jeudi 19 avril 2012

"Two old men": leur chant du cygne" n'est pas pour demain!


Ivan Favier et Bert Van Gorp sont "gourmands" de la vie, de la danse!
Ils se sont rencontrés au sein du collectif "Le Grand Jeu" piloté par Louis Ziegler à l'époque où déjà, ils faisaient leurs premières armes de chorégraphes et apprenaient l'autonomie.
Ivan vient du "ballet classique", Bert plutôt tendance "Alain Platel", la Belgique déjantée!
Leur rencontre fait mouche et le désir de créer ensemble est tout neuf: il se concrétise avec cette pièce toute fraiche et bien  "fresch" présentée à Pôle Sud, coproduite par la Filature à Mulhouse et accueillie par le Ballet du Rhin, dans le cadre de la formule "accueil studio".Bien sûr le compagnie "IF Cie" de Ivan Favier et celle de Bert Van Gorp "Cie Contrecoeur" sont de la partie.
Une voie de garage? Les images vidéo projetées en prologue sont celles de garages privatifs, alignés avec leurs volets roulants...L'âge de la retraite? C'est "l'après-midi" de la sieste, celui d'un faune nostalgique qui n'est plus bondissant.C'est l'âge qui nous tient et pour un danseur, ça compte énormément!
Le décor le ferait croire: tout est rose: la bouée-fauteuil, la perruque d'un faune allongé avec ses cornes de caribou, cerf de carnaval, des bonbons style fraises Haribot et autres friandises colorées tendance guimauve sont de l'aventure. Deux hommes vont investir le plateau et nous conter leurs destinées: photos de famille à l'appui, musiques rétro de leur génération en sus. Le tout bien ficelé pour évoquer leur amitié , leur us et coutumes de danseurs qui répètent, s'entrainent, marquent leur territoire, boivent un coup ou fument un clop avant de se lancer dans le mouvement. "Il me fatigue" murmure Ivan en regardant Bert danser comme un gamin laché dans l'arène! "Vous êtes fatigués" nous lance-t-il. Pas encore, il est temps de nous offrir un duo, un coup de maitre oùl'on vous attend au tournant. De "beaux restes", ils en ont ces deux danseurs, l'un au petit bidon rebondi, l'autre au profil impeccable, corps légèrement "canonique" et quelque peu encore "glorieux". Ils portent tout deux en eux, les traces de leurs histoires et leurs corps se racontent à l'envi.
Jamais pathétiques, toujours souriant ou doutant de l'instant à venir.
Un petit chien en peluche fait des sauts périlleux à leur place et quand ils sont las, c'est la vidéo qui prend le relais et les laisse danser. Du "flasque" il y en a plus dans la gelée, style pouding british que dans leur chair, tonique, dynamique et animée de fébrilité contagieuse. Du "rose c'est la vie", en veux-tu, en voilà, des bonbons pas bons mais si mignons qu'on en mangerait avec eux, histoire de partager de bons moments entre copains de toujours. Ca fait du bien leur petit numéro de charme même si parfois la tension baisse et les forces manquent pour faire une dramaturgie des corps en mouvement.
In fine, la scène se jonche de tous les ingrédients, objets et accessoires de la pièce: les deux hommes s'en font témoins et gagnent les fauteuils de salle pour contempler leur oeuvre, champ de bataille ou de massacre.La musique du "Lac des cygnes" résonne en fond, succédant aux plus beaux morceaux rock et disco de leur jeunesse...
Un chant du cygne ou un signe des temps, un signe d'étang ou l'agitation des eaux dormantes n'est de loin pas terminée pour ces deux escogriffes....Longue retraite à ces deux là, compère et comparses allumés d'un nouveau souffle: celui des bougies de la cinquantaine: bienvenue dans le monde des quinquat de la danse d'aujourd'hui: être de son temps avec ses "os parreseux" et sa carcasse bien huilée encore; ce n'est que du bonheur annoncé. Qu'on se le dise!

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