dimanche 18 novembre 2018

Quatuor Machaut : La nef, voûte céleste du MAMCS pour Jazzdor ! Les vêpres du son en communion


Subjugué par la découverte de la «Messe de Notre-Dame» du compositeur du XIVe siècle Guillaume de Machaut, le musicien Quentin Biardeau a l’idée de la transcrire pour quatre saxophones, puis de l’ouvrir à l’improvisation. Une démarche d’une audace folle et d’une liberté totale, une messe conjuguée au futur antérieur qui associe improvisation libre et musique spectrale, «drone» et polyphonies. À l’occasion de ses 20 ans, les langages des musiques anciennes, contemporaines et improvisées résonnent dans la nef du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg.
Né il y a déjà quelques années entre les murs du Conservatoire de Paris, le quartet Novembre s’interroge sur le rôle de la mémoire dans la perception du temps. Les compositions d’Antonin-Tri et Romain sont séquencées, découpées, mélangées, superposées, et renaissent à chaque fois sous une forme nouvelle. Zapping et collages, jeux de miroirs et ellipses temporelles, sont les outils qui tendent à mettre en valeur un lyrisme fragmenté par le prisme du temps, entre “free music“ et musique contemporaine, Picasso et David Lynch.
Faire vibrer la nef du MAMCS est un défi sonore, acoustique et le voici relevé par le quatuor de saxophones, dispersés au rez de chaussé pour un échange-écho savamment mis en espace, entre les quatre interprètes. Sons puissants, souffles longs et orchestrés en vagues successives ou à l'unisson. Réponses et questions envoyées dans l'espace pour rebondir et diffuser des notes inédites dans cette nef immense, résonnante, majestueuse Une sorte de cérémonie spirituelle musicale qui rassemblait un public, pèlerin du son autour d'un autel sacré dédié à la musique. Une station aux pieds du Christ immense toile de Doré et le tour de magie est joué. La contemplation de l'oeuvre exige une mise en son, grandiose et respectueuse, alors que la Giulietta démantibulée en arrière plan se joue de cette musique déstructurée, improvisée aussi. De la casse à la perfection de Gustave Doré, le torrent est franchi et ce free jazz inonde et submerge l'espace-temps pour un moment de méditation collective partagée Retour dans la nef pour un final endiablé, danse des sons tourbillonnants, au loin l'immense sculpture rose bonbon de Vasconcelos, illuminant la voûte de son clinquant désopilant!
Un concert religieusement écouté par un public nombreux réuni pour cette petite messe du temps présent au sein d'un édifice dédié à l'art en "bonne compagnie" partageuse!

Au MAMCS ce samedi 17 Novembre

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