jeudi 20 juillet 2023

Les indisciplinaires au festival IN d'Avignon 2023: vive le sujet!..... à vif: des tentatives vivantes.... Ah, ça ira, ça ira .....


Vive le sujet! Tentatives SERIE 1avec la SACD
 

"Ce qui restera secret"

Le rêve secret d’Auguste est d’être un jour chanteur dans un groupe – c’est une des raisons qui l’ont poussé vers Alex, la chanteuse du duo punk Siksa. Ensemble ils créent What will remain secret  - Ce qui restera secret : une invocation souterraine réanimant les secrets du fond de la cour de récré, ceux qui se cachent à l’orée des oreilles où ils ont été prononcés, juste sous la peau qu’ils ont fait frissonner ou entre les parcelles de terre dans lesquelles ils ont été enterrés. 

Auguste et Alex ne portent plus les prénoms qui leur ont été donnés à la naissance. Dans What will remain secret - Ce qui restera secret iels invitent leurs enfants, qui ne portent plus leurs noms, à réenchanter ou réenfanter leur corps. Iels chantent pour agiter les souvenirs et dansent pour construire des cabanes où les faire reposer. 

Ce sont deux charmantes créatures androgynes qui s'offrent à notre regard aiguisé par cette gémellité extraordinaire entre ils-elles. Deux figures de la jeune création scénographique qui déjà ont fait leur bonhomme de chemin sur les sentiers de l'âne loin des autoroutes de la scène. Auguste-le clown blanc- et Alex comme deux faunes faunesques, sobres, très malins et plein de désuétude. Deux corps souples, singuliers, filiformes, graciles et gracieux. Pour nous raconter leurs rêves, leurs ambitions avec légèreté: c'est touchant, efficace et plein de poésie , sobre et mesuré: une complicité véritable s'y développe sans gêne ni démonstration.L'empathie avec les deux personnages auteurs d'un très beau texte sur les errances de l'enfance qui accompagne la fiche de salle.Autant de naïveté, d'ingéniosité, de tendresse et de douceur à partager.

Avec Auguste de Boursetty, Alex Freiheit

 



"Ampawa"

L’apocalypse, nous l’avons déjà traversée. Plusieurs fois nous sommes morts, et inlassablement nous sommes revenus à la vie, le corps raturé par une amnésie orchestrée. Dans cet ultime rituel, ici là-même, nous devrons déchirer notre peau pour enfin retrouver le souvenir de qui nous deviendrons.

Dans une écriture reliant oralité, corporalité et musicalité, la performance nous transporte dans un entre-mondes, pour y vivre l’expérience d’une initiation libératoire.

Elle est forte et rebelle cette femme qui dialogue avec son musicien. Elle apparait empanachée, sensuelle érotique et belle dans la fulgurance d'une interprétation très incarnée. On lui doit un moment de pure sensualité, de délice partagé autant par la douleur que par le plaisir: celui de se donner entière à la cause d'une performance mêlant costumes, danse et musique avec radicalité.

Avec Daniely Francisque, Mawongany
Texte et mise en scène Daniely Francisque

 


"Occupation"

"Occupation est pensée comme un manifeste chorégraphique. Une danse qui mêle la tradition gestuelle, dansante, musicale de la culture wayuu avec une vision plus contemporaine. Une danse que documente la situation de violence et tension qui se vit dans le territoire de la Guajira en Colombie, depuis l’implantation des entreprises multinationales. Avec cette pièce nous souhaitons créer un geste témoin, une danse documentaire qui traverse la réalité et la fiction, une danse capable de se manifester, de se révolter contre les establishments d’une domination coloniale imposée au peuple wayuu encore de nos jours.   L’action de manifester nous invite à construire un espace fictionnel qui mêle les récits des habitants de la Guajira (région frontalière entre la Colombie et le Venezuela où est installé le peuple wayuu), la danse de la Yogna (rituel de passage de la jeune fille wayuu à l’adolescence), les archives organisées et compilées autour de la question de l’occupation de leur territoire et les dégâts produits par l’entreprise El Cerrejón avec l’exploitation du charbon et la privatisation de la seule rivière qui permet un accès à l’eau de la région."

Ce sont trois fantômes rouges qui surgissent des portes grandes ouvertes du fond de scène du jardin de la Vierge. Trois créatures mouvantes, sans identité qui s'avancent vers nous, menaçantes, inconnues. Très bel effet de perspective plastique, ondoyante, mystérieuse, intrigante.La culture Wayuu est présente, forte et se met en scène dans cette violente couleur dérangeante. Sanglante qui fait référence à la domination coloniale sans aucun doute. Anonyme crime et bourreaux masqués s'animent puis se dévoilent Tentative réussie d'impressionner, de faire peur et de prendre le pouvoir des images fortes qui portent en elles, sens, gravité et questionnement.
 
Avec Lazaro Benitez, Astergio Pinto, Isabel Villamil
Conception et chorégraphie Lazaro Benitez

 

 



"L'Entente"

« Je vis de tout ce que les autres ne savent pas de moi. » (Peter Handke) Extérieur nuit, à l’Ouest. Un agriculteur confie son histoire à un musicien.
Un traumatisme sonore. Un soir, le premier a perdu l'oreille. L’autre, récemment, la trace de son désir. Pourtant, cette nuit là - alors que des présences sans visage frémissent autour d’eux - les deux inconnus s’entendent avec l’acuité des premières fois.Que peut l’écoute ?
Composé d’un récit dénudé, raconté les yeux dans les yeux, et d’une musique aux fréquences acérées et à la mélancolie latente, L’entente s’offre comme une fable - en mouvements - sur la surdité, l’attention, et ce qui bruisse au fond de nous.

Un homme sauvage ça ne s'invente pas, celui qui nous hante, qui perturbe l'espace et surgit dans l'univers de deux êtres en état de corps dansant, pensant. Celui qui se glisse et tente de vivre, de survivre parmi nous comme un spectre de feuilles, d'arborescence. La pièce marque par sa dimension onirique qui vient perturber le réel et instaurer magie, surprise et empathie.Trouble et peur de l'autre qui tente de se faire apprivoiser, monstre ou chimère.

Avec Clément Gyselinck, Gabriel Legeleux (Superpoze), Blandine Rinkel
Texte et mise en scène Blandine Rinkel
Musique Superpoze
Chorégraphie Clément Gyselinck


"Jeune Mort"

Jeune mort est un récit violent, à vif. 
Le récit d’un embrasement. Le récit d’une jeunesse brisée qui ne retrouve flamme qu’à l’ultra-droite. L’histoire d’un jeune homme, nouvellement employé aux espaces verts d’une ville anciennement industrialisée, qui rencontre Frédo, un collègue avec qui il se lie d’amitié. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est que Frédo est un militant politique convaincu de l’ultra-droite française.  Et lorsque, dans la colonie de vacances où travaille sa femme, la création d’un centre pour réfugiés est annoncée, tout s’emballe pour lui.  Avec Jeune mort,
Guillaume Cayet poursuit son travail à la lisière de l’écriture politique et poétique.Ici il se déploie de façon très intimiste, dans un dispositif radiophonique-live, accompagné par le compositeur musical Karam Al Zouhir, et le créateur sonore Antoine Briot ; une façon de faire parvenir la parole et l’imaginaire au plus près.  

Au coeur du récit, casque sur les oreilles le public partage le récit traumatique d'un personnage "victime" de ses convictions cruelles et démoniaques. Hélas membre d'un parti dévastateur, raciste et profondément démuni, désorienté. Pétri de convictions illégitimes au sein d'un collectif de purification, le jeune homme ira jusqu'au bout et inverse les valeurs de l'humain pour devenir auteur de crimes et méfaits. On suit son parcours ascendant dans l'horreur et le prosélytisme, haletant et suspendu au rythme de la diction et de la musique. Un moment intense de malaise autant que de radicalité politique engagée.

Avec Antoine Briot, Guillaume Cayet, Karam Al Zouhir
Texte, création radiophonique, lecture Guillaume Cayet 
Musique Karam Al Zouhir 


"Feu"

FEU est l'expérience brute d'une dépense d'énergie excessive. Un rituel d'agitation pour célébrer les élans. Avec cette proposition, Fanny Alvarez cherche l'allumage. « Il faudrait inventer des formules d’engagement à l’inverse des mises en garde affichées pour protéger les forêts, quelque chose comme : pour la suite de votre monde, pour garantir votre place dans ce monde, privilégier les consignes suivantes : nourrir le feu, alimenter le feu, prendre soin du feu ». (Martine Delvaux) 

Fanny Alvarez et ses trois collaborateurs artistiques se découvrent une curiosité réciproque, un même recul vis-à-vis des cadres et un enthousiasme à partager cet agglomérat improbable. 

Sans doute le moment le plus décalé, le plus foldingue de ces "tentatives" où les trois personnages apparaissent dans un chaos sonore et vestimentaire faisant appel au désordre, à la désobéissance. Dans un rythme endiablé, la scène se recouvre d'objets sonores, de cordes, de ficelles et d'accessoire: tambours battant et folle mécanique ahurissante. Mené par Fanny Alvarez, interprète hors pair, déployant une forme et une force physique étonnante. Un opus circassien où le risque est constant de perdre pied dans un tintamarre joyeux, omniprésent, ludique autant que catastrophique.Voltige, bascule et portés acrobatiques au poing. C'est haletant, jubilatoire, plein de punch et assuré par un rythme soutenu qui maintient en haleine.Pour le jardin de la Vierge, des agrès, des résonances, annonciation de temps troublés prémonitoires.
Avec Fanny Alvarez, Morgane Carnet, Xavier Tabard
Mise en scène Fanny Alvarez

 

 

 

 

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