mardi 3 mai 2016

"Le grand vivant":Thierry Thieu Niang s'enracine dans les mots.

Le Grand vivant
Écrit dans le cadre d’une résidence à la Chartreuse (Villeneuve-lèz-Avignon), ce poème théâtral a été créé lors du festival Hors-Limites de Seine-Saint-Denis le 31 mars 2015 dans une mise en scène de Thierry Thieû Niang. Vincent Dissez, acteur associé, qui interprète le narrateur, propose deux représentations du spectacle pour L’autre saison.
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Un cyclone arrive sur la ville. Un homme regarde par la fenêtre le vent, la pluie malmener les maisons et les arbres. Soudain, il se rend compte que le vieil orme devant chez lui, auquel il se confie depuis longtemps, est menacé. Le Grand Vivant revient sur la personnalité du grand-père de l’auteur, Patrick Autréaux, qu’il suit « au bord de la mort ». Thierry Thieû Niang et Vincent Dissez dansent et disent ce texte comme une marche, un voyage d’approche de la maladie, de la mort et du soin à apporter aux vivants. Portés par la poésie sonore, la voix et le mouvement se rencontrent pour nous conduire au bord du vertige, vers un recommencement
Texte écrit pour la scène de Patrick Autréaux mis en parole par Vincent Dissez et dansé par Thierry Thieû Niang, cette création est un espace de partage qui se vit comme un voyage intérieur poétique et émotionnel. Le Grand Vivant, ce sont des états de corps, des présences qui prennent leurs racines dans la figure du cyclone : la tempête évidemment mais aussi l’oeil dans une spirale, le regard mouvant. Comme le livrent l’auteur et le chorégraphe, ils partagent par le mot et par le corps des moments d’incertitude, un espace ouvert à tous les possibles

J'aurais jamais du m'éloigner de mon arbre
C'est aussi de la mort dont il est question, du tronc, des racines de la vie, de la vieillesse.La danse en contrepoint du texte est solide, massive, habitée par le corps déterminé de Thierry Niang.
Partenaires, complices dans la douleur et la compassion, les deux hommes frappés par l'agonie d'un homme, un père partagent la sensation de lourdeur, de poids, de pesanteur: à l'aveugle, le danseur conduit, frôle, manipule le narrateur qui en toute confiance se laisse guider, éconduire, séduire!
Instant magique de don, de totale confiance l'un en l'autre: amour, amitié, complicité assurés!
Ils le font dans un très beau duo où les corps en contact permanent, se répondent, se confondent, ricochent et grandissent dans de beaux, élans, quelques portés aériens, confiants, accueillants.Alors la tristesse s'efface sur les visages qui s'animent et délivrent une forme de joie contenue. La communication s'établit entre le récitant-lecteur et le danseur-chorégraphe: fusion, émotion emplissent le plateau, l'espace prend corps et le phrasé des gestes se confond avec le sens des mots, l'impact du texte sur nos souvenirs, aussi, ceux de ce que l'on aurait pu aussi vivre: la proximité de la mort d'un être cher
Ici transposée dans un autre monde, celui du rituel, de la magie d'une autre culture, sous un arbre, un orme hanté par un bestiaire fabuleux, animé d'esprits vagabonds qui engendrent le mystère
La boite qui renferme les ossements déterrés, exhumés pour soulager les prophéties ou les superstitions, est bien la résolution de toute cette tempête au dessus de nous!
Et si les cigales se remettaient à chanter, comme au début de ce bel exercice de récitant doublé par une ombre dansante en écho, en ricochets.....
Au TNS, les 3 et 4 Mai à 20H dans le cadre de "L'autre saison"

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