lundi 21 février 2011

article sur la danse thérapie

DANSE THERAPIE :SOINS DE L'AME ET DU CORPS

A toutes les époques, dans toutes les civilisations, la danse a été intégrée dans des pratiques de guérison, et certains de ces rites ancestraux sont encore pratiqués.
Aujourd'hui, indépendamment d'un contexte religieux, la danse en tant que danse-thérapie est présente parmi les diverses méthode de prise en charge des malades atteints de troubles psychiatriques. Elle présente de nombreux intérêts: plaisir du corps en mouvement, prise de conscience du schéma corporel, stimulation respiratoire, contrôle spatio-temporel, valorisation de son image, possibilité d'expression, de communication, de contact, développement de l'unité psycho-corporelle, etc….Tous les styles de danse peuvent être utilisés dans des objectifs thérapeutiques: la danse thérapie a pris naissance aux USA; très liée à la danse contemporaine, elle privilégie l'expression des émotions et la traduction en danse des sentiments.
L'expérience française
En France dès 1950 Rose Gaetner a mis en place des séances de danse-thérapie sur les bases de la danse classique, à l'hopital Sainte-Anne et à celui de Santos-Dumont à Paris. En 1984 France Schott-Billmann a fondé la société française de Psychothérapie par la danse SFPTD  qui regroupe un grand nombre de danse-thérapeutes d'orientations variées. Elle pose les bases d'une forme de danse-thérapie inspirée de l'expression primitive d'Herns Duplan (danseur haitien) et de la danse primitive développée aux USA par Katherine Dunham; elle se situe dans une perspective ethno-psychiatrique. Les danseurs sont accompagnés par un tambour et des onomatopées scandées par le thérapeute, reprises en alternance par les participants. Le vocabulaire gestuel est simple, très abordable. Selon elle, la danse thérapie permet de contenir les pulsions, donne accès à la symbolisation corporelle, à l'individuation, à la sublimation et favorise l'expression des désirs en jouant avec la transgression.
Autres danses soignantes
Certains thérapeutes utilisent les danses de salon (rock, valse, tango); elles présentent des avantages spécifiques, comme celui de danser en couple. Pour les patients qui vivent de manière isolée, en institution ou à domicile, ce sera parfois le seul moment où ils pourront avoir un contact physique proche Cela leur permet de se réinvestir en tant qu'être humain sexué Un autre aspect de ces danses est d'apprendre à assumer des responsabilités vis-à-vis du partenaire (guider, être guidé); cela développe les capacités d'écoute réciproque Ces danses sont une aide à la socialisation, car elles impliquent l'acceptation de codes et favorisent l'intégration en dehors d'un cadre médical. Elles permettent de travailler divers aspects de la communication, pour lesquels certains patients ont des difficultés(inhibitions, phobies sociales). La danse indienne Baharata natyam, très riche pour ses possibilités rythmiques (frappés des pieds), ses expressions du visage, son langage des mains, possède le pouvoir de soigner: on s'y adonne et abandonne en laissant tomber certaines défenses. Sa dimension spirituelle aide le danseur à dépasser les limites de son égo, à les transcender.
Les influences de la danse moderne
Au début du XXème siècle et avec l'avènement de la psychanalyse, la danse revêt bien des intérêts et des passions communes avec l'âme, donc avec une possibilité de soigner en créant, en dansant. De la danse expressionniste allemande naîtra la Gestalt Terapie au pouvoir guérissant, de la modern'dance américaine naîtront théories et pratiques sur la liberté du corps en état d'expression, de transes ou d'extase primitive retrouvée.
