrit dans l'histoire - sociale et artistique - visant à rendre compte de la diversité des genres, des formes et des techniques correspondant aux trois options du diplôme d'Etat, bibliographie descriptive proposant un corpus cohérent : cet ouvrage, à destination des étudiants, des professeurs et plus largement des professionnels de la danse, a été conçu pour prendre place dans les centres habilités à assurer la formation au diplôme d'Etat de professeur de danse.

"Chiffonade" : danser "chiffon", chiner , éclore, s'élancer et vivre !


Un costume de « robe-boule », chrysalide en étoffes colorées est à l’origine de ce solo chorégraphique pour les tout-petits. De ce cocon organique s’extrait un corps porté par la poésie de la matière et du mouvement. Ici une jambe, là un bras ou un buste sortent de la carapace . Sur des rythmes de jazz aux couleurs africaines, une cartographie se dessine et invite au voyage.
Quinze ans après sa création, ce solo chorégraphique pour les tout-petits connaît une seconde jeunesse. Après 2 000 représentations, cette pièce emblématique de Carré Blanc Cie a été retravaillée par Michèle Dhallu : Chiffonnade se base sur un costume de robe-boule dont l’étoffe – ce que l’on peut toucher, froisser et plisser – conditionne le regard de l’autre. De cette chrysalide jaillit la vie, tâches de couleur, lianes de tissus. Ici une jambe, là un bras ou un buste sortant de sa carapace ou s’y carapatant.

C'est comme un exosquelette d'oursin, mais tout de feutre blanc, douillet, corolle de fleur d'eucalyptus, fleur éclose Des jeux de mains, de pieds, émergent de cette sculpture vivante qui frissonne, bat la chamade Une jeune femme sort de cette chrysalide fragile, torse offert à la vue, longs bras qui jouent d'un doigté perceptible.
Naissance d'une créature, animal qui se gonfle, se dégonfle puis comme d'une crinoline, ou d'une vesse de loup en bonne maïeutique, émerge le mouvement d'un corps gracieux. Coquillage, crustacé magique, cet habitacle livre son secret, un long ruban, cordon ombilical de fanfreluches colorées. La bestiole est aspirée ou expirée de sa matrice archaïque, abandonne sa "rolling stone" ou son "fat boy" pour explorer le monde des sensations, l'espace, la musique.Des foulards verts sortent de ce grand sac à malice, la chrysalide délivre un amas de tissus qui seront prétexte à jouer, expérimenter l'air et les volumes.Des percussions ethniques, des voix accompagnent cette métamorphose singulière Un paysage se construit, une péninsule, un archipel de tissus dressés ou couchés pour évoquer le monde !
Des îles flottantes pour honorer un corps qui danse, tourbillonne, en suspension, reptation, élévation, très sensuels et dansant De la danse, de la vraie pour enchanter ce public de tous petits bambins réunis dans la petite salle du TJP.
Un vrai petit souk où la danseuse farfouille, lance et projette ces lambeaux de tissus à l'envi. Elle se tapit sur le tapis, petit monde de couleurs, un manchon comme bâton de pluie dans un joyeux exotisme musical.Un petit rituel dansé pour mieux se fondre dans le décor fabriqué in situ de toutes pièces de tissus. Bien être et mimétisme comme credo!
Un baluchon de vagabond au dos sur fond de bruits de sirènes maritimes et le voyage continue, drôle, léger, séduisant, accessible de par sa justesse et sa sincérité. Et soudain sourd du tapis bleu, de l'eau en rigoles de la nappe phréatique ! Sensations nouvelles qui suggèrent à la danseuse, glissades, torsades, spirales et jeux d'eau délicieux: on voudrait bien renter dans son jeu et cette délectation sensitive !
Joie partagée par les enfants émerveillés par cette jouissance non fainte de la danseuse,Suzel Barbaroux, pleine de malice, de grâce et de volupté.Beaucoup d'aisance dans ses mouvements lovés, et cette synergie aquatique est contagieuse : petite patinoire de fortune si pareille à un bain de jouvence
Une vision solaire du monde que cette "Chiffonade" de chiffonnière avertie, chineuse d'images matérielles, d'ouverture sur le monde, en acrobaties extatiques ou simples bonds mus par une énergie sans égal.
On se régale tout simplement de l'intelligence de la pièce chorégraphique, bien dosée, à la mesure d'un jeune public en quête d'expériences sensorielles!

