Wim Vandekeybus, chorégraphe flamand bien connu de la scène strasbourgeoise pour y être en compagnonnage et complicité avec Le Maillon depuis ses pièces accueillies, telles"Blush", "Puur", "Spiegel",ou "nieuwZart", nous revient avec sa libre adaptation du mythe d'œdipe. En bonne compagnie toujours, celle de l'écrivain-poète Jan Decorte.De Sophocle, on gardera bien sûr, l'aspect dramatique, mais la langue si tonique et acerbe de l'écrivain flamand transfert à la danse son caractère abrupt, franc, direct et puissant. Les deux langages s'unissent pour tisser la trame d'une histoire de corps, de mœurs aux antipodes d'une anecdote ou d'une esquisse historissisante. Avec danseurs, comédiens et gens de théâtre, tout ici se conjugue au présent du drame psychologique.Vandekeybus mettant au service du texte sa danse tectonique, puissante et virulente. Mais aussi tout le traitement très sensuel autant de ses courses, ses arrêts, ses sauts pour pénétrer dans l'âme de "la bête noire" à combattre. Son instinct très animal le conduit dans les affres de cette légende avec grâce et brutalité.
Toujours en restant violemment lui-même.Chasse aux sensations extrêmes, élan implacable des corps.Une danse viscérale hantée par la chute et le jaillissement maintient un taux élevé d'adrénaline en affermissant ses lignes de force souterraines. "Je suis un fils de vétérinaire doté d'une imagination catastrophiste" sans omettre d'être" un boulanger qui fait son pain avec plaisir!". Son travail c'est celui d'un conteur avec de la danse à l'intérieur et cette fascination pour les histoires qu'il tente d'incarner à travers le médium multiple qu'est la danse.Les zones d'ombre, la noirceur du psychisme rendent son œuvre alchimique et occulte à souhait.
Il sera sur scène et l'on retrouvera avec bonheur celui qui a démarrer sa carrière auprès de Jan Fabre avant de créer sa propre compagnie "Ultima Vez" en 1987.
"Oedipus/ Bêt Noir" au Mallon Wacken du 20 au 23 Octobre à 20H 30.
www.le-maillon.com
vendredi 7 octobre 2011
"Pina Jackson in Mercemoriam" de Foofwa d'Imobilité:danse à la diable!
"Diable!l'interprète et son propre muse se met en position funambulartistique....."
Ce serait de l'oulipo ou du lettrisme de la danse! C'est tout simplement de la prose à Foofwa.
"Foof, il faut que tu penses avec ton corps puis que tu danses avec ta tête pendant que tu t'amuses avec ton corps et que ce corps s'amuse avec sa tête et?je pose et je me repose? Je pause ou me pose"
Il danse comme il écrit, ce danseur Suisse qui n'a pas froid aux yeux et nous à déjà fait participer à des marathons, des courses folles dans la cité strasbourgeoise, seul ou avec d'autres. On se souvient de ses numéros désopilants de cabaret déjanté avec Thomas Lebrun, se jouant de l'androgénie, du burlesque, du travestissement.Le corps serait le siège de bien des coups d'état...de danse!
Avec cette pièce fameuse, dressée comme un mémorial fantoche en hommage aux grosses pointures de la danse disparues la même année sans faire s'écrouler l'édifice de la danse contemporaine, le voici qui s'attèle au pastiche de la mémoire, du répertoire, de la transmission, les tartes à la crème du jour!
Provocateur mais toujours constructif et allant de l'avant, Foofwa est comme un chien fou, lâché dans l'arène. Sa danse résiste à toute catégorie, ni complètement conceptuelle, ni exclusivement physique, elle joue du verbe autant que de l'entrechat. Si son disque dur c'est la technique Cunningham, il s'aventure aussi du côté du Tanz Theater allemand¨, du côté aussi de la star du show business, Mickael Jackson, le roi de la danse!
