On se souvient du succès de leur premier duo, Happy Hour, accueilli à POLE-SUD, il y a deux ans. Le tandem artistique de Wooshing Machine revient avec une nouvelle pièce, en trio. Maniant avec jubilation les références populaires, le propos de leur danse s’attache mine de rien à la mémoire collective. Ses valeurs, ses usages, ses enchantements et déceptions aiguillonnent les corps et contaminent les échanges savoureux de ces remarquables interprètes et complices de création.
Et pour cette nouvelle pièce, une troisième complice Lisa Gunstone se glisse dans les interstices de la danse, les failles et les brèches d'un espace partagé pour un trio inédit, déconcertant, plein d'impacts forts sur la révolte, la mort, la chute d'un régime politique autoritaire, de l'ère Berlusconi...
Un spectacle incorrectement politique, sur l'agora du plateau dépouillé de Pôle Sud, ce soir là habité par la grâce d'un art tout droit touchant et perméable à l'actualité sur la violence faite à autrui.Un trio de noir vêtu, tout dans la précision illusoire d'une feinte décontraction, les gestes nonchalants, indolents d'une complicité de proximité intuitive.
Un combat de coq, un tête à tête entre deux hommes dans les échancrures s'y glisse une femme qui trouble l'ordre des choses et bouscule le quotidien. Sur fond d'émeute, de soulèvements populaires, révolutionnaires bruissants, ils évoluent, semant le trouble et le soulèvements des corps dans de beaux portés.
On fait bloc, on se jette dans la bataille, on se soulève aussi sur fond de carnaval ondulant.
Fondus au noir et c'est la panique, la course, la dispersion d'une manifestation ouverte sur les barricades. Un chiffon rouge sang en poche ou en étendard... Un petit discours en toge de feutre laineux, en péplum pour descendre le pouvoir et illustrer son effondrement... Les chemises brunes s'écroulent et volent vers le dressing où sont suspendus costumes et accessoires: des perruques grises pour incarner une comédie musicale humaine chancelante. Ca souffle et ça peine devant les obstacles des corps, tendus les uns devant les autres. On s'y tue à bout portant à son corps défendant.Chutes et relevés en boucles, courses et envolées physiques au poing.
C'est burlesque et dramatique à la fois, les corps chutant sous la menace des armes pour mieux se relever, fiers et fluides. Quelques ouvriers de chantiers pour semer le trouble avec casques et on démolit pour mieux reconstruire. On se repend aussi, on se soulève, on se glisse dans la peau de chacun, en bandit, en trublion, en condamnés ou fugitifs. Selon notre point de vue, notre point de mire.
Les salves ne toucheront pas les danseurs, toujours debout et généreux, fantasques et désopilants
Puis on remballe, fait place nette et le show est fini..L'écran s'est rétréci, le vide se fait: il ne reste plus rien après ce grand bal, déballage intempestif du chaos du monde
A Pôle Sud le 18 Décembre
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