
Sur un « plateau-forêt » dix êtres humains forment une communauté dansante, poétique et joyeuse. Bercés par la pulsation de rythmes incessants et de chants d’un village lointain, ils fondent leurs pas dans la poésie universelle d’une forêt vivante. À travers un rituel partagé, images, sons, mouvements et présences se confondent dans une douce suspension entre ciel, vent, eau et terre. Comme dans un orchestre, chacun suit sa partition et tous s’unissent au diapason d’une harmonie collective, jusqu’à ravir le public dans leur univers sensoriel, où toute contradiction entre « nature » et « culture » est levée. Plus qu’un spectacle, une expérience hypnotique, où les danseurs deviennent paysage, dans un poème visuel très inspiré par l’écrivain américain H.D. Thoreau qui chante la beauté et la fragilité de notre planète.
Promenons nous dans les bois pendant que Joanne est là..La comptine est passée pour ces sylphes qui sèment la joie et la vitalité sur le plateau toujours plein d énergie et de complicité. En costumes bigarrés très inventifs malgré une apparente banalité liée au sport décontracté.Dix danseurs vont tisser des liens, de la diagonale à l'enchevêtrement, de la trame à la chaîne,soulignant sororité,fraternité face à une nature accueillante qui les réunit au sein d une clairière nappée d une forêt suggérée par un long tissu suspendu aux cintres.Au son de pierres, de cailloux frappés au sol,ils rythment le rituel cérémonial partagé d' une communauté indéfectible. Des branches feront office de nids ou de signalétique tel un paysage de Land Art à la Nils Udo. La forêt se fait berceau et lieu de divagations sylvestres,endroit de réunion,de liens,de rhizomes salvateurs. Pas de racines pour ces taillis,ces fûts arborescents qui jonchent le plateau. Alors que les corps dansent en symbiose et mènent ce bal comme des lutins des bois,des sylphides bien terrestres. L'incarnation de cette tribu mouvante est soulignée par des lumières changeantes,magnifiant les costumes comme des peaux mutantes,des chrysalides prometteuses.Chacun y trouve sa place, ses repères et la dramaturgie opère pour tisser les liens d' un corps à l'autre,d'une ronde à une chaîne collective. Tous galvanisés par une musique vocale palpitante, une ode magnétique et hypnotique à l' humanité originelle. Profondément ancrée dans un humus où pieds nus,les danseurs foulent ce sol fertile. Joanne Leighton,attentive aux bruissements du monde pour cette fable eco-logique aux accents sensuels autant que philosophiques. Dans un environnement changeant, un rideau plissé mouvant en toile de fond comme une forêt qui ne cacherait pas d'arbre mais révélerait l 'origine du monde.
Au Théâtre de la ville Abbesses jusqu'au 15 Novembre

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