A u TJP jusqu'au 24 Novembre


jeudi 22 novembre 2018

"Minuit moins le coeur" et des poussières: Christophe Feltz à demi-maux.


“24h passées aux urgences il y a un an pour une « douleur thoracique gauche suspecte » qui va se révéler n’être au final qu’une simple « névralgie intercostale musculaire ». 24h d’un véritable cauchemar éveillé où chaque seconde semble des heures, et dans cet espace temps sidéral, ma vie et ma perception de l’existence et du monde ont changé et basculé à jamais.
24h pendant lesquelles toute ma vie a défilé dans ma tête, avec les êtres aimés ou disparus, mais aussi avec tous ceux inconnus à ce jour et à découvrir.
24h hallucinantes de la vie d’un homme, plongé en plein cœur du théâtre de la vie et de la comédie humaine. 24h à toucher du doigt et à mettre en lumière une certaine forme de dénuement, de mise à nu littérale de l’être humain mais aussi de l’homme de théâtre que je suis après 30 ans de carrière.
A ce moment précis de mon histoire, plus de théâtre, juste la vie, et de manière paradoxale ce qui m’intéresse le plus depuis toujours, le théâtre de la vie, la comédie humaine, avec toutes ses surprises, ses doutes, ses peurs, ses rebondissements et ses joies.”
Christophe Feltz

Ce texte parle avec beaucoup d’humilité, de dérision, d’humour mais aussi de sincérité et de profondeur, du rapport du corps à la douleur, de la peur du vide et de l’urgence à vivre. Il nous entretient également du fonctionnement militaire, surréaliste et kafkaïen de ce service si particulier que sont les urgences d’un hôpital...


Entrée en scène hésitante et maladroite d'un personnage burlesque, mi clown, mi acteur...et c'est parti pour un marathon dans le milieu médical des urgences! Plein de médicaments sur son pupitre, un pseudo-conférencier raconte les mésaventures d'un hypocondriaque qui choisit d'aller faire un petit tour aux urgences, histoire de se rassurer sur son état cardiaque!
Crise ou délire, fantasme ou affabulation, le voilà en proie à toutes sortes de personnages, habitants-soignants de ce sas de décompression d'angoisse que sont les urgences où l'on a la pression!
Prendre la tension d'un univers si hostile de réputation, n'est pas chose aisée et Christophe Feltz a mis la barre haute pour prendre la température de cet univers unique, redouté, terrible mais remarquable..
Une vision apocalyptique des couloirs menaçants peuplés d' êtres agonisants, des patients en attente de soins, un déferlement de rêves d'un pays de cocagne que pourrait être ce service médical, ne suffisent pas à en rendre l'horreur ou la poésie. Qui es-tu, pour tu-es (tuer) ce même Christophe Feltz ou ce Philippe Katerine dont on comprendra vite qu'il est ici plutôt question d'illustrer son album fameux de chansons ayant trait à la santé, au corps..
Grand corps malade que ce conteur-narrateur dont l'autobiographie suggérée ne parvient pas à convaincre du bien fondé d'une telle aventure...Malade imaginaire  du spectacle "vivant" qui inspire-expire pour mieux inspirer son auditoire et le faire piétiner sans jamais décoller d'un registre trop connu de jeu de mots ou de circonstances..
Un homme assis dans le couloir qui marche le long de la Seine-la scène-, par temps plus-vieux, moins jeune qu'il naît !
Christophe, as-tu du coeur ? Quand on y rentre sait-on quand on en sort, en mauvais sort... Alors on prend son ordonnance , ce long dazibao où le conteur trace ces maux clefs, de tic en toc, de vip en vmc, et l'on va chez le pharmacien. On va de mal en pis, on décline sans s'incliner dans ce sein sépulcre de la maladie de l'esprit. Pour faire passer la pilule ou penser ses plaies -time, le carnet de santé sera le passeport du bien-naître.

Encore une petite consultation chez le dramaturge pour une petite purge du texte, mettre de beaux spara-draps avant de nous faire essuyer les plâtres d'une création pourtant si prometteuse au vu du sujet!
La note d'honoraires ne sera pas indigeste et pour mieux ruer dans les brancards de la profession d'urgentiste, analyse et anesthésie seraient de mise avant l'opération de consultation.
Trans-portez-vous bien et prenez soin de vous pour affronter de plein fouet cette diatribe, parfois pertinente et cinglante, tendre et poétique à peine encore en gestation.
La salle d'attente est un sas nécessaire pour mieux nous faire apprécier ces bribes prometteuses de corps "pas cuit" sortant du scanner, ce toqué de toc, cet im-patient si charmeur qu'est Christophe Feltz!
Il est minuit moins l'écart docteur Feltz entre les deux aiguilles de la seringue et l'on souhaite être piqué par le vif du sujet; laisser reposer la bonne pâte et pouvoir dire: quoi de neuf Docteur pour la prochaine consultation: se bonifier comme à l’accoutumée, apprendre son texte par "coeur" pour que l'on retrouve notre "coup de coeur" envers notre roi de coeur !
Courez au urgences, il y a panique à l'hopital ! Plus d'ambulances ni de brancardiers au pays de l'absurde et du désopilant ! Allez y vite pour prendre la température du jour !

A l'Illiade jusqu'au 25 Novembre

mercredi 21 novembre 2018

"Réparer les vivants" et "penser" les morts ! Un opus qui vient du coeur !


D’après le roman de Maylis de Kerangal - Version scénique et mise en scène Sylvain Maurice - Avec Vincent Dissez, Joachim Latarjet - Assistanat à la mise en scène Nicolas Laurent. 

Réparer les vivants est un roman de Maylis de Kerangal, paru en 2014. Au retour d’une mémorable séance de surf dans la banlieue du Havre, trois amis ont un accident. Simon Limbres, dix-neuf ans, est en état de mort cérébrale. Ses parents doivent faire face à cette tragédie et à une question qui s’impose dans l’urgence : acceptent-ils que les organes de leur fils soient « donnés » ? Le metteur en scène Sylvain Maurice, le comédien Vincent Dissez et le musicien Joachim Latarjet nous entraînent dans un récit haletant, à la fois épique et philosophique, qui nous fait suivre le chemin du coeur vers un autre corps, à travers les yeux de la famille du défunt et des équipes médicales.


Décor noir, car c'est "dans la boite noire d'un corps de vingt ans" que se déroule l'odyssée passionnante, l'histoire d'un coeur en vadrouille d'un corps à l'autre. Cliniqie, organique, le texte va bon train à travers les mots, les gestes du conteur narrateur qui s'empare du récit. Tapis roulant que ce destin qui avance et dont il devra remonter le cours: petite danse merveilleuse, combat envolé sur ce sol glissant, rappelant la vague qui se dérobe sous les pieds et la planche du surfeur! Jolie métaphore esthétique et parlante, dans ce dispositif où se niche le musicien qui accompagnera, soutiendra ce conte du XXI ème siècle, épopée de la jeunesse furieuse, en proie à un sport aux frontières de la mort. As de coeur que va tirer au jeu de cartes une receveuse, demandeuse de greffe de coeur!

 Chacun des personnages qui interviendront dans cette histoire peu banale est décrit sur son passé et dans cette course contre la montre, en dernier ressort, c'est la vie qui prendra greffe.
La performance de Vincent Dissez est remarquable, conteur, diseur de cette bonne aventure où l'on apprend aussi beaucoup de chose sur le monde médical!
Joachim Latarget pour la résonance musicale à toutes ses ambiances, à toutes ces intrigues rebondissantes, et la pièce gagne en tension, suspens.

Au TNS jusqu'au 1 Décembre


mardi 20 novembre 2018

"What do you think" : Georges Appaix en W : quitte ou double V ! W comme Wonder, la pile !


Coproduction POLE-SUD, CDCN 

A quoi tu danses ?


 Le voici parvenu à la lettre W de son abécédaire chorégraphique. Et Georges Appaix de s’interroger avec ses remarquables complices : « qu’en penses-tu ? » Musiques, danse et parole, tout est prétexte à déjouer les pièges du langage, à basculer dans les ressacs du mouvement et de la pensée. Car ici les interprètes n’ont pas leur langue dans la poche – ils en parlent plusieurs – et les écarts de sens leur donne bien du fil à retordre et de jubilatoires façons d’agir.
Sa dernière création, What do you think ? [Que penses-tu ?], se joue ainsi sur le rythme des phrases. Le rebond des interrogatifs, la plongée des exclamations… Avec six danseurs et interprètes qui s’échangent et se communiquent, par la parole et par les gestes. Tout d’abord, dans le prolongement direct du spectacle Vers un protocole de la conversation, il y a le couple Melanie Venino et Alessandro Bernardeschi. Lequel est rejoint par Carlotta Sagna, qui prend alors le relais de l’échange verbal. Ils se parlent en français, chacun avec l’accent d’une autre langue. Apprenant à se connaître, ils s’enthousiasment, s’interrogent, se questionnent.

A quoi tu danses ? Qu'est-ce que t'en danses ?

Un jeu subtil démarre sous une guirlande de projecteurs et quelques suspensions lumineuses...Georges donne un coup de pédale, histoire de charger les batteries de téléphone portable comme le font les jeunes dans les halls de gare...Et ça marche, de marche en démarche, chacun pense la marche pour de vrai, en "corps" et graphie débridée, joyeuse, insouciante Le verbe prend la parole et le pas sur la danse tourbillonnante de trois d'entre les six personnages sur le plateau. Nus pieds, cette "jeunesse" se lâche, tour de tête en poupe, relâchés, attraction aspirante vers le haut ou le bas.Dans un phrasé, une syntaxe claire, pleine d'humour, des parenthèses et ponctuation, proche de l'écriture livresque. Timide jeune homme qui se découvre cet état de corps, ou pince sans rire d'une longue femme étonnée, questionnante- Carlotta Sagna désopilante, mûre et innocente à la fois-...
 Comme prise en faute d'orthographe ou déni de prose, chacun exprime verbalement ses interrogations, constatations ou découvertes." Faire dire au corps ce qu'on voudrait écrire" dans cette danse qui se love, s'enroule, les corps ouverts, se "délivrant" , livres ouverts sur le monde, pages blanches, volubiles, stabiles. De l'"Arte Povera", sans doute, dépouillé, fait de planches de bois, de totems sans tabous, construction charpentée, pour édifice provisoire!
Et Georges de redonner un coup de dynamo, un souffle de roue de vélo à la Duchamp, et ça danse jerk à toute berzingue pour cette jeunesse affolée de désir, de mouvements débridés.
Deux duos en miroir qui s'imitent, l'un hésitant et drôle sur la danse de couple, l'autre plus abstrait , révèlent ces comédiens danseurs, qui passent de l'un à l'autre sans filet.
Un petit slow par là dessus, des chaises qui se dérobent sous les corps, à peine le temps de s'y poser...Corps armature, poutres et colombages pour évoquer l'édifice qui se construit devant nous, plein de clairs-voies, de claires voix qui causent, jasent et jazzent sous nos yeux.
Ca balance pas mal à W, double V à l'unisson de ce manifeste de la Joie, façon Nietzsche. Un petit Bashung étoilé au firmament du bonheur pour faire se mouvoir ces corps qui pensent et dansent sans cesse Un dernier coup de pédale en danseuse, de beaux collages musicaux très galvanisants, une musique sud-américaine, avec couples et talons hauts et on déroule le tapis bleu, derrière une accumulation de chaises à la Armand. Ca fuse et ça réjouit, chacun y va de son texte ou de sa danse, à sa façon
Au final se dresse un tandem, figure de proue de ce grand navire, contre le souffle d'un ventilateur: on prend du recul, du champ, Duchamp et on recommence éternellement, alors que sur l'écran d'un moniteur, la neige grouille
Quelles belles embrouilles dans ce chassé-croisé sempiternel entre mots et merveilles, entre homme loquace et femme agacée, touchante de sincérité
Pas de langue de bois dans cette forêt où les clairières savent accueillir les fées, leurs faits et gestes insolites et pourtant si naturels!
La valeur attend le nombre des années et chaque pièce d'Appaix sait renforcer sa pensée musicale et chorégraphique, sans rien imposer. Suggérer à travers des personnages incarnés, la pertinence de la danse, médium multiple par excellence et par essence.

