jeudi 2 février 2017

"Moeder" :Mama mia ! ou Madre mia! Tout sur ma mère....

duane hanson sculpture


Alors quand le collectif désormais bien connu sur la place, Peeping Tom, revient à la charge, c'est pour s'emparer de "la mère" après avoir tuer "le père": dans la famille Peeping Tom, j'appelle la mère!
Et c'est la mort qui est conviée dans un premier tableau: cercueil habité par un corps sans vie, immobile, entouré de ses proches: mais quelque chose "cloche", comme toujours dans les univers absurdes qui se dessinent devant nos yeux. Un décor qui pourrait être intime, ou public, une salle de musée, des tableaux suspendus, une machine à café: autant d'éléments qui serviront une dramaturgie faite de glissements, de rebondissements, de vire voltes imprévues. C'est ce qui fait le charme et la désuétude de ce spectacle où la mère qu'on voit danser sous toutes ses facettes, fait mouche et "opère". très clinique, anatomiques, ces saynètes qui évoquent, l'accouchement sur fond de Janis Joplin, où la mère éructe chanson  rock et autre cri de guerre, "cry baby". Babil de l'enfant, bruits et sons aquatiques pour planter les mouvements dans le flot de glissades et reptations: on se noie en direct, sous les yeux d'une technicienne de surface, pétrifiée comme les sculptures Duane Hanson .
le musée de duane hanson

Des tableaux vivants d'où sortent les visages, un trio infernal où la dérobade s'avère le rapt d'une toile qui donne prétexte à une filature en règle, une danse de folie collective comme une danse de Saint Guy, stroboscopique, autant de saynètes qui s’enchaînent, absurdes ou surréalistes, on ne sait plus! La vie, la mort, le fœtus dans la couveuse qui a désormais 7 ans et dont les parents bercent encore leurs illusions...Et toujours notre technicienne de surface qui caresse pour l'épousseter, une sculpture sortant d'un cercueil...Le musée est ouvert, bien gardé par deux ostrogothes qui animent de drôles de visites guidées! "Musée hauts, musée bas" comme ceux de Jean Michel Ribes, espaces dédiés à la parodie, sans caricature mais pleine de vérités insolites. Une femme en noir qui virevolte, virtuose de la chute, son bébé dans les bras, un homme dont les "jobs de merde" enchantent notre curiosité: merveilleux danseurs qui nous entraînent dans des atmosphères à la "Dernier train pour Busan", tellement le fantastique surgit aussi de scènes truculentes, danses et gestuelles zombies,films d'horreur (Dodescaden de Kurosawa) ou corps photographiques semblables aux monstres de Joel Peter Vitkin!
joel peter vitkin
Danse buto pour un solo de chirurgien, les bras prolongés par un artifice clinique, tableau d'un cœur qui pulse et ruisselle de sang: tout devient normal et naturel, coule de source ici bas.Quand la machine à café est elle même matrice, utérus , le cordon ombilical n'est pas coupé. On assistera alors aux funérailles de l'engin: on a tué la mère mais elle va resurgir toujours de la mémoire : obsédante, omniprésente,  Alors amusez vous aussi de toute cette galerie de portraits de famille, fenêtres ouvertes, petit théâtre de la camarde ou de la vie, espace de tous les possibles.


Débordante d'imagination, Gabriela Carrizo touche et ébranle nos inconscients collectifs, met à mal nos tracas, nos liens et autres cordons cliniques pour créer un univers unique et singulier où le son est matière à incarner icônes et atmosphères inouïes de la plus belle facture. Plastique et pictural à souhait ce musée ravit et ouvre les portes de la mémoire affective avec passion, engagement dans la déroute et le détournement. On y croise à la maternité, des infirmières enceintes, on y ensevelit sous bâche, des morts vivants.
Matrice de tout fantasme, voici une pièce à conviction, une salle d'attente, un salon de curiosité, cabinet de toutes les surprises. Moeder ou Morder ? Moerder, peut être! La mère morte ne manque pas de sel !"Parle avec elle et vous saurez tout sur les mères !

Au Maillon Wacken avec Pôle Sud jusqu'au 3 Février

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