Anton Tchekhov
Du 31 mai au 6 juillet 2025, nous vous présenterons “La Mouette” d’Anton Tchekhov,
précédée d’une forme burlesque née du tissage de 2 farces. “L’ours” et
“La demande en mariage” seront proposés sous le titre “La demande d’un
ours en Mariage”.
Yann Siptrott et Serge Lipszyc vous convient pour
ce 7ème rendez-vous annuel du Théâtre Forestier au Guensthal, après la
folie de “Molière 401” en 2023 et après “Un songe, une nuit , l’été” de
William Shakespeare en 2024.
Un théâtre de partage et de convivialité au coeur du joyau de Guensthal, chez les Siptrott’s. Tchekhov n’aurait pas rêvé mieux …
La mouette a révolutionné le théâtre. Tchekhov a inventé le théâtre contemporain en ne respectant aucune règle. 4 actes, ça commence fort et ça se finit pianissimo.
Il ne se passe rien . C’est à dire qu’il se passe tout. 10 personnages, nos doubles, nos semblables. On désire et on avance pas. On passe à coté de nos vies, incapables d’influer sur le temps qui nous dévorent.
Le théâtre, on ne peut pas s’en passer. Cette réplique de Sorine éclaire la pièce. Sans théâtre pas de vie, pas imagination artistique, pas d’imaginaire, pas de liens sociaux, pas de mise en représentation du monde et aucun moyen de se guérir de nos maux.
Tchekhov, médecin le sait bien. Il nous trace symboliquement le chemin à suivre. Mais comme toujours, nous nous égarons. Ce n’est pas triste, c’est juste humain.
Jouer Tchekhov implique un travail d’équipe, un investissement d’acteur particulier en rien comparable aux autres . Il faut amener toute l’équipe de comédiens sur ce chemin du trouble et effacer les archétypes de la représentation théâtrale.
Eviter la fabrique, se mettre en jeu permanent, ne pas se réfugier dans du savoir-faire, se brûler certainement. Voilà énoncer de manière débridée quelques pistes qui m’ont conduit, je dirais fatalement, à cette partition après avoir joué ou mis en scène Ivanov, Platonov, Oncle Vania , Sauvage et les trois soeurs. Le théâtre aide à vivre, tout simplement.
Serge Lipszyc
Cette pièce «manifeste » un retour aux sources à l’essence même de notre désir de théâtre.
Avec le théâtre forestier , après les succès de Sauvage et Un Platonov, ce sera le troisième volet que nous aborderons en famille. Famille d’acteurs indispensable pour aborder cet auteur.
Requestionner le désir et le pourquoi de l’art, la recherche de l’harmonie sociale et amoureuse et notre incapacité chronique à convoquer concrètement le bonheur , cela fait de Tchekhov le plus contemporain de nos classiques .
La force de notre engagement et l’énergie : faire de l’utopie vitezienne « un théâtre élitaire pour tous « notre crédo.
LA DEMANDE D’UN OURS EN MARIAGE
d’Anton Tchekhov
Mise en scène et Adaptation Serge Lipszyc
AvecYann Siptrott – Sirmov Pauline Leurent – Madame Popova Patrice Verdeil – Louka dans l’ours et Stepan Stepanitch dans la demande en mariage
Cette fameuse mise en bouche augure de bien du reste de cette après-midi bucolique au sein du Guensthal.. Deux courtes pièces de Tchekhov se partagent littéralement le plateau: "L'Ours" et "La demande en mariage": ces deux comédies en un acte dites "plaisanteries" par l'auteur lui-même s'entremêlent joyeusement sur l'estrade simultanément! Exercice ardu et audacieux pour les comédiens qui se redistribuent l'espace sans cesse à tour de rôle ou carrément entremêlés.C'est dire si l'attention du spectateur se maintient dans un suspens qui balance d'une histoire à l'autre, d'un récit où les personnages se démènent subtilement pour valser judicieusement d'une situation à une autre. D'un côté une demande en mariage orchestrée par un père ambitieux, de l'autre une situation financière à démêler entre une veuve repentie et un futur amant passionné. C'est drôle et décapant, ça frise le vaudeville rocambolesque, le dérapage permanent du jeu des cinq acteurs se divisant un territoire revendiqué. Dans une tonalité haute en couleurs et sonorités vocales puissantes, la farce se fait succulente à déguster au moindre quiproquo frauduleux. Ceux qui campent ces pantins de foire burlesques et très attachants se taillent la part belle dans un registre chatoyant haut en couleurs plein de verve. C'est la veuve tout de noir voilée qui remporte les faveurs, une Pauline Leurent démoniaque et calculatrice, pleine de finesse en rebonds, pistolets au poing et la rage au ventre. De son côté Yann Siptrott campe un propriétaire terrien ruiné à bout qui tombe amoureux de sa proie et fond de générosité débordante. L'autre couple inénarrable, c'est Bruno Journée en malade imaginaire propriétaire de son pré carré et sa belle conquête à séduire' Sophie Thomann, simple et au bon sens près de chez vous!. Et comme médiateur et fauteur de trouble, liant les deux récits, Patrice Verdeil excelle en ingéniosité, malice, complicité et autres tricheries bienfaisantes. On sourit allègrement à ces miniatures de génie au rythme endiablé et l'on quitte ce petit monde survolté loufoque pour aborder la scène où va se dérouler "La Mouette" morceau de bravoure de la soirée..