A Pole Sud, les 20 et 21 Novembre

Et que dit Perec dans "W" sinon d'écrire des "points de suspension" sur la trame de l'écriture.....
Er lire "Vous dansez" de Marie Nimier !

"La vie en danse" de Cecile Guibert Brussel et Julie Guillem


La danse est le propre de l'homme. Depuis la nuit des temps, on danse sous toutes les latitudes, pour honorer les dieux, pour séduire un/e partenaire, pour se défouler, pour offrir un spectacle. Du flamenco à la salsa, du tango au hip-hop, du ballet de l'Opéra à Martha Graham, ce livre dresse un panorama de la diversité des danses du monde : chorégraphes, danseurs, spectacles ou films cultes... On y retrouve surtout des hommes et des femmes qui ont tout voué à cet art magnifique.
La vie en danse

"Danser Pina" de Rosita Boisseau


Pour la première fois, les danseurs de Pina Bausch racontent : désirs, émotions, intimité et passion !

danser-pina-rosita-boisseauQuoi de mieux pour évoquer l’œuvre de Pina Bausch que les fidèles danseurs de sa compagnie, le Tanztheater. Ils sont une vingtaine à avoir invité Rosita Boisseau dans les coulisses d’une œuvre que certains d’entre eux continuent de faire vivre après la disparition de la grande Pina. Si pour les très nombreux fans, le souvenir de la première représentation demeure un choc, assister chaque année à un nouveau spectacle est de l’ordre de l’addiction. Découvrir ces récits sera pour eux non seulement une délectation mais une révélation. Tout est exceptionnel dans cette aventure collective à commencer par la longévité de la carrière des danseurs, qui n’interprètent pas un rôle imaginé par la chorégraphe mais sont les auteurs de leur propre rôle.
Laurent Philippe, qui depuis 30 ans photographie chacune des pièces du Tanztheater, a plongé dans ses milliers d’images. Ses sublimes images insufflent au livre le même rythme enivrant que les spectacles de Pina Bausch où les solos alternent avec les scènes à deux, à cinq ou à vingt danseurs que l’on ne voudrait jamais voir s’arrêter.

lundi 19 novembre 2018

"La danseuse aux gros seins" de Véronique Sels


A cause de ses gros seins, Barberine ne peut être danseuse classique. Avant de s’affirmer comme chorégraphe à NY, une adolescence difficile : sous-alimentation, bandage de la poitrine, chirurgie. Des chapitres « bis » où Dextre et Sinistre, ses deux seins, prennent la parole. Peut-être un peu artificiel, délié du reste. Ms un roman touchant, original. Sous l’humour, aborde le diktat de l’apparence, le manque de confiance en soi. Sans oublier la danse, qui transporte, la féminité, la maternité.

dimanche 18 novembre 2018

Quatuor Machaut : La nef, voûte céleste du MAMCS pour Jazzdor ! Les vêpres du son en communion


