Elle tire sa révérence, termine sa résidence à Pôle Sud à Strasbourg: c'était ce 5 Novembre dernier à L'ENSAD de Strasbourg, une ruche en proie à un doux désordre organisé. L'école des Arts décoratifs, sous la houlette de Otto Teichert, son directeur, accueillait cette "performance organisée", saluant ainsi le travail de tissage de liens étroits qu'il défend entre les arts plastiques et les arts du spectacle vivant.18H : tout démarre avec une joile file d'attente, venue pour assister à ce qui n'aura lieu qu'une fois, un événement, un "event" à la La Ribot, déjà fort riche d'expérience multiples en la matière. Protagoniste de la pièce chorégraphique, vendue comme œuvre d'art à des collectionneurs, la voici en passe de devenir scénographe d'un grand soir, avec sérénité, surveillant ses troupes avec sérieux et bonhomie.Trois performeuses, dont Marie Burger Chassignet en pleine ébullition s'emparent du sujet. Elles attaquent la soirée par des rires convulsifs, se jetant dans la bataille à leur corps défendant. Sur un sol jonché de cartons, elles se donnent à loisir, à l'envi et nous révèlent les contenus linguistiques de ces panneaux où sont gravés au feutre des slogans, tels des accroches publicitaires: "clean up", "Guantanamo beach" sont autant de cris couchés sur le carton, matière brute et abrupte . Pas noble, celle du SDF, du provisoire, de l'emballage. Cela fonctionne comme des cadavres exquis où les mots, les adjectifs sont autant d'injonctions à la révolte, au plaisir, à la provocation. Les alliances hasardeuses et aléatoires en font des rébus chaotiques, surprenants, déroutants. Les trois performeuses scotchent les panneaux au murs qui peut à peu se revêtent d'une seconde peau, tapisserie improbable, îlot de revendications artistiques, proche du monde du travail. On "manifeste" ici comme dans un lieu de labeur. Plaisir ou contrainte des artistes qui semblent obéir au dictat de la chorégraphe? Elle leur fait exécuter une performance physique hors norme:rire aux éclats sans cesse, entre larmes et fou rire. Vêtues comme des travailleuses, techniciennes de surface de l'art comptant pour rien (content pour rien) ou contemporain. Que prendre, que jeter dans cette confusion des lieux, des propos, des genres. Tout est bon chez La Ribot, il n'y a rien à jeter. L'art est bien ce qui rend la vie plus intéressante que l'art. Alors, si la danse, c'est la vie, vous voyez le reste... Pendant ce temps les étudiants des arts déco, affublés de perruques identiques, années 1950, s'ingénient à faire bouillir la marmite: soupe à l'oignon et autres parfums inondent les locaux de l'Ecole transformée ce soir là en vaste laboratoire exploratoire. C'est leur "Sentimental Market" pour marquer leur territoire face à la force et la saine concurrence du spectacle vivant. Aux cuisines (des salles de cours transformées pour l'occasion) le tableau est éphémère et les cuisiniers d'un soir vendent aussi leur "soupe". Trafic intense dans cette grotte, caverne d'Ali Baba, "Laughing Hole"- caverne rieuse-où la démesure fait bon genre. Faut-il en rire ou en pleurer? Dans quel "état de corps" le spectateur est-il investi? La confusion, l'empathie, la sympathie du geste créatif, du processus de création ainsi partagé avec La Ribot et ses complices?
En tout cas, la "danse performative" semble avoir devant elle encore de beaux jours et susciter l'intérêt du public et des initiateurs de cette performance.Jusqu'où, jusqu'à quand?Pour ainsi dire, La Ribot, fauteuse de trouble, de "fête populaire"nous le fait vivre en temps réel: profitons-en et laissons lui faire faire "ses cartons" dans la joie et le délire. On se quitte dans la liesse et c'est bien ainsi!!!
dimanche 6 novembre 2011
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire