samedi 4 juin 2016

Carte blanche à Catherine Javaloyès: chateau et cartes sur table! Elle voit "rouge"


A propos de
"Olivier Chapelet a donné une carte blanche à Catherine Javaloyès pour quatre soirées qu’elle composera à sa guise, telle une immersion proposée au public dans l’univers artistique de la comédienne et metteure en scène. Conçues sur le principe du croisement des disciplines et de l’ouverture vers diverses formes théâtrales, ces soirées sont encore actuellement en gestation et réservent donc quelques surprises.
On sait déjà qu’on y partagera quelques mets et que les textes de théâtre, tout comme la musique y tiendront une place de choix. L’ambiance y sera décontractée, chaleureuse et résolument tournée vers la création ; Catherine Javaloyès envisage d’ailleurs d’inviter un certain nombre d’artistes dont elle apprécie le travail à la rejoindre dans cette aventure… Une carte blanche à construire comme un temps partagé, à la découverte des réflexions qui nourrissent les recherches de Catherine Javaloyès et des auteure-es dont elle aime faire entendre la langue."
"Les pieds dans le plat": le festin de Catherine
Suspens donc quant à cette soirée "spéciale" ainsi annoncée!
A quelle sauce allons-nous être mangés, quels morceaux choisis allons nous déguster sans modération?
Tout débute dans le hall du théâtre des TAPS Laiterie: en toast, l'apparition des comédiens, comme une mise en bouche apéritive, un amuse gueule où déjà se profilent, gaieté, humour, sagesse, distanciation: c'est Jean Lorrain qui ouvre le bal! Docte et fripon, il donne le ton, et réplique à un personnage fantasque, hybride, transgenre, en noir et rouge, gainé , accoutré comme une femme travestie en homme ou l'inverse: question de genre! Duo endiablé, cocasse qui augure du meilleur pour la suite des élucubrations et divagations à venir.
 Nous voici embarqués à travers le miroir pour un voyage au long cours. Le périple nous amène à franchir le seuil du théâtre à passer en extérieur, malgré la petite pluie agaçante qui chatouille. Catherine nous convie à découvrir la cour, encerclée des anciens bâtiments de la Laiterie: course poursuite entre un singulier personnage et le gardien du temple, Denis Rondel,un agent de sécurité hors norme, obnubilé, obsédé par les consignes et mesures de protection du public en zone fréquentable "insécurisée". Il basile sans cesse et ramène à l'ordre inlassablement cette tribu fantaisiste, hors "norme"!
On y découvre l'architecture, l'exosquelette du bâtiment: escalier de service à clair voie: idée judicieuse de mise en espace du topic Laiterie qui nous conduit encore plus en avant dans la cour intérieure où là, une femme se cache derrière un jeune arbre naissant dans le béton, une autre derrière la cursive: bref une invitation au voyage linguistique aussi car ils sont loin d'être muets ces fantômes de rouge et de noir affublés, comiques, pince sans rire qui égrainent t des textes, morceaux choisis, pièces tendres, palerons de la littérature: les choix de Catherine pour chacun d'entre les interprètes réunis pour l'occasion sont pertinents, sur mesure!
Il pleut, il mouille mais peu importe, l'entrée dans l'univers intérieur de Catherine se solde par la découverte du théâtre transformé en salle à manger pour le banquet de Platon ou des Sophistes!
A table donc pour l'apéritif, debout à porter un toast à l'avenir proche: on se jette à l'eau à la bouche, à la nage ou au court bouillon, chef au piano ou maître- queux , Grégory Ott et Pascal Doumange,pour la musique!
On va déguster!
Avanti, andiamo, ça continue et les deux grandes tablées impressionnantes seront les frontières entre nous et les comédiens, danseurs, chanteurs qui ramènent leur fraise au gai ris donc de la convivialité!
Pressez le  citron, du chapon melon et tombez dans les pommes en l'air, serait le fin slogan de cette soirée déjantée, où le ton de la satire, du détachement mais de l'engagement total de chacun, démontre le talent de metteur en scène de la maîtresse de cérémonie, Madame Loyale, Maja nue ou  vêtue de Goya, observant son petit monde s'agiter d'un air détaché! Du haut de son canapé de velours  rouge


Catherine Javaloyes

Elle les a bien "dressés" ces fous furieux, indisciplinés, complices, compères pas que d'un soir!
Réunir ces escogriffes émus, animés par la malice et le culot de nous faire partager le "festin de Catherine": car on y mange, entrée de verrines salées, couscous tajine en baeckeofe et desserts raffinés, chic et bon genre ou de bon aloi, à la bonne franquette!
Partageux, convivial, théâtralement responsable et durable, participatif?
Oui, dans l'allégresse et la liesse: chacun y va aussi de son solo, comme les battles hip hopiens: Jean Lorrain en "sadique" , corbeau à l'envergure démoniaque, au balcon de nos peurs, tout en noir quand il n'est pas en maître d’hôtel très stylé, Kristel Kern à la voix prenante dans la mélodie de Christine and the  Queens, La brigade de la compagnie des Talons rouges a l'estomac dans les talons et ne manque pas d'appétit pour dévorer, sentir, mâcher les textes multiples et variés qui séduisent, étonnent par leur singularité.Et les autres convives Jean Philippe Labadie, cocasse et déjanté, Gael Chaillat, séducteur, embobineur, Laure Werckmann, si émouvante dans son "Bang Bang" susurré à la cantonade!
Meneuse de revue, La Goulue ou Grille d’Égouts, de gout, que la Grande Catherine ? Le gout des autres et de la bonne chère, elle les possède et les triture à l'envie et l'on ne reste pas sur sa fin : elle invite ce soir là Jacob Rogozinski à philosopher sur le talon aiguille et l'origine du fétichisme!

Les Talons Rouges, chère Madame ne sont pas innocents dans cette embarquement pour Cythère où Freud et Marx peuvent la boucler après l'avoir si longtemps ouverte! D'ailleurs les hauts talons rouges à la Louboutin sont eux aussi les acteurs de cette diatribe, haute en couleurs: Catherine voit rouge, passe au rouge sans permis de bonne conduite et les codes sont inversés: on vide son vin au vert, passe au rouge et rentre à la maison avec son verre, à pieds!
La Femme est bien le présent de l'homme et tous les auteurs ici conviés au banquet du verbe incarné ne le démentiront pas!

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