Subjugué par la découverte de la «Messe de Notre-Dame» du compositeur du XIVe siècle Guillaume de Machaut, le musicien Quentin Biardeau a l’idée de la transcrire pour quatre saxophones, puis de l’ouvrir à l’improvisation. Une démarche d’une audace folle et d’une liberté totale, une messe conjuguée au futur antérieur qui associe improvisation libre et musique spectrale, «drone» et polyphonies. À l’occasion de ses 20 ans, les langages des musiques anciennes, contemporaines et improvisées résonnent dans la nef du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg.
Né il y a déjà quelques années entre les murs du Conservatoire de Paris, le quartet Novembre s’interroge sur le rôle de la mémoire dans la perception du temps. Les compositions d’Antonin-Tri et Romain sont séquencées, découpées, mélangées, superposées, et renaissent à chaque fois sous une forme nouvelle. Zapping et collages, jeux de miroirs et ellipses temporelles, sont les outils qui tendent à mettre en valeur un lyrisme fragmenté par le prisme du temps, entre “free music“ et musique contemporaine, Picasso et David Lynch.
Faire vibrer la nef du MAMCS est un défi sonore, acoustique et le voici relevé par le quatuor de saxophones, dispersés au rez de chaussé pour un échange-écho savamment mis en espace, entre les quatre interprètes. Sons puissants, souffles longs et orchestrés en vagues successives ou à l'unisson. Réponses et questions envoyées dans l'espace pour rebondir et diffuser des notes inédites dans cette nef immense, résonnante, majestueuse Une sorte de cérémonie spirituelle musicale qui rassemblait un public, pèlerin du son autour d'un autel sacré dédié à la musique. Une station aux pieds du Christ immense toile de Doré et le tour de magie est joué. La contemplation de l'oeuvre exige une mise en son, grandiose et respectueuse, alors que la Giulietta démantibulée en arrière plan se joue de cette musique déstructurée, improvisée aussi. De la casse à la perfection de Gustave Doré, le torrent est franchi et ce free jazz inonde et submerge l'espace-temps pour un moment de méditation collective partagée Retour dans la nef pour un final endiablé, danse des sons tourbillonnants, au loin l'immense sculpture rose bonbon de Vasconcelos, illuminant la voûte de son clinquant désopilant!
Un concert religieusement écouté par un public nombreux réuni pour cette petite messe du temps présent au sein d'un édifice dédié à l'art en "bonne compagnie" partageuse!

Au MAMCS ce samedi 17 Novembre

samedi 17 novembre 2018

"Noces, feras tu ?" : doux Jésus ! qui l'eut Krutenau franchement ?


«Noces feras-tu?» «Hirot lach'sch dich hin» Notre 25e revue satirique se moquera de tout et de tout le monde. 
Elle passera à la moulinette les politiques locaux, se moquera des Lorrains, parlera du mariage Bas-Rhin et Haut-Rhin, des 400 ans de la Guerre de Trente ans, du Racing, taillera un kimono à «Chilbert» de Colmar qui se lance dans le Kung Fu et caricaturera l'actualité marquante de l'année. Elle n'oubliera pas non plus d'égratigner au passage quelques phénomènes de société en sketch ou en chansons.

 Wie üblich zieht auch diese 25. Revüejedes und jeden durch den Kakao, nach dem Motto lieber lachen als weinen. Zum Weinen ist auf unserer Welt eh schon zu vieles.. Und lachen ist gesund !


