vendredi 13 janvier 2012

"Gina" ou le Casimodo de la danse

 

"Gina" est un one-woman-show raconté avec le corps. Gina joue la diva et rêve d'une vie extraordinaire, tantôt pathétique, tantôt sublime. Impudique et souveraine, sa gestuelle gêne, provoque et déborde littéralement de toutes parts de manière parfois brutale ou absurde. Puis elle danse gracieusement et tout aussitôt se cabre contre les règles de la danse. Elle parle avec son corps, se perd dans ses songes et interpelle le monde en toutes ses langues. La scène devient alors comme sa chambre, un lieu intime où Gina est face à elle-même, avec ses peurs et ses illusions.Gina -Eugénie Rebetez a pour maitre "Zouc", la célèbre comique suisse et les filiations sont claires, évidentes mais jamais plagiaires. Elle se joue de ses formes rondes, comme une danseuse qui fait de sa chair abondante, une matière chorégraphique à part entière.Sculpté par la lumière, son corps avoue toute chose avec pudeur et malice. L'empathie gagne au cours du spectacle avec ce personnage touchant, émouvant, pathétique et affligeant à quelque endroit de son jeu. Elle se rend sympathique en osant le dérisoire, les actes hyper simples, des déplacements et détournements d'objets à la frontière du ridicule, de l'inachevé.Son propos est clair: comme il y a eu des "danseurs grassouillets",  Olivier Dubois, Thomas Lebrun, elle s'expose  franchement et attend notre réaction. Sa technique de "danseuse classique" est impeccable et peut encore surprendre celui ou celle qui penserait que seuls les canons de la beauté font la danseuse....On songe parfois au solo de Vanessa Van Dume, "Regarde Maman, je danse", cette transsexuelle gantoise, chérie d'Alain Platel qui se raconte et livre son corps métamorphosé aux regards du public. A Philippe Menard, aussi et son "P.P.P." figure de la métamorphose de l'homme en femme, au comble de la diversion, de la transfiguration du corps.
Son visage a la candeur de sa générosité à dévoiler ses manques, ses absences d'assurance, ses inquiétudes. Gina est bien seule, même avec nous tous, témoins de son désarroi, de sa vie pleine d'encombrements, d'objets, d'obstacles pour hanter ses moindres désirs, ses moindres actes et déplacements. Ce n'est pas son corps qui est entrave, handicap, c'est  bien le regard des autres sur lui dont elle pose aujourd'hui le questionnement....


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