De nombreuses danse-thérapeutes utilisent le vocabulaire gestuel ouvert de la danse contemporaine: Christiane de Rougemont et bien d'autres s'inspirent du geste quotidien, des rituels de comportement des malades pour enrichir et paser outre les codes habituels.
L'une d'entre elles confie: "Pour moi, c'est donner un outil de communication et d'expression évident et simple; sont-ils autistes, psychotiques, trisomiques, je n'en sais rien, je ne veux pas savoir, je les prends avec leurs difficultés, comme d'autres danseurs."
Rencontre et recherche dans un lieu innovant
A la Maison des expressions, animée par l'association Les Murs d'Aurelle, à l'hôpital de la Colombière, ont lieu un grand nombre d'activités artistiques et culturelles. Mathilde Monnier, qui est à la tête du Centre Chorégraphique de Montpellier, a établi une collaboration fructueuse avec cette structure. Après tout un travail de recherche mené avec ses danseurs et des personnes autistes adultes, elle a monté un spectacle en s'inspirant de la gestuelle et de la personnalité des autistes: "L'Atelier en pièces". Ce spectacle y incluait même un patient parmi les danseurs "valides" Elle fit également une longue expérience humaine, retracée dans le film "Bruit blanc", avec une jeune femme psychotique, qu'elle voyait régulièrement en état de danse constant, question approche et communication. Elles y dansent un duo improvisé de toute beauté où l'on confond aisément l'une et l'autre tant les gestuelles mimétisent, se croisent, s'enrichissent. De cette rencontre, la jeune fille a "grandi", s'est épanouie et gagne en autonomie. Loin d'être miraculeuse, la pratique de la danse-thérapie est libératoire et son histoire se développe aujourd'hui, tant l'attention à présent est portée sur le respect de la personne humaine. D'autres chorégraphe comme le belge Sidi Larbi Cherkaoui, a monté un spectacle "OKK" avec une compagnie de théâtre danse regroupant quelques dix trisomiques: un véritable succès artistique et thérapeutique qui fait boule de neige tant l'expérience a séduit et convaincu public et thérapeutes.
Quelques personnalités remarquables, soignées, "sauvées" par la danse
Ils sont nombreux, atteints de tous handicaps, a être largement reconnus. Rappelons quelques unes de ces grandes personnalités, comme valeur pédagogique car tous ont su montrer la capacité des personnes handicapées mentales, à danser, à être des professionnels, et à laisser la trace de leurs talents, de leur génie dans l'histoire de la danse: Emery Blackwell, infirme moteur cérébral, danseur, chorégraphe, compositeur qui avoue "Pour me battre dans la vie, en parlant, je n'ai obtenu que de faibles résultats, mais en dansant les gens ont pigé tout de suite. La danse parlait pour moi. D'emblée, elle a ouvert un terrain où la communication peut passer par delà les différences." Et le monument de l'histoire du ballet Vaslav Nijinsky, atteint de schizophrénie dont le destin nous renvoie une fois de plus à la question des rapports de l'art à la psychose. Nijinski, par delà ses turbulences psychologiques a bouleversé l'univers de la danse et apporté un nouveau souffle dont on ressent aujourd'hui encore la force créatrice.
Des destins à méditer pour mieux suivre la voie de la danse, conçue et vécue comme un véritable terrain d'enjeu pour les soins communs et conjoints de l'âme et du corps. Corps dansant en déséquilibre, corps déséquilibré qui danse!
Geneviève Charras

