Et si Freud avait été le psy d’Hitler ? Le mal absolu aurait-il pu être
évité ? Dans ce « stand-up d’art et d’essai, conférence et confidence,
mi idiot mi intello », Éric Feldman explore avec humour et gravité les
traumatismes des enfants cachés survivants de la Shoah : ses propres
parents, oncles et tantes. Sur le fil d’un mystère qu’on se prend à
vouloir résoudre, le texte nous plonge dans un tourbillon de pensées,
d’émotions, de rires et de souvenirs aux accents Yiddish. On croise
tonton Gilbert et tonton Lucien, le grand écrivain Isaac Bashevis
Singer, Milosh le chat d’Éric, et on pense aux grandes figures des
comediens juifs new-yorkais. Une autofiction plus auto que fiction pour
dépasser son histoire personnelle, toucher le cœur des gens et célébrer
la joie d’être vivant.
Seul et avec nous, toujours durant ce solo inédit, Eric Feldman se révèle compagnon le temps du spectacle de tout un chacun. Avec sobriété, discrétion, modestie et autre trait de caractère pudique lié au sujet, le voici immergé dans un bain de judaïsme salvateur, tonique et très respectueux. Dans une ambiance cosy sur fond de jazz, on se détend, on se rend "disponible" en respirant à fond, expirant les mauvaises humeurs ou mauvais sentiments, inspirant les bonnes ondes. Très "zen" et empathique personnage. Assis dans un fauteuil léger où l'on ne peut pas "se vautrer", il met en abime, fait parenthèse sur parenthèses, digressions sur digression pour le meilleur d'un texte captivant, enrobant, inquiétant parfois.Du traumatisme de la Shoah sur les générations de survivants, le comédien fait auto fiction, acte d'aveux universels, de blessures ou secrets de famille révélés. Effets souvent très drôles, décalés, jubilatoires, poignants selon le point de vue, l'angle d'attaque, la cible visée. Hitler après l'amour, c'est pas si bizarre que cela,
Et Freud dans le même bateau, pourquoi pas! En "équilibre" sur sa petite chaise, très à l'aise, le nez dans le guidon, il est possible de rire de tout quand on est impliqué, dans le bain, concerné. Et si les analystes semblent être souvent visé, c'est pour le bien qu'ils ont opéré auprès de notre héros qui ne s'en cache pas.La vérité, rien que la vérité au bout de cette langue bien pendue et jamais de bois. Ce strand-up très "pensé" est un bijou du genre et jamais on ne se lasse d'écouter cette verve textuelle pleine de charme, de surprises, de rebonds. Rebondissements fulgurants lors d'une danse de pantin articulé, très "cancan" malgré lui, sans frou-frou! Le yiddish au poing sur un fond obscur pour clamer la vie, la joie, la musique, la danse: thérapie en solitaire partagée par le groupe de spectateurs qui en bénéficie au passage et sort soulagé comme à l'issue d'une bonne confession. Histoire de partager le pain en bonne cum panis!
Au TNS jusqu'au 22 Novembre
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