"La Mouette"
Au coeur de la clairière, près du lac, les comédiens dispersés, de dos, offrent déjà une mise en scène adaptée magistralement au lieu, à ses perspectives, sa profondeur de champs, sa nature enchanteresse, ses résonances sonores inédites. Un jeune metteur en scène en son petit théâtre de poche et de fortune propose ce jour là un texte du cru, joué par une novice pudique, naïve, prude et discrète. Loin d'être des bêtes de scène, ils jouent devant les "grands de ce monde", auteur réputé et comédienne célèbre, à la campagne, ce "trou" de verdure ennuyeux loin de la ville affriolente où ils sont contraints de séjourner. Tous les personnages ont ici leur importance, leur singularité, leur intérêt, portés par un texte, une langue riche et belle qui les magnifie. Charles Leckler,le fils de la diva, divine actrice, Isabelle Ruiz magnétique et mère toxique, se perd dans ses amours et Sylvain Urban navigue dans de calculs savants de pauvre erre: c'est tout un monde où jeunes et vieux s'égarent, se confient, explosent ou se révèlent à eux même et aux autres. Serge Lipszyc campe un vieil homme désabusé mais fort attachant à la démarche chancelante, aux propos pessimistes qui se lamente sur les désenchantements campagnards, cette vie confinée dans "un trou", un désert intellectuel insupportable. .Yann Siprott incarne ce détestable écrivain prétentieux et célèbre qui déstabilise et séduit une jeune comédienne, pure et touchante: c'est Léna Dia, cette future "mouette" sacrifiée qui se cherche désespérément parmi ces êtres malveillants, trompeurs et fourbes, ambitieux ou tout simplement malheureux de leur sort subit et qui y succombent.Dans le cadre bucolique du Guensthal c'est un rêve éveillé au bord du lac que le spectateur vit et pour lequel il vibre sans cesse au diapason des comédiens, eux-mêmes imprégnés de ces déambulations, pérégrinations de verdure. Ce lac prémonitoire, ces allusions à la nature fragile, à la météo du jour qui colle au contexte sont toujours magiques et magnétiques. Pas de hasard, mais une constellations de circonstances favorables au déroulement naturel de cette mise en scène signée de main de maitre par Serge Lipszyc.Les costumes bleu anthracite pour tous, épurés exceptés le chapeau excentrique de notre diva, se fondent dans l'atmosphère plutôt noire de la pièce de Tchekhov: une fois de plus, le "Théâtre forestier" affiche sa singularité: entre sauvagerie domptée et audace révélée, entre respect de la langue et des oeuvres: aller au delà des références et autres adaptations pour nourrir un théâtre engagé, responsable et poétique.Les interprètes pour servir ce répertoire et toutes les petites mains pour servir un entremets aux herbes sauvages, soupe gastronomique servie dans des bols uniques de la fabrication des hôtes: les Siptrott, sculpteurs de légende, facteurs de personnages qui hantent cette singulière Vallée de la Faveur...
Mise en Scène Serge Lipszyc
Isabelle Ruiz : Irina Nikolaevna Arkadina, madame
Trepleva, actrice
Charles Leckler : Konstantin Gavrilovitch Treplev, écrivain, fils d’Arkadina
Yann Siptrott : Boris Alexeevitch Trigorine, écrivain, amant d’Arkadina
Serge Lipszyc : Piotr Nikolaevitch Sorine, propriétaire du domaine, frère d’Arkadina
Pauline Leurent : Macha, fille de Paulina et Chamraiev
Patrice Verdeil : Ilia Afanassievitch Chamraiev, régisseur époux de Paulina
Sophie Thomann : Paulina Andreevna, épouse de Chamraiev, mère de Macha
Léna Dia : Nina Zaretchnaia, actrice
Bruno Journée : Evgueni Sergueevitch Dorn, médecin
Sylvain Urban : Sémione Sémionovitch Medvedenko, instituteur
Scénograpghie : Sandrine Lamblin
Costumes : Maya Tebo
jusqu'au 6 JUILLET
Reprise en Septembre....