vendredi 23 novembre 2018

"Chiffonade" : danser "chiffon", chiner , éclore, s'élancer et vivre !


Un costume de « robe-boule », chrysalide en étoffes colorées est à l’origine de ce solo chorégraphique pour les tout-petits. De ce cocon organique s’extrait un corps porté par la poésie de la matière et du mouvement. Ici une jambe, là un bras ou un buste sortent de la carapace . Sur des rythmes de jazz aux couleurs africaines, une cartographie se dessine et invite au voyage.
Quinze ans après sa création, ce solo chorégraphique pour les tout-petits connaît une seconde jeunesse. Après 2 000 représentations, cette pièce emblématique de Carré Blanc Cie a été retravaillée par Michèle Dhallu : Chiffonnade se base sur un costume de robe-boule dont l’étoffe – ce que l’on peut toucher, froisser et plisser – conditionne le regard de l’autre. De cette chrysalide jaillit la vie, tâches de couleur, lianes de tissus. Ici une jambe, là un bras ou un buste sortant de sa carapace ou s’y carapatant.

C'est comme un exosquelette d'oursin, mais tout de feutre blanc, douillet, corolle de fleur d'eucalyptus, fleur éclose Des jeux de mains, de pieds, émergent de cette sculpture vivante qui frissonne, bat la chamade Une jeune femme sort de cette chrysalide fragile, torse offert à la vue, longs bras qui jouent d'un doigté perceptible.
Naissance d'une créature, animal qui se gonfle, se dégonfle puis comme d'une crinoline, ou d'une vesse de loup en bonne maïeutique, émerge le mouvement d'un corps gracieux. Coquillage, crustacé magique, cet habitacle livre son secret, un long ruban, cordon ombilical de fanfreluches colorées. La bestiole est aspirée ou expirée de sa matrice archaïque, abandonne sa "rolling stone" ou son "fat boy" pour explorer le monde des sensations, l'espace, la musique.Des foulards verts sortent de ce grand sac à malice, la chrysalide délivre un amas de tissus qui seront prétexte à jouer, expérimenter l'air et les volumes.Des percussions ethniques, des voix accompagnent cette métamorphose singulière Un paysage se construit, une péninsule, un archipel de tissus dressés ou couchés pour évoquer le monde !
Des îles flottantes pour honorer un corps qui danse, tourbillonne, en suspension, reptation, élévation, très sensuels et dansant De la danse, de la vraie pour enchanter ce public de tous petits bambins réunis dans la petite salle du TJP.
Un vrai petit souk où la danseuse farfouille, lance et projette ces lambeaux de tissus à l'envi. Elle se tapit sur le tapis, petit monde de couleurs, un manchon comme bâton de pluie dans un joyeux exotisme musical.Un petit rituel dansé pour mieux se fondre dans le décor fabriqué in situ de toutes pièces de tissus. Bien être et mimétisme comme credo!
Un baluchon de vagabond au dos sur fond de bruits de sirènes maritimes et le voyage continue, drôle, léger, séduisant, accessible de par sa justesse et sa sincérité. Et soudain sourd du tapis bleu, de l'eau en rigoles de la nappe phréatique ! Sensations nouvelles qui suggèrent à la danseuse, glissades, torsades, spirales et jeux d'eau délicieux: on voudrait bien renter dans son jeu et cette délectation sensitive !
Joie partagée par les enfants émerveillés par cette jouissance non fainte de la danseuse,Suzel Barbaroux, pleine de malice, de grâce et de volupté.Beaucoup d'aisance dans ses mouvements lovés, et cette synergie aquatique est contagieuse : petite patinoire de fortune si pareille à un bain de jouvence
Une vision solaire du monde que cette "Chiffonade" de chiffonnière avertie, chineuse d'images matérielles, d'ouverture sur le monde, en acrobaties extatiques ou simples bonds mus par une énergie sans égal.
On se régale tout simplement de l'intelligence de la pièce chorégraphique, bien dosée, à la mesure d'un jeune public en quête d'expériences sensorielles!

A u TJP jusqu'au 24 Novembre


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