mercredi 25 septembre 2013

Quand le Philharmonique de Strasbourg prend les rênes de la musique finlandaise

Fin de parcours pour la tournée régionale de l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg, sous l'égide du Conseil Général du Bas-Rhin. Dans le cadre du festival Musica, c'est dans l'Aula du Palais Universitaire que cette dernière soirée consacrée à la "musique finlandaise" s'est déroulée, en majesté
Musique du nord, musique du froid? Loin de nous cette sensation à travers le parcours pluriel, entre répertoire moderne et contemporain que proposait l'orchestre sous la direction de Baldur Brönnimann.
En "entrée", "Deux mélodies élégiaques opus 34 " de 1881 d'Edvard Grieg
Le lyrisme des cordes, en vibrations crescendo confère à "Coeur bléssé" ainsi qu' à "Dernier printemps" des saveurs de voyage au pays du soleil deminuit.
Intimité, délicatesse des tonalités en fond une entrée en matière délicieuse, calme, sereine. Ambiance feutrée et spatialisation créent une atmosphère recueillie, confidentielle qui s'étire au son des violons.
LES AILES DU DESIR
Coup de foudre quant à la pièce suivante, "L'aile du songe" de Kaija Saariaho, actuelle artiste en résidence à l'orchestre.Évocation de l'éther et de la terre, cette oeuvre en deux volets est une ode aux oiseaux, à l'espace, aux rives de la création musicale.
Le jeu et le souffle du flutiste de renom Mario Caroli en font un instant rare, unique. Un jeu volubile, rebondissant, corps et âme lié à son instrument, l'interprèrte prend de la hauteur, s'envole, comme sur des ressorts, par rebonds.De petites percussions stridentes, répétitives, scintillantes l'accompagnent dans son envol élégiaque.Il parle, murmure, respire halète, inspire, expire, alors que les cordes très toniques et tendues forment un contraste en crescendo.Avec brio, ce virtuose saute littéralement, jaillit tel un danseur sous les pulsions musicales qui le portent, l'emportent, le dérobent au sol. Un rapt musical étonnant devant nos yeux: "regardez la musique, écoutez la danse" nous suggérait Georges Balanchine!Puis c'est le retour au calme après cette mouvance tectonique: un solo dans le silence...
Et les percussions très terriennes de surenchérir après cet atterrissage en douceur. On décolle et embarque de nouveaux vers des terres lointaines, inconnues.La clarté d'un ciel pur se dégage, des frissons, de la finesse, du raffinement dans les éclats de musique C'est comme un étirement du temps, un élargissement de l'espace, pour mieux respirer, se poser Des bribes de sons émiettés en mémoire, scandent comme une marche lente, solennelle, timbrée, résonnante.Pas à pas la mélodie avance inéluctablement. Mais une fin en fuite vibrante créez un horizon ouvert, comme un ciel qui se dégage.
Dernière étincelle, dernier souffle de l'interprète, aux ailes d'ange qui se pose, tel un oiseaux , un satellite en fin de course.

De Jean Sibelius, voici à présent "Rakastava opus 14" daté de 1911
Hommage aux cordes, fluidité, flux et reflux de la musique, en vagues successives pour créer une douceur spacieuse, des glissements envolés, du suspens....en suspension!
Des grondements, des roulements de percussions changent le ton en une vaste amplitude sonore
Decrescendo, coloration dansante de la musique pour conférer à cette oeuvre un caractère joyeux, inspiré de folflore etnique, bucolique et pastoral
La contrebasse ponctue le tout, l'atmosphère est "populaire", radieuse, enjouée, entrainante.Un solo de violon, des vrombissements de percussions et le tour est joué: une montée en puissance s'étire, grave, pondérée, mélancolique aussi parfois.....Belle œuvre à écouter dans le recueillement de la félicité.
Sur ces "chemins de l'amant", l'amour, les adieux sont doux et tendres à l'oreille.

"Arena" de Magnus Lindberg est une suite tout en contraste!
Voici une version remaniée de l'originale pour grand orchestre, forme réduite, plus compacte, plus dense à l'écoute.
Pour 16 Bmusiciens, des solos, duos, concertos.
C'est une bouffée de vents, de percussions, très vive, envahissante qui déferle.Comme autant de compressions musicales, d'empilement, d'accumulations de sons par couche acoustique, par strate pour former un chaos tectonique, bigarré, chatoyant, stratifié.
De puissantes échappées belles musicales de sonorités polychromes, protéiformes nous submergent
Tel un désordre, un tumulte grandissant!Telle une course aux sons, qui se doublent, se fuient, s'évitent ou se dépassent dans des trajectoires fébriles.Les ponctuations sonores des vents et percussions, la langueur et longueur des cordes permettent une fusion des sons, des balancements et bercements salvateurs.Les sons y sont projetés comme des fusées dans l'espace.Brisures, ruptures aussi pour déstabiliser l'écoute sont de mise.L'atmosphère est virulente, strdente, tel un déferlement de matières sonores à adopter dans l'instant: un choc où malgré tout la plénitude spatiale des masses et volumes sonores reprendra le dessus sur les impacts des salves tirées dans les résonnances de l'ouie!

Un concert exceptionnel à l'image de tous ses protagoniste, un parfum "du nord" du pays des fiords et des rennes, de l'espace à conquérir, infini, radieux, prometteur!







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