mercredi 18 janvier 2017

"Prévert pour vivre": Christophe Feltz et Catherine Javaloyès ,félins pour l'autre....



Un trio pour évoquer Prévert et tout son univers...Le bonheur est bien dans ce Prévert, ce soir là au Café Brant de Strasbourg, une brasserie conviviale de bon ton. La salle est pleine de convives réunis pour partager le boire et le manger, puis l'écoute attentive de ces trois mousquetaires du franc parlé poétique de l'homme discret que fut Prévert. Attention embarquement pour une heure de spectacle truculent, magique et poétique où s’enchaînent, maille par maille le tricot de 52 textes récoltés , réunis, classés ou en joyeux désordre. Depuis 10 ans déjà les comédiens sillonnent le territoire avec ce morceau de bravoure de référence, avec succès, passion, conviction, habités par les mots, le texte ... Tout près de l'homme, vers son humour noir, sa poésie, son sens du vire langue, des calembours et jeux de mots dans une chanson de gestes fort bien orchestrés et mis en scène."Pressons, pressons", l'heure est grave et joyeuse, comme un ballet musical, ponctué par des bribes enfantines et ludiques de percussions live de Francesco Rees. Du franglais, du verbe pour le meilleur corps d'une mise en bouche subtile des plus fameux ou des plus inédits des vers ou rimes de Jacques....Dans le métro, on rêve, à l'école on tente d'être, on passe son temps titanesque à saute mouton , au dessus des nuages dans l'univers surréaliste de Prévert, parfois durassien ou à la Devos, toutes les filiations se dessinent et l'on jubile, tant il y a à voir et à entendre dans ce "Prévert pour vivre"! Un véritable suspens cinématographique rappelle l'amour de l'auteur pour le cinéma, ses dialogues, ses rebondissements, ses meurtres ...Son cynisme aussi quand Adrien perd la tête et que son corps court encore en corps!
C'est bien construit, joué dans la subtilité, le contraste, l'apnée ou le silence, la fougue ou la discrétion. Étonnez nous encore chers comédiens avec la fuite du roi des cons, le gavage par entonnoir d'un homme sans tête qui la fait mauvaise.Prévert en couleurs ou en noir et blanc comme sur la pellicule !

Plaisir de redécouvrir un parolier, un homme de plumes et de distanciation, un écrivain "populaire" dans un lieu tout aussi convivial
Belle prestation de Catherine Javaloyès, gouailleuse comme Arletty, joyeuse ou paumée, toujours dans la finesse et la bonne dose d'un jeu très physique, chorégraphié dans l'espace tracé par des gestes mesurés, sentis, Christophe Feltz, tout de nuance, de tendresse, pétri d'amour, de douceur et candeur ou de naïveté. De colère aussi, de fureur de désolation: la vie en quelque sorte !
Ce soir là, l'ambiance est aux retrouvailles avec la comédie de la vie, de la justesse sans nostalgie de l'évocation libre de droit d'un magicien du verbe incarné !

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire