dimanche 6 novembre 2011

"Hellerau, l'atelier de l'art du futur": du sur "mesure" rythmique et architectonique pour Jaques-Dalcroze

Le Maillon à Strasbourg consacre une exposition concoctée par Claire Kusching et Anne Mariotte, au foyer culturel pluridisciplinaire,bouillonnant, la cité-jardin de Hellerau en Allemagne,créée il y a 100 ans. Symbiose entre l'architecte Heinrich Tessenow, le théoricien du théâtre Adolphe Apia et le pédagogue suisse Emile Jaques Dalcroze.Mais qui est ce dernier qui a su inspirer et mobiliser autant de forces autour de son projet?
Un musicien, un pédagogue et un théoricien de la danse, né en 1865, disparu en 1950.
De formation musicale et théâtrale il s'appuie sur Mathis Lussy, dont les recherches de pionnier sur le rythme, l'influenceront profondément.Compositeur, auteur de moult chansons, il est professeur d'harmonie et de solfège à Genève, voyage comme chef d'orchestre (les rythmes du folklore algérien arabe l'enchantent)...Il met au point la technique d'apprentissage Dalcroze et peu apprécié dans son pays par son audace, il part à la demande d'un mécène allemand conquis par ses méthodes novatrices mêlant médecine,musique et éducation.
Un institut se construit à Hellerau, pour lui de 1911 à 1914: il y poursuit ses recherches, puis retourne en Suisse dès 1915 où il établit son institut. Il consigne ses méthodes dans un ouvrage en 1920 ,"Le rythme, la musique, l'éducation", met en scène des spectacles pour enfants....Il combat ardemment la notion de "virtuosité" au profit de "l'audition intérieure". Constatant combien le manque d'oreille musicale et le sens du rythme d'une bonne partie de ses élèves font défaut.L'application de règles théoriques ne tiennent pas lieu de musicalité à son sens!
Doué d'un sens aigu de l'observation, il constate qu'il n'y a pas d'élève présentant un défaut de réalisation musicale, "qui ne possède corporellement ce défaut".Il se met à rêver d'une éducation où le corps jouerait lui-même le rôle d'intermédiaire entre les sons et la pensée. Il se met dès lors à faire marcher ses élèves sur les rythmes de la musique, les fait réagir à ses accents,leur en fait traduire par les gestes les phrasés, les nuances, les mesures.Ainsi nait la "Rythmique": il invente des milliers d'exercices dont témoignent plus de 90 volumes manuscrits! Ses observations l'amènent à définir l'arythmie musicale et son pendant, l'arythmie corporelle, puis à trouver les moyens d'y remédier, donnant ainsi à la Rythmique ses assises méthodologiques.
La danse du XX ème siècle en sera fortement influencée: Nijinski s'en inspire pour "Le Sacre du Printemps "en 1913. Il révolutionne ainsi avec Marie Rambert son élève la façon de faire bouger les danseurs sur la musique percussive de Stavinsky.Marcher sur un rythme en faisant des gestes sur un autre: ce sont les accents toniques!(voir ouvrage "les carnets du théâtre des champs élysées" consacrés au sacre) 1990 pages 21/ 54/55
Un exemple radical d'innovation, un homme pionnier et intègre au service des nouvelles visions du corps, de l'art!!!

Rencontre au Maillon à 18H 30 sur Hellerau et intervention de Geneviève Charras sur Jaques Dalcroze le 9 NOVEMBRE

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