Après un prélude au texte poignant de Daniel Keyes, en écho à l’exposition" Les interstices" de Frédéric Stucin, le comédien Luc Schillinger accompagné d’Arsenio Quichotte au saxophone l'ont présenté samedi dans toute son étendue dramaturgique.
Dans le cadre de l'exposition photographique"Les interstices" de Fred Stucin à la Galerie Stimultania voici un duo percutant, une rencontre de choc entre une "nouvelle littéraire" et deux artistes complices d'une lecture judicieuse. Le choix du texte s'imposait:
Algernon
est une souris de laboratoire. Après une opération du cerveau, elle
devient très « intelligente »… Alors la même opération est tentée sur
Charlie Gordon, un humain simple d’esprit. Guidé par Miss Kinian, son
professeur dont il est secrètement amoureux, il s’approche du génie…
Mais un jour, le processus commence à s’inverser chez Algernon. Et Charlie Gordon prend conscience de ce qui va lui arriver…
Mais un jour, le processus commence à s’inverser chez Algernon. Et Charlie Gordon prend conscience de ce qui va lui arriver…
C'est ce ce roman ou nouvelle réadapté pour l'occasion par Monique Seemann que partent nos deux artistes. L'un, conteur, lecteur et comédien, l'autre, musicien avec ses deux saxophones en écho. Le personnage prend corps au fur et à mesure de la lecture: de naïf, simplet ou handicapé mental attirant empathie, bienveillance mais aussi moquerie, le voici à la recherche de l'intelligence qu'il convoite tant. Des tests lui sont proposés: celui de "la tache d'encre de Rorschach", tarte à la crème de la psychiatrie. Il faudrait y voir des formes paréidolies, mais notre homme n'en voit pas! Ravi, béat, Charly rêve et se confronte à la médecine expérimentale avec ravissement et joie.Les autres l'entourent, le considèrent, le choient. Mais tout va s'inverser avec l'opération et sa petite souris qu'il poursuit en vain dans son labyrinthe le tarabuste. Va-t-il réussir à la doubler ? Chose faite avec succès et notre homme devient hyper intelligent, asperger et du coup les autres le renient...L'innocence, la franchise se dessinent si bien sur le visage de Luc Schillinger, sa naïveté, se fraicheur le poursuivent à travers la salle d'exposition dont il côtoyé les visages affichés, photographiés tendrement avec respect et dans une belle proximité intuitive. Le dialogue avec ces œuvres résonne de concert avec les sons et mélodies du saxophone de Arsène Ott, au diapason du jeu, de la lecture, des accents du comédien. Vibrant aussi en résonance avec le contenu, le sens de ce monologue aux multiples aspects, visages. En entremets ou en couverture bordeuse des mots du récitant. Improvisations et sons frappés sur l'instrument comme de petites touches de suspense, d'inquiétude, de question. Le binôme fonctionne à merveille, à l'unisson ou en alternance et l'on suit ce voyage dans le mental et l'univers psychiatrique avec émotion, intérêt, empathie.
Une belle rencontre unique, inédite, inouïe entre texte et photographies, menée de main de maitre par deux interprètes complices.
Autour et avec les photos de l'exposition:pendant un an, le photographe Frédéric Stucin s’est installé dans la cafétéria accolée au service psychiatrique de l’hôpital de Niort pour y observer les « interstices », photographiant patients et soignants : en résulte un doux ensemble de quatre-vingt-deux photographies sur ces lieux de soin souvent stigmatisés.
A la Galerie Stimultania le samedi 25 MARS
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