vendredi 29 avril 2016

"So blue" : Louise Lecavalier en verve! La blue lady....fait son Bowie magnétique et flirte avec Karol Armitage !


Plateau dégagé, au sol des plaques blanches strient l'espace, lumières de biais...
Elle est là, Louise Lecavalier, la légende qui bouge plus vite que son ombre , qui virevoltait dans les clips de Bernar Héber "La la la human sex duo N°1" ou celui de Nam June Paik avec David Bowie et Marc Beland en 1988  Wrap Around the World,  chorégraphie : Édouard Lock.
Petits chefs d'oeuvre de virtuosité et d'apesanteur, d'incrustation et d'icones
Souvenirs, souvenirs...Mais la bombe et la furie se réveillent encore dans ce corps sculptural de presque 60 ans, mèche hirsute, blonde platine, en éveil, en alerte, en bond et rebond tétaniques de tout genre.
Affolée, esseulée, la voilà en proie à des mouvements hachés, tectoniques, comme l'instrument d'un désordre et dérangement mental: hystérie: animal traqué, meurtri, inquiété, à l’affût, aux aguets, dérangé par un danger menaçant?
Quelques beaux arrêts sur image pour calmer le jeu, un poirier très yoga qui dévoile son ventre, musclé, façonné par le labeur technique, corps taillé dans le vif, droit comme un crayon ciselé de près.Son partenaire surgit, molosse, colosse de Rhodes, fort bien bâti pour accompagner les débordements d'une femme au bord de la crise de nerfs.
Elle fait son David Bowie, lui son Monsieur Propre, elle tout en noir, style sport décontracté, jogging, soquettes pour mieux glisser au sol.La musique de Mercan Dede est folle, basique, binaire à souhait et épouse les évolutions magnétiques de la danseuse chorégraphe, comme il se doit, aux doigts et à l’œil! Bleu atomique, ralentis salvateurs des mouvements qui délivrent une grâce insoupçonnée...Articulations, découpes, hachures des gestes, fractionnée, arrêtés dans leur course folle contre le temps qui passe, le corps qui s'use et se répare ou se "conserve", intact avec les années de travail acharné sur son être, son outil de travail et de jouissance éperdue.
Reptations, beaux portés (cette fois ce n'est pas elle qui supporte son partenaire), elle semble  le dévorer comme une mante religieuse pas très catholique.
On ne lui donnerait pas le Bon Dieu...sans confession à cette femme de caractère qui sait aussi être tendre parfois!Tout se termine par une image dans des lumières bleutées pour effacer ce rêve d'apesanteur, de virtuosité quelque peu enivrante et agaçante à la longue.
Ovations du public devant cette dépense physique remarquable, perte et essoufflements, affolements et débordements d'énergie à la clef!
Ne serions nous pas les "voyeurs" de cette dépense éperdue où l'on achève bien les chevaux, où l'on participe en empathie à l'épuisement de l'autre qui travaille à corps perdu devant nous?

A Pôle Sud encore ce 29 AVRIL 20H 30


A propos de:
"Elle est la danseuse, et comme éternelle, elle emporte dans son tourbillon tout ce qui passe à sa portée. Sur les musiques de transe techno de Mercan Dede, Louise Lecavalier, figure emblématique de la scène chorégraphique canadienne, se livre à un époustouflant duo. Avec So Blue, en chorégraphe, elle marie l’engagement absolu du corps et la précision des gestes. En interprète, elle donne toute la mesure à son partenaire. Une fascinante danse de l’excès.


Elle fut la danseuse égérie du grand chorégraphe canadien Edouard Lock, l’icône emblématique de sa célèbre compagnie La la la Human Step. Louise Lecavalier et ses tourbillons improbables, inoubliable dès les années 90 et toujours interprète virtuose. On a pu la retrouver plus tard dans un splendide solo chorégraphié pour elle par un autre grand nom de la scène canadienne Benoît Lachambre. À l’opposé de son image antérieure qui semblait défier les lois de la pesanteur, elle opérait tout en lenteur et déconstruction, avec une présence et une qualité de danse fascinante. Elle est aujourd’hui à nouveau transfigurée, surgissant telle une météorite, sur les sons et pulsations viscérales de Mercan Dede, musicien alchimiste qui fait tourner les derviches jusqu’à la transe. Et c’est ainsi qu’elle entame l’espace, sur le tranchant des gestes. Périlleuse et sauvage, elle entre dans toute la démesure de sa danse, d’abord seule puis en duo avec son partenaire Frédéric Tavernini. So Blue est un objet de jeu et de défi offrant un ciel de danses syncopées comme hallucinées. "

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