article sur l'histoire de la danse

PANORAMA de l'histoire de la danse: le corps en jeu

Brosser l'histoire de la danse, c'est faire état à la fois de l'esthétique, du social et du politique qui traverse l'histoire du corps vivant en état de danse. C'est écrire et parler d'un art ancestral dont on retrouve les premiers signes sous formes de peintures rupestres illustrant les rituels de chasseurs. C'est se promener dans l'univers des danses sacrées ou profanes, sociales ou spectaculaires. C'est faire vivre autant des images, que de la mémoire, du vécu comme de la transmission. Car danser…c'est danser; ce n'est ni se taire , ni être muet, ce n'est pas un palliatif à l'absence du verbe, c'est un autre langage avec ses codes, sa grammaire, sa syntaxe, son écriture à travers les siècles. Mais de quand daterait la première chorégraphie?
Terpsichore, déesse de la danse
A vrai dire, on tâtonne pour savoir si au "début était le geste", un geste quotidien qui devint rapidement une figure, un code à reproduire pour faire du sens. Les origines de la danse ne sont pas très précises…"Bouge le petit doigt et tu verras bien ce qui arrive". En Grèce, la "danse cuirassée", des pas nobles et militaires , évoquent la guerre et la confrontation des corps en lutte….Profane ou sacrée, la danse intervient dans toutes les civilisations; de la spontanéité initiale, celle-ci passe bientôt à l'organisation plus ou moins subtile de l'espace. A l'improvisation incontrôlée succède un certain ordre, un choix une préférence. Comme la Grèce, l'Egypte, l'Orient  et l'Afrique possèdent leurs propres systèmes. Plus de trois siècles de recherche ont permis l'épanouissement d'une esthétique fondée sur les principes de "l'en dehors", de l'"aplomb", de l'"élévation". Sans jamais connaître de régressions, d'hésitations durables celle-ci a progressé et découvert les secrets de cette combinaison abstraite de pas et de lignes en mouvements, comme ceux de la métamorphose émotionnelle. Les origines du ballet appelé par la suite classique ou académique remontent à la fin du Moyen Age; dès lors mômeries bourguignonnes, entremets et chansons à baller attestent la permanence en France, d'un goût pour la  danse qui s'épanouit en Italie, berceau de la Renaissance humaniste; on y découvre les prémices d'une organisation théâtrale du mouvement.
Danse et politique: l'ambassadrice du pouvoir
 C'est le Ballet de Cour qui rayonnera grâce à la création d'une académie de danse par Louis XIV, le Roi Danseur par excellence. Le Ballet d'Action succède à cet épisode très politique de la danse pour, grâce à Noverre, trouver ses lettres de noblesse en 1760.Rameau, Lully, de grands musiciens collaborent à l'évolution du ballet; Molière invente la "Comédie ballet", forme théâtrale qui implique la danse dans l'intrigue et la narration, au même titre que le verbe. Révolution de palais ou de ballet? Menuets, gavotte, pavane, autant de figures à reproduire savamment et professionnellement. La danse monte sur scène, danse baroque flamboyante, véhicule du pouvoir absolu du roi et de sa cour.
Le romantisme féminin
Puis, les "pointes" arrivent dans le paysage romantique avec la célèbre Ballerine Marie Taglioni, pour laquelle son père règle le légendaire ballet "La Sylphide". C'est le règne de la danseuse, de blanc vêtue, en tarlatane et tutu romantique. Le Ballet possède un livret, un argument, une histoire écrite par Théophile Gaultier; la Russie adopte mi XIX ème siècle Jules Perrot et Marius Petipa qui écriront les plus belles pièces "La Belle aux bois dormants", "Le Lac des Cygnes" et feront rayonner le "style français". Mais rapidement cette écriture s'essouffle au profit d'un mouvement révolutionnaire: celui de l'époque des Ballets Russes de Serge de Diaghilev qui tenteront autour de l'expérience chorégraphique de Nijinsky, Massine, Fokine puis Balanchine et Lifar de refondre la danse avec les arts plastiques, la création musicale et la scénographie. Picasso y devient quasi chorégraphe et Stavinsky prétend imposer une nouvelle rythmique. De grands théoriciens vont accompagner cette évolution: André Del Sartre, Dalcroze inoculent à la pratique des notions de kinésiologie, de soins et de réflexions sur l'espace et la créativité personnelle du danseur, gymnaste, naturiste.
Libérer les corps
