lundi 26 septembre 2011

Musica à Strasbourg: musique et images magnétiques!

"Sandglasses", le concert scénique de Justé Janulyté, au TNS, fut un instant de pure lévitation sonore et visuelle, hypnotique et hallucinant Sur la scène quatre cylindres de toiles tendues, derrière lesquelles se dissimulent ou se révèlent quatre violoncellistes du Gaida Ensemble. Un merveilleux jeu de lumières via des projections vidéo de parcelles scintillantes et tourbillonnantes vient doucement pénétrer l'atmosphère. L'ambiance est fantastique, curieuse, la musique envoutante le temps de cette plongée hors du temps. "Théâtre de son, lumières, espace et temps" cette œuvre est singulière et révèle de façon probante le talent de cette artiste lituanienne. Ce sablier "sandglasses" distille le temps et l'espace sonore avec grâce et quelque marque de volupté dans l'aspect fantomatique des visions proposées. Les pistes se brouillent incessamment et l'on s'immerge dans la musique avec une sensation d'abandon inédite.


"The Cave", le concert suivant de ce samedi ne dérogeait pas à l'idée d'envoutement. Steve Reich et Beryl Korot nous offraient un "oratorio multimédia" en trois parties joué par l'Ensemble Modern.
Le propos est complexe et riche en témoignages divers, collectés à l'occasion d'un questionnement à l'adresse des trois religions monothéistes, donnant naissance à un récit raconté trois fois, du pont de vue de trois cultures différentes. Aux questions "Qui est Sara, Abraham, Ismael et Agar?", un israélien, un palestinien, et un américain répondent. Les images vidéo de ces confessions sont projetées simultanément alors que la musique répond en direct à ces sollicitations. Leur rythme dépend des mots, des paroles: toute une architectonique se construit alors au regard avec ces cinq écrans qui entourent les musiciens.
L'effet est de choc et la structure répétitive de la musique entraine le spectateur dans une sorte d'onirisme, malgré la teneur très grave, politique et sociales des réponses. Les américains font mouche et avec beaucoup plus de détachement et d'humour colorent l'esprit de la partition, demeurée auparavant plus empreinte de dogmatisme.Une expérience musicale hors du commun comme beaucoup dans ce festival de nos musiques d'aujourd'hui!
Poigs

vendredi 23 septembre 2011

MUSICA 2011: "50 ans des Percussions de Strasbourg": ondes de choc en ouverture des concerts!

On ne présente plus le légendaire groupe des six, "Les Percussions de Strasbourg" créées en 1962, un ensemble "de chambre" pour instruments inédits de percussions. Les plus grands compositeurs ont inventé pour eux des œuvres inédites, éclatantes, surprenantes toujours: Messian, Boulez, Xenakis....Toujours avec brio et dans la foi et la confiance en une formation de musiciens hors pair qui eux même ne connaissent pas leurs limites. Car le risque est de rigueur, la rigueur de mise et les sons n'ont qu'à bien se tenir pour recevoir une bonne note ou un bon contre-point!C'est ce que nous a rappelé le film de Eric Darmon, "Les percussions de Strasbourg, les artisans du son" (coproduction ARTE Ozango France Télévision) projeté avant le concert "Le Noir de l'Etoile" de Gérard Grisey.


Un documentaire rare et précieux sur l'histoire de cette formation, et son quotidien, le tout écrit et scénarisé avec un point de vue humoristique et décalé, honnorant à la fois le sérieux de l'entreprise, son envergure internationale, autant que sa petite"cuisine" interne, batterie d'instruments, d'objets par centaines bien rangés dans des petits casiers de plastique!
La séquence des mailloches où Keiko Nakamura dévoile ses trésors de baguettes magiques est un régal où l'on apprend sur les artistes autant que sur la richesse de la musique qu'ils interprètent. De belles images d'archives étayent les prises de vue contemporaines avec ingéniosité sans lasser et dans un bon rythme percutant de montage! (On se souvient du documentaire sur "Steve Reich Phase to Face"du même réalisateur qui mariait atmosphère, tempo, musique et images avec bonheur.
Quelques belles séquences de danse avec les interrogations du chorégraphe Alban Richard et son ensemble L'Abrupt pour sa dernière création à Montpellier Danse 2011"Pléiades" de Xénakis avec les Percussions de Strasbourg.Les danseurs arpentent la scène, cherchent leurs marques spatiales et rythmiques sous les conseils et le regard de  Jean-Paul Bernard, et l'oeil pensant du chorégraphe. C'est un très beau passage, sensible, riche en informations qui se soldera par un extrait de la représentation au Théâtre de l'Agora à Montpellier.
Là où l'écriture processuelle du chorégraphe est tramée de plusieurs partitions, pour la danse, la musique et la lumière.Pour converger vers une unité conceptuelle et esthétique propre à chaque objet chorégraphique, proche de l'écriture de Xenakis.L'histoire d'une oeuvre créée en 1979 par Xenakis pour le Ballet du Rhin! Amnésiques s'abstenir: la danse et la musique contemporaine ont une belle histoire, un beau présent et un bel avenir! Sur un instrumentarium impressionnant et splendide, les nuages,galaxies et feux d'artifice de Pléiades font se souvenir que les percussionnistes ont aussi des corps dansants à la rencontre d'autres danseurs.
Geneviève Charras

mardi 20 septembre 2011

"La Fée": Abel, Gordon et Romy ne font plus d'effet!

On se souvient du brillant long métrage "L'Iceberg" où la virtuosité du cinéma muet retrouvait toutes ses lettres de noblesse Le geste y était roi, la parole quasi absente sauf murmures, éclats de voix ou secrets susurrés à l'oreille.
De la bande son à la Jacques Tati, du mouvement léger, suggestif et des situations burlesques, absurdes et inédites. Les auteurs-réalisateurs et comédiens avec des physiques atypiques allaient rentrer dans la légende avec un film OVNI, inclassable mais rayonnant.On les retrouvent dans "Rumba", déjà beaucoup moins probant et aujourd'hui avec une fée qui ne fait plus d'effet.Gordon, Abel et Romy font dans le réchauffé, le savoir-faire qu'on leur connait n'est plus au service de la surprise. C'est plutôt l'inverse, très "téléphoné" très comique de répétition, lassant et redondant. La ville du Havre est le théâtre de ces multiples péripéties anodines, de prétextes à la danse qui n'a alors pas de sens, sauf décoratif ou lénifiant. L'hôtel, le lieu ou acteur principal de l'intrigue est un établissement pourtant années 1950 à la Hopper qui a son charme. Un veilleur de nuit "fatigué" de la vie y accueille avec lassitude des clients de fortune dont une fausse "fée", voleuse en diable qui truande bien son petit monde.Quelques scènes truculentes sauvent le scénario en perdition où la voix et la parole surgissent de façon inappropriée et confère au tout une banalité attristante.Dommage aussi que l'apesanteur soit traitée toujours en regard avec les effets ou cascades trompeuses: des trucages grossiers et pas drôles du tout.
La chorégraphie si fine et discrète des corps dans "L'Iceberg" a disparu au profit de gros plans, de dialogues, de faux rebonds et de tartes à la crème. Dommage on se régalait déjà d'avance.....