S'accoupler, fusionner pour "naître" plus ni haut, ni bas-rhin.....mais bien "nez" s'empare-être ridicule ...Vire-langues, jeux de mots, situations cocasses s’enchaînent deux heures durant pour ce show, 25 ème édition de la revue incorrigible de la troupe de la Choucrouterie ! De la "croupe" de la Chouc qui oscille à propos de l'accouplement, du mariage des départements en faisant des raccourcis linguistiques vertigineux à foison. C'est Roger Siffer qui s'y colle, étoile filante de la revue, pilier et cariatide de l'institution avec ses "potes", les anciens, comme les plus jeunes recrues.
En avant donc pour cette épopée picaresque, où l'on "se passe la bague au doigt", où l'on danse macabre en masques fluo à Fessenheim, où l'on ne contourne pas le GCO, mais on y fonce droit dedans!
L'ancien  maire Kutner de Schiltigheim, transformiste, (Danielle Dambach fait son apparition dans la revue), les maires masculins prenant une tournure féminine Robert Grossman, toujours en ligne de mire !
Un concours de légumes bio -bon pour bobo, paon d'or ou pandore en boite, avec un magnifique costume de paonne pour la comédienne protagoniste et tout semble faire mouche dans cet état du microcosme alsacien, de Mulhouse à Colmar...La carte n'est pas "tendre" et le labyrinthe des lignes de tram se chante dans un superbe solo en hommage aux appellations des stations; chapeau pour les trouvailles dans le texte et l'interprétation!
Un "pierre-cepteur" un conte-roller, une fée-scalité pour l'invasion fiscale et les retenues à la source donnent lieu à un sketch à l'homme sauvage en sot l'y laisse !
Emmanuel, le rédempteur pour une chorale désopilante sur un air de Noel et la crèche est soulevée! On fait des parties de pêche à Muttersholtz, en buvant des canettes de bière sorties de la glacière à appâts ou asticots de tout genres!
Tous les comédiens rayonnent de malice, pince sans rire, astucieux, innocents, gauches ou calculateurs...Ces des Pieds Nickelés, pieds tanqués ou piédestal du rire et de la dérision!
Le Racing piégé sur sa surface de réparation, en prend un bon coup et "bouffeur de flouz" sur un air bien connu de Michel Jonas rend hommage aux horodateurs!
C'est gai, c'est vif, ça pirouette et ça rime avec amourette ce "Noces feras-tu" qui n'a de cesse de démonter pour mieux reconstruire les faits et gestes de nos proches poli petits chiens.
Le Brexit est au rendez vous avec sa banque de sperme interdite et l'on joue à saute-frontières entre Suisse, Angleterre et Alsace à bon escient.
Un solo suprême pour Benalla style Reda Kateb secouant les murs du pouvoir est un vrai régal qui fait hurler de rire le public rajeuni de la Chouc !
Un petit tour chez la tatoueuse pour deux joueurs du Racing et franchement tout est dit dans cette nouvelle revue, cabaret contemporain, comptant pour rien, contant pour rien qui fait du bien!
Reste Gilbert Meyer qui s'échine à chiner dans sa petite bourgade...En lion de Nouvel An avec sa chère secrétaire dont la répartie n'a pas de semblable, sans blague!
Franchement, elle est pas belle la vie à la Chouc croute qui rit ?
Jaune, en gilet pare-balle: le rire ça peut sauver la vie
A la sortie on reçoit un petit Jesus tout nu bonbon de bapthème pour ces noces d'argent: 25 ans que ça dure et surtout que cela ne s'arrête pas !

G.C. (sans O !)

"Noces feras-tu" à la Choucrouterie jusqu'au 24 Mars !

Texte : Équipe de la Chouc' - Mise en scène : Pierre Diependaële & Louis Ziegler - Piano : Jean-René Mourot ou Erwin Siffer ou Thomas Valentin - Avec : Laurence Bergmiller, Sébastien Bizzotto, Arthur Gander, Susanne Mayer, Nathalie Muller, Guy Riss, Jean-Pierre Schlagg, Roger Siffer et Lauranne Sz - Lumière : Cyrille Siffer - Scénographie/costumes/accessoires : Aurélie Thomas et son équipe - Production : APCA-Théâtre de la Choucrouterie

"Oui 25ème revue, 25 pour Pierre, 22 pour moi ! 
Mais on n'a que l'âge des ses artères, 
et il est venu pour nous le temps de passer la main.
La 26ème aura donc un autre metteur en scène, un autre chorégraphe. 
Si j'ai eu quelques coups de sang,
j'y ai eu surtout un paquet de bonheurs. 
Bref, Enfin, j'ai beaucoup appris. 
Le cabaret est un rude métier, 
et la double revue de la Chouc une formidable école
que je souhaite à beaucoup de pouvoir pratiquer.
Hop là :! 
Vive la Chouc "

Louis zIEGLER