La "danse libre" est née et sera suivie par bon nombre d'expériences focalisées simultanément en Allemagne avec Rudolph von Laban, Mary Wigmann et en Amérique avec Isadora Duncan, Ruth Saint Denis qui chacun à leur façon libèrent les gestes des contraintes des codes de la danse académique Les corps sont libres, inspirés par la danse sacrée ou la gymnastique. Pionniers et chefs de file d'une modern'dance, ils révolutionnent la scène et portent la danse là où on ne l'attendait pas: dans la nature, les parcs, sans décor ni costumes. Ils font école et donnent naissance aux Etats Unis et en Europe à des lignées de danseurs, issus de ces deux courants. Le corps devient l'enjeu de la danse; celui du danseur est réhabilité et cesse d'être "le porteur de la danseuse classique"; autant Serge Lifar en France que les générations qui succèdent tendent vers l'abstraction, reniant histoire, ballet d'actions et autres falbalas pour aller à l'essentiel de la danse: l'expression de soi et de ses émotions; la psychanalyse accompagnera ce mouvement, de Martha Graham à d'autres créateurs avides de sentiments et de libération. Fini le chausson et le tutu, tabula rasa intégrale avec les successeurs de la Modern Dance: Trisha Brown, Merce Cunningham et les autres associent dans les années 1960 d'autres artistes, musiciens ,plasticiens, performeurs à leur processus de création chorégraphique. On parle d'aléatoire, d'improvisation, de performance…Le spectateur est bousculé, impliqué jusqu'à participer à l'élaboration du spectaculaire. Alwin Nikolaïs transforment les danseurs en autant d'électrons libres lumineux dont la trace est la simple chorégraphie kaléidoscopique. Le sujet s'efface , la danse abstraite est née. Maurice Béjart, lui dans les années 1950 entreprend son vaste projet de porter la danse, comme une cérémonie partagée, une "messe pour le temps présent" et inaugure les festivités dans des stades et autres lieux grand-public, avec une série de ballets aux langages métissés, de l'Inde à la théâtralité, de vastes sujets( sida, guerre…)à des duos plus intimes. Son rayonnement n'a de cesse aujourd'hui de par l'universalité de son langage néo-classique.
La danse aujourd'hui
Bien d'autres expériences vont fonder dès 1980 à partir de la France, la nouvelle danse contemporaine, multiple, aux facettes foisonnantes de l'imagination de chorégraphes comme Gallotta, Marin, Saporta, Nadj, et bien d'autres trublions comme Découflé ou Larrieu. C'est la danse belge qui aujourd'hui rayonne au niveau international avec les petits frères et sœurs de cette génération: Anna Térésa De Kaersmeker, Jan Fabre, Wim Vandekeybus, les flamands inondent la scène de l'inventivité de leurs créations très personnelles. La grande Bretagne n'est pas de reste avec Loi Newson et ses émules. La danse commence a être enfin reconnue par les institutions et financée comme art à part entière et le statu d'auteur est rendu au chorégraphe. Parallèlement, la danse investit les champs de la mode, du design, de la musique et s'empare des jeux olympiques en 1992 où c'est à un chorégraphe que l'on confie la mise en scène de l'ouverture des Jeux. Reconnaissance qui entraînent certains artistes aujourd'hui à renier "le père" en créant le courant de la "non-danse", l'absence de langage dansé de façon accepté, qui entraîne jusqu'à la disparition du corps sur scène: le travail de la génération des Bel, Rizzo, Buffard et autres trublions assume pleinement l'étude du corps au détriment de la danse, affirmant que seul compte le mouvement quotidien, la performance: ils rejoignent les courants de création des arts plastiques et proposent réflexions et performances multiples. Qu'on se rassure, le Ballet de l'Opéra de Paris et d'autres grandes formations de par le monde assurent la pérennité d'un répertoire, mais constituent aussi des laboratoires vivants d'expériences multiples. On n'a pas encore" asséché Le Lac des Cygnes" au grand regret de Jean Cocteau et ceci pour mieux comprendre d'où vient la danse et où va la danse!
Geneviève Charras

atelier lycée Le Corbusier

Voici
« Entrez libres »
Expérimentation directe et spontanée de l’écriture chorégraphique « chorale », celle d’un chœur, corpus vivant se déplaçant dans l’espace du premier étage de la galerie
Divagations, trajets, contamination du mouvement de petites cellules groupales
Proliférations des propositions de rythmes et dynamiques des corps dans l’espace
Appropriation des espaces communs par chacun selon l’architecture, ses niches, ses volumes et matériaux
Prises de positions et points de vue sur les formes nées des accumulations gestuelles et physiques
Improvisation et danse-contact avec composition instantanée
Enoncé des impressions avec choix de mots sur les qualités de gestes, états de corps et sensations
Appréciation verbale des expérimentations
Ecoute collective, regards communs sur le travail des uns et des autres
Respirations et bien-être, confort des attitudes et postures
Conclusion et rebondissement sur une courte improvisation spontanée au son de la sonnerie
Séparation et dispersion des étudiants en satellites et constellation diverses, comme autant d’électrons libres

« Ressortez, libres »