lundi 5 septembre 2022

La Pérégrina: "Veni de Libano": le Cantique des cantiques resuscité ! Une perle rare...Comme la part des anges qui se dissout dans le désir.

 


Concert – La Peregrina

20h – Église Saint-Trophime de Eschau dans le cadre du festival "Voix et route romane"

EN PREAMBULE....

"Dans ce programme intitulé “Veni de Libano”, le groupe La Peregrina met en musique le Cantique des Cantiques (10e-14e siècles)et donne subtilement vie au paysage spirituel et tonal. L’ensemble s’efforce de s’approcher le plus possible d’une interprétation transmise dans les sources sans devoir renoncer à une performance vocale équilibrée et harmonieuse.Le son original du Cantique des Cantiques s’est irrémédiablement tu, il y a plus de deux mille ans. Mais un bon millier d’années plus tard, le Cantique des Cantiques s’est à nouveau, et plus diversement que jamais, associé aux sons les plus variés, des antiennes très virtuoses de l’espace germanophone aux motets polyphoniques du Paris du 13e siècle, en passant par une pièce islandaise énigmatique et des représentations dramatiques du dialogue d’amour biblique de l’Angleterre médiévale. Au centre, il y a elle : la belle mariée du Liban qui, dans toutes ces pièces, soit dépeint poétiquement son propre état amoureux, soit est chantée avec amour par l’époux. Son appel « Veni de Libano » apparaît dans la plupart des chansons. La pièce Sicut malum, qui est attribuée à Hildegard von Bingen, occupe une place particulière dans le programme. Les chanteurs de l’Ensemble Peregrina, sous la direction d’Agnieszka Budzińska-Bennett, donnent subtilement vie au paysage spirituel et tonal à plusieurs niveaux des arrangements du Cantique des Cantiques : avec des chants monophoniques et polyphoniques artistiques de la fin du Moyen Âge et avec des pièces musicales uniques qui reviennent à la vie près de 1000 ans plus tard."

C'est plus qu'un miracle biblique que ce concert au sein de l'abbatiale Saint Trophime de Eschau: une envolée, comme la part des anges vers des cieux magnifiés par la grâce des voix féminines: lyrisme et beauté des timbres de ces "instruments" corporels qui vibrent a capella tout au long du concert.

On se laisse bercer par un premier quintet très harmonieux d'une présence soudée des interprètes, toutes dévolues aux sons autant qu'à l'intrigue qui sera "jouée", contée, récitée au fil du déroulement de cette œuvre.Faites de segments courts, sorte de saynètes sonores et vocales, doublées par deux instruments phares:harpe et vièle, la vièle particulièrement succulente sous les doigts de Aliénor Wolteche,délicate, complice gourmande de son instrument. Là se niche l'esprit du Cantique des Cantiques, onduleux, festif, malicieux autant qu'empli de tendresse et de dévotion à l'aimée.Tout semble onduler, même les séquences plus "religieuses", sorte de messe qui ravit et séduit comme une cour amoureuse.Un choeur de voix parfois se forme épousant cette complicité de "récitant" portant la narration avec délice et béatitude.L'ambiance est moelleuse, divine et très digne d'une alcôve. De beaux dialogue vocaux homme/femme se  dessinent et résonnent dans le choeur. De longues phrases comme des mélopées agrémentent la ligne mélodique de magnifiques soli de Grace Newcombe en particulier. Saveur du timbre large et généreux, profond et solide pour servir une ligne mélodique complexe et savante. Ses partenaires sont tout autant inspirées, prenantes, habitées par un contexte parfois très dansant et léger, chaloupé et évanescent. Voici un Cantique quasi érotique dans la suggestion très audacieuse d'atmosphères séduisantes et langoureuses. Tel la part des anges qui s'évapore sous la voute de l'abbatiale, cadeau des saints et des dieux du lieu béni par tant de grâce et de félicité. La richesse du sujet l'emportant pour celui qui suit le livret du programme et déguste toutes les subtilités d'un énoncé précieux, racé, poli et discret autant que tempétueux.Un concert plein d'élixir, de poésie à distiller sans modération !

 ET POUR FINIR...

L’Ensemble Peregrina, fondé en 1997 par la chanteuse et musicologue polonaise Agnieszka Budzińska-Bennett à Bâle, recherche et interprète la musique sacrée et profane de l’Europe du 9e au 14e siècle. L’ensemble s’intéresse principalement aux polyphonies anciennes et aux répertoires monophoniques de l’école Notre-Dame et de la nova cantica aquitanienne ; l’objectif étant toujours de rechercher un « contrepoint » créatif au courant dominant dans les sources moins connues. Les programmes de l’ensemble se caractérisent par un choix minutieux des thèmes et des pièces, en accordant toujours une attention particulière à leurs interrelations textuelles et musicales. L’interprétation et le style de Peregrina s’inspirent des sources et des traités originaux, ainsi que des dernières recherches musicologiques et historiques. L’ensemble s’efforce de s’approcher le plus possible d’une interprétation transmise dans les sources sans devoir renoncer à une performance vocale équilibrée et harmonieuse.

Distribution

Agnieszka Budzińska-Bennett, harpe et direction
Lorenza Donadini, chant
Hanna Järveläinen, chant
Grace Newcombe, chant et harpe
Witte-Maria Weber, chant
Matthieu Romanens, chant
Aliénor Wolteche, vièle

 le vendredi 2 Septembre ST TROPHIME Eschau

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