jeudi 22 novembre 2018

"Minuit moins le coeur" et des poussières: Christophe Feltz à demi-maux.


“24h passées aux urgences il y a un an pour une « douleur thoracique gauche suspecte » qui va se révéler n’être au final qu’une simple « névralgie intercostale musculaire ». 24h d’un véritable cauchemar éveillé où chaque seconde semble des heures, et dans cet espace temps sidéral, ma vie et ma perception de l’existence et du monde ont changé et basculé à jamais.
24h pendant lesquelles toute ma vie a défilé dans ma tête, avec les êtres aimés ou disparus, mais aussi avec tous ceux inconnus à ce jour et à découvrir.
24h hallucinantes de la vie d’un homme, plongé en plein cœur du théâtre de la vie et de la comédie humaine. 24h à toucher du doigt et à mettre en lumière une certaine forme de dénuement, de mise à nu littérale de l’être humain mais aussi de l’homme de théâtre que je suis après 30 ans de carrière.
A ce moment précis de mon histoire, plus de théâtre, juste la vie, et de manière paradoxale ce qui m’intéresse le plus depuis toujours, le théâtre de la vie, la comédie humaine, avec toutes ses surprises, ses doutes, ses peurs, ses rebondissements et ses joies.”
Christophe Feltz

Ce texte parle avec beaucoup d’humilité, de dérision, d’humour mais aussi de sincérité et de profondeur, du rapport du corps à la douleur, de la peur du vide et de l’urgence à vivre. Il nous entretient également du fonctionnement militaire, surréaliste et kafkaïen de ce service si particulier que sont les urgences d’un hôpital...


Entrée en scène hésitante et maladroite d'un personnage burlesque, mi clown, mi acteur...et c'est parti pour un marathon dans le milieu médical des urgences! Plein de médicaments sur son pupitre, un pseudo-conférencier raconte les mésaventures d'un hypocondriaque qui choisit d'aller faire un petit tour aux urgences, histoire de se rassurer sur son état cardiaque!
Crise ou délire, fantasme ou affabulation, le voilà en proie à toutes sortes de personnages, habitants-soignants de ce sas de décompression d'angoisse que sont les urgences où l'on a la pression!
Prendre la tension d'un univers si hostile de réputation, n'est pas chose aisée et Christophe Feltz a mis la barre haute pour prendre la température de cet univers unique, redouté, terrible mais remarquable..
Une vision apocalyptique des couloirs menaçants peuplés d' êtres agonisants, des patients en attente de soins, un déferlement de rêves d'un pays de cocagne que pourrait être ce service médical, ne suffisent pas à en rendre l'horreur ou la poésie. Qui es-tu, pour tu-es (tuer) ce même Christophe Feltz ou ce Philippe Katerine dont on comprendra vite qu'il est ici plutôt question d'illustrer son album fameux de chansons ayant trait à la santé, au corps..
Grand corps malade que ce conteur-narrateur dont l'autobiographie suggérée ne parvient pas à convaincre du bien fondé d'une telle aventure...Malade imaginaire  du spectacle "vivant" qui inspire-expire pour mieux inspirer son auditoire et le faire piétiner sans jamais décoller d'un registre trop connu de jeu de mots ou de circonstances..
Un homme assis dans le couloir qui marche le long de la Seine-la scène-, par temps plus-vieux, moins jeune qu'il naît !
Christophe, as-tu du coeur ? Quand on y rentre sait-on quand on en sort, en mauvais sort... Alors on prend son ordonnance , ce long dazibao où le conteur trace ces maux clefs, de tic en toc, de vip en vmc, et l'on va chez le pharmacien. On va de mal en pis, on décline sans s'incliner dans ce sein sépulcre de la maladie de l'esprit. Pour faire passer la pilule ou penser ses plaies -time, le carnet de santé sera le passeport du bien-naître.

Encore une petite consultation chez le dramaturge pour une petite purge du texte, mettre de beaux spara-draps avant de nous faire essuyer les plâtres d'une création pourtant si prometteuse au vu du sujet!
La note d'honoraires ne sera pas indigeste et pour mieux ruer dans les brancards de la profession d'urgentiste, analyse et anesthésie seraient de mise avant l'opération de consultation.
Trans-portez-vous bien et prenez soin de vous pour affronter de plein fouet cette diatribe, parfois pertinente et cinglante, tendre et poétique à peine encore en gestation.
La salle d'attente est un sas nécessaire pour mieux nous faire apprécier ces bribes prometteuses de corps "pas cuit" sortant du scanner, ce toqué de toc, cet im-patient si charmeur qu'est Christophe Feltz!
Il est minuit moins l'écart docteur Feltz entre les deux aiguilles de la seringue et l'on souhaite être piqué par le vif du sujet; laisser reposer la bonne pâte et pouvoir dire: quoi de neuf Docteur pour la prochaine consultation: se bonifier comme à l’accoutumée, apprendre son texte par "coeur" pour que l'on retrouve notre "coup de coeur" envers notre roi de coeur !
Courez au urgences, il y a panique à l'hopital ! Plus d'ambulances ni de brancardiers au pays de l'absurde et du désopilant ! Allez y vite pour prendre la température du jour !

A l'Illiade jusqu'au 25 Novembre

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