jeudi 20 juillet 2023

Deux "coups de coeur" au Festival 0ff d'Avignon 2023: "Faraekoto" et "Influences 2.O" ainsi que "Tsef zon(e)"....


 Faraëkoto – Danse hip-hop et vidéo au théâtre Golovine. off danse

Proche du conte d’Hansel et Gretel, ce spectacle mêle avec brio la danse, les mots et la vidéo. Tout commence dans la forêt profonde. Elle c'est Fara, fillette aux jambes molles, interprétée brillamment par Sandra Geco, tout en caoutchouc. Lui, c’est Koto, jeune garçon qui ne peut pas parler, interprété par Giovanni Léocadie, breaker tout en fluidité.
La danse hip-hop est au cœur de l’engagement la chorégraphe Séverine Bidaud qui sublime le handicap et en fait un véritable langage du corps.

C'est une belle histoire de corps que ce"conte de fée" à la façon "Petit Poucet" où les parents voudraient bien se débarrasser de leurs enfants: et pour cause: une fillette "empêchée" et un malentendant! Alors c'est le geste qui prend le relais, l'expression des visages, le langage des signes qui s’ignore sans les codes et cela va bon train sans misérabilisme ni condescendance. Les deux interprètes s'en donnent à; coeur joie pour signifier ces "handicaps" majeurs qui deviennent mineurs tant la communication dansante opère. Sur fond d'images vidéo forestières, d'images de loups menaçants, le récit bat son plein. Corps complices, corps mitoyens, corps siamois pour cette gémellité affective entre les deux "prisonniers" de sens ou de sensation. La complicité est vive par cette danse contact ou danse libérée des poncifs qui séduit, convainc et touche. Mais quand le grand frère est las du poids de sa soeur, il l'abandonne et elle survit de ce désarroi, cet abandon illégitime. Alors son corps se redresse, elle combat, se lève sans entrave et quitte ce sol pesant qu'elle a toujours connu! Quand le frère indigne revient sur ses pas plein de remords, elle a disparu...Les retrouvailles seront le happy end, sobre, humain et plein de perspectives d'autonomie et de grâce. Les corps réconciliés se feront tendres, attentifs, respectueux et la liberté conquise gagne. La considération est reine . On se promène dans le bois en compagnie du loup apprivoisé!



Plateau partagé entre 2 compagnies chorégraphiques émergentes de Bretagne. A l'Atelier

INFLUENCES 2.0 - Cie FLOWCUS : Une écriture chorégraphique qui croise l’art du Bonsaï et celui du hip-hop. Une danse qui plie et ploie le geste et le corps, comme on taillerait un arbre. 

Très beau duo d'hommes inspiré de la poussée, de la taille des bonsaï, art japonais précieux et complexe où le végétal pousse sur du caillou. Belle inspiration pour ce duo contact où les corps ne prennent jamais racine et pourtant s'ancre au sol pour accéder à une verticalité savante. Branches, feulles suggérées par des gestes sobres, architecturés comme des plantes des pieds, des mains, pousses empêchées par une énergie contenue: celle de l'oxygène et de l'eau manquante pour abreuver un langage vif et concis sur un sujet qui touche. Plein de réserve, de respect comme cet art ancestral au devenir plus que d'actualité. Bruno Chiefare signe ici un essai arborescent plein de ramures.

TSEF ZON(E) - Cie C'HOARI : Une écriture chorégraphique qui s'inspire de l'expérience du fest-noz. L’ambiance festive de ces soirées insuffle aux 2 interprètes le fil conducteur de la pièce. 

Il faut les voir, lui en kilt quasi classique, elle en short et bretelles: Pauline Sonnic et Nolwenn Ferry, bretons bretonnants dans une forme olympique et une énergie sans pareil. L'humour des notes de musique au poing, les pas de danse trad à peine suggérés pour mémoire collective. La recherche a semé le bon grain pour ce duo débridé, plein de malice et de verve où la danse vivante et fébrile respire la joie et l'enthousiasme des danses collective: à deux, c'est audacieux mais la légèreté du propos transporte les corps dans une dynamique hors pair où l'empathie vaut bien le plaisir partagé des grands fest noz de Bretagne. Une réussite qui augure d'un talent à soutenir sans modération. Des éclairs dans les yeux et un enthousiasme rare et efficace! Et l'humour et le détachement de surgir de ce bijou alerte, allègre et malicieux.



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