Il attache si peu d'importance aux conventions qu'il ne se soucie même pas de les bousculer: il le fait sans s'en apercevoir!S'affranchir de tout automatisme, houspiller les habitudes sans faire table rase ni oublier sa technique.Des acquis trop précieux pour les envoyer au rancart. Il bricole son langage avec ses outils et à la croisée d'une réflexion sur l'histoire du mouvement et sur notre époque, il nous brosse un panorama de la mondialisation, des nouvelles technologies avec humour, dérision. Tel un engagement politique très incorrect mais sérieux et brillant, toujours très exigeant.
Un spectacle de la vie du corps et du "corps de métier", du "corps de ballet" du danseur à l'atelier, au studio, partout où se niche la danse et surtout là où l'on ne l'attend pas!
A Pôle Sud à Strasbourg le 18 Octobre 20H30.
www.pole-sud.fr
Ce serait de l'oulipo ou du lettrisme de la danse! C'est tout simplement de la prose à Foofwa.
"Foof, il faut que tu penses avec ton corps puis que tu danses avec ta tête pendant que tu t'amuses avec ton corps et que ce corps s'amuse avec sa tête et?je pose et je me repose? Je pause ou me pose"
Il danse comme il écrit, ce danseur Suisse qui n'a pas froid aux yeux et nous à déjà fait participer à des marathons, des courses folles dans la cité strasbourgeoise, seul ou avec d'autres. On se souvient de ses numéros désopilants de cabaret déjanté avec Thomas Lebrun, se jouant de l'androgénie, du burlesque, du travestissement.Le corps serait le siège de bien des coups d'état...de danse!
Avec cette pièce fameuse, dressée comme un mémorial fantoche en hommage aux grosses pointures de la danse disparues la même année sans faire s'écrouler l'édifice de la danse contemporaine, le voici qui s'attèle au pastiche de la mémoire, du répertoire, de la transmission, les tartes à la crème du jour!
Provocateur mais toujours constructif et allant de l'avant, Foofwa est comme un chien fou, lâché dans l'arène. Sa danse résiste à toute catégorie, ni complètement conceptuelle, ni exclusivement physique, elle joue du verbe autant que de l'entrechat. Si son disque dur c'est la technique Cunningham, il s'aventure aussi du côté du Tanz Theater allemand¨, du côté aussi de la star du show business, Mickael Jackson, le roi de la danse!
Il attache si peu d'importance aux conventions qu'il ne se soucie même pas de les bousculer: il le fait sans s'en apercevoir!S'affranchir de tout automatisme, houspiller les habitudes sans faire table rase ni oublier sa technique.Des acquis trop précieux pour les envoyer au rancart. Il bricole son langage avec ses outils et à la croisée d'une réflexion sur l'histoire du mouvement et sur notre époque, il nous brosse un panorama de la mondialisation, des nouvelles technologies avec humour, dérision. Tel un engagement politique très incorrect mais sérieux et brillant, toujours très exigeant.
Un spectacle de la vie du corps et du "corps de métier", du "corps de ballet" du danseur à l'atelier, au studio, partout où se niche la danse et surtout là où l'on ne l'attend pas!
A Pôle Sud à Strasbourg le 18 Octobre 20H30.
www.pole-sud.fr
Libellés :
Journalisme
"L'Accroche Note" au Festival Musica 2011: "poésie et écriture sonore"
Pas un festival "Musica" sans une étroite collaboration avec le groupe de recherche musicale "L'Accroche Note"!
Cette année ne dérogeait pas à ce très édifiant rituel qui convoquait l'ensemble strasbourgeois crée par Françoise Kubler, soprano, et Armand Angster, clarinettiste à élargir son vaste répertoire dédié à la création grâce au cycle de Stefano Gervasoni et à la toute nouvelle partition de Philippe Manoury.
"Poesie francesi" de Gervasoni fut donné en cycle complet: les poèmes de Ghérasim Luca, poète roumain né en 1923 qui passa sa vie en France et qui séduisit Deleuze, qui le considéra comme "le plus grand poète français" , sont donc mis en musique afin de développer en eux le sens musical par la sanction, le phrasé vocal. Françoise Kubler assure la rude tache de l'interprétation de ces textes, psalmodiant , triturant les mots et les sons, toujours surprenante par son apparente facilité à rendre, à se fondre dans de nouvelles œuvres.Textes à l'appui la voici qui s'empare d'une langue multiple aux accents polyphoniques, accompagnée par des sons produits par des objets hétéroclites qu'elle manipule en alternance. Tout se termine d'ailleurs par quelques coups de ciseaux, coupures toniques , final de la partition et des textes chantés.Accompagnée par l'ensemble, voici une prestation forte et décapante, digne de cette formation toujours à l'affut de la création. L'œuvre suivante de Manoury "Hypothèse du sextuor"ne dérogeait pas à cette foi dans un engagement envers l'audace de l'investigation créative contemporaine dans la musique d'aujourd'hui.Création pour le Festival, co-commande avec l'Accroche Note, voici une œuvre mêlant cordes, vents et claviers avec bonheur, avec "hauteur"!"Ecrire de la musique de chambre revient à imaginer des conversations qui vont et viennent" confie Philippe Manoury dont le répertoire est pétri d'idées nouvelles. Convergences, rencontres fortuites ou savamment "pensées", la musique de Manoury est de la dynamique, du mouvement. Inspiré par la neige qui tombe comme autant de notes et de sons, ce morceau est limpide, scintillant et ces"pas dans la neige" résonnent comme des traces de déambulations sonores, de parcours géographique dont le tracé, le phrasé serait invisible, seulement audible dans la plus grande des correspondances baudelairiennes: couleurs, sons, matières et fragrances se mêlent, s'emmêlent, se chevauchent.
Le concert suivant interprété par l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg, laissait également la part belle au compositeur qui désormais nous est familier. Par sa présence constante déjà sur le Festival, par sa façon dynamique, convaincante et très "pédagogique" de présenter ses œuvres en début d'exécution. Simplicité, amour du partage, don et talent d'orateur efficace pour laisser l'auditeur librement pénétrer son œuvre
Avec "Sound and Fury" (1998), voici un pan de sa musique, relié à l'évocation de Faulkner, puissant, révélateur de sa passion pour toute forme d'écriture.
La juxtaposition avec "Okhtor" de Christophe Bertrand magnifiait les deux auteurs: force de l'écriture, du propos, envoutement de l'écoute collective de cette musique qui ne cesse de nous révéler atmosphère, ambiance sonores inouïes, digne de ces compositeurs si proches: ceux que Musica nous donne à fréquenter à l'aube de leur existence dans le temps donné du concert.Une chance à mesurer!
Cette année ne dérogeait pas à ce très édifiant rituel qui convoquait l'ensemble strasbourgeois crée par Françoise Kubler, soprano, et Armand Angster, clarinettiste à élargir son vaste répertoire dédié à la création grâce au cycle de Stefano Gervasoni et à la toute nouvelle partition de Philippe Manoury.
"Poesie francesi" de Gervasoni fut donné en cycle complet: les poèmes de Ghérasim Luca, poète roumain né en 1923 qui passa sa vie en France et qui séduisit Deleuze, qui le considéra comme "le plus grand poète français" , sont donc mis en musique afin de développer en eux le sens musical par la sanction, le phrasé vocal. Françoise Kubler assure la rude tache de l'interprétation de ces textes, psalmodiant , triturant les mots et les sons, toujours surprenante par son apparente facilité à rendre, à se fondre dans de nouvelles œuvres.Textes à l'appui la voici qui s'empare d'une langue multiple aux accents polyphoniques, accompagnée par des sons produits par des objets hétéroclites qu'elle manipule en alternance. Tout se termine d'ailleurs par quelques coups de ciseaux, coupures toniques , final de la partition et des textes chantés.Accompagnée par l'ensemble, voici une prestation forte et décapante, digne de cette formation toujours à l'affut de la création. L'œuvre suivante de Manoury "Hypothèse du sextuor"ne dérogeait pas à cette foi dans un engagement envers l'audace de l'investigation créative contemporaine dans la musique d'aujourd'hui.Création pour le Festival, co-commande avec l'Accroche Note, voici une œuvre mêlant cordes, vents et claviers avec bonheur, avec "hauteur"!"Ecrire de la musique de chambre revient à imaginer des conversations qui vont et