lundi 9 avril 2018

Rodin et la danse: abattis rompus !



Une exposition dont la commissaire Christine Lancestremère, conservateur du patrimoine, responsable du service de la conservation fait preuve d'une sensibilité rare au regard du mouvement, de la kinésiologie, de l'énergie, elle même danseuse et passionnée d'histoire de la danse !
Tout y est calculé au niveau de la muséographie pour mettre en valeur plâtres, moulages, terre cuite et un chapitre étonnant sur les abattis, ces formes de corps en miettes qui ont fait évoluer la perception du mouvement chez Rodin, en décomposition et ré-animation comme des structures de pantins articulés.

  • Amas de choses abattues, telles que bois, arbres, pierres, maisons.
  • Abats de volaille, en particulier : pattes, tête, cou, ailerons, foie et gésier.
  • Membres du corps humain.
La chronophotographie n'est pas loin non plus de ces schémas de décomposition du mouvement
L'apesanteur de ces sculptures, mise en avant par des directions, et tête bêche, des inversions de sens qui mettent en lumière les recherches du maître sur le poids, les masses et les appuis. On songe aux chorégraphes d'aujourd'hui (Eden de Maguy Marin, ou Marie Chouinard) pour leur interprétation de ces phénomènes physiques, esthétiques et organiques. Les supports des figurines des " mouvements de danse" sont comme autant de béquilles, de broches cliniques et médicales!
Les "bourgeois de Calais" dansent et "la porte de l'enfer de 1880 contient déjà en germe toute ces gestuelles torsadées, découpées,fragmentées, amputées des corps en mouvement, nus et crus, modelés, sculptés, portés aux nues !

Au printemps 2018, le musée Rodin met en lumière la rencontre de Rodin avec le monde de la danse. L’exposition s’articulera autour de la célèbre série des Mouvements de dansejamais exposée du vivant du sculpteur et d’une cinquantaine de dessins. La fascination de Rodin pour la danse sera évoquée à travers ses rencontres avec les danseuses de l’époque, telles que Isadora Duncan, Loïe Fuller, les danseuses cambodgiennes et Hanako la danseuse japonaise. Un corpus d’œuvres exceptionnelles réunira sculptures, photographies, dessins et antiques, plongeant le visiteur dans un univers de grâce et de poésie.

RODIN ET LE MONDE DE LA DANSE

À partir des années 1890, des expériences nouvelles transforment l’art de la danse, loin du divertissement codifié et mondain qu’elle pouvait être jusque-là. Sensible aux innovations menées, Rodin s’intéresse à des personnalités exceptionnelles, parmi lesquelles Loïe Fuller et Hanako. L’un des points d’orgue de ces rencontres s’établit avec les danseuses cambodgiennes en représentation à Paris pour l’Exposition universelle. À leur départ, Rodin dira qu’ « elles emportèrent la beauté du monde avec elles ». La complicité partagée avec les artisans de cette révolution amène Rodin à lier danse et sculpture dans leur commune exploration des possibilités du corps humain. Rodin s’intéresse à la danse sous toutes ses formes, qu’il s’agisse des danses folkloriques régionales ou orientales, des prestations de danseuses de
cabaret, des principales personnalités de la danse contemporaine ou encore, intérêt qu’il partage avec Isadora Duncan, des pratiques de la danse dans l’Antiquité.  
Voir le catalogue, rare document, précieux, détaillé et fort édifiant !

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