Le Festivald'Automne prend toujours les "bons risques" et le retour de Steven Cohen sur la scène de sa dernière édition est un beau challenge.
Ce plasticien, performeur, si proche de la danse, venu de Johannesburg, artiste blanc,homosexuel et juif (on songe à Robyn Orlin, également blanche juive...) nous livre ici une œuvre inédite, atypique, insolite à tout point de vue.Une rencontre d'abord: celle avec Nomsa Dhlamini, femme noire, sud-africaine, juive, 90 ans et quasi incapable de se déplacer.Complices de toujours, elle et lui vont bâtir devant nous une scène primitive, archaïque à la recherche des nos racines humaines, de l'homo-sapiens, du singe, de nos origines.
En bref, une ode au berceau de l'humanité, à partir de l'évocation d'un site classé au patrimoine de cette même "l'humanité", près de Johannesburg.Ces grottes ont inspiré à Steven Cohen, des images filmées lors d'une performance dans ce "berceau", siège de ses fantasmes quant à nos origines et à notre ultime destination: la mort,le corps, ses ossement, son archéologie, sa momification. Les "restes" de notre existence et passage sur terre.Images aussi de primates, dévorant leur propre chair dans leur biotope d'origine. Pas de tendresse ni de mensonge dans cette évocation très crue de la vie animale et humaine!
Nomsa est impressionnante: à moitié nue, dévoilant un corps usé, patiné par le temps, vêtue d'un tutu blanc, symbole de tant de modèles, répression ou domestifications multiples du corps, la voilà qui prend la scène et une heure durant y arpente, lentement, un espace indéfini.Vanité de vanité! Steven Cohen plonge à bras le corps dans un trivial voyage au centre de la terre nourricière, de son élue, notre "Lucy" exhumée pour un soir, spectre bien vivante, errant sur le plateau à la recherche d'un autre. Elle le trouvera en la personne de Cohen, investi dans la performance comme un compagnon, un guide, un appui solide vers une destination inconnue.
Très tendre et émouvante cette pièce fait acte de modeste, d'humilité, de vérité Les deux interprètes, sobres et inspirés demeurent naturels, spontanés, honnêtes et dénués d'égo.Politique, racisme, éthique sont évoqués en filigrane, avec habileté et sans tambour ni trompette, sans didactisme ni prosélytisme. Du bel ouvrage pour conter l'histoire de l'Afrique du Sud, prise à bras le corps. "Nous sommes devenus des enfants anciens, poilus et effrayants". Les grottes évoquées sont "des antres de possibilités, elles ont quelque chose de secret, de caché, de profond et d'obscur", comme cette rencontre amoureuse entre deux êtres marqués par leur histoire, pas toujours très simple, faite de strates, comme le palimpseste de la vie du corps.
dimanche 6 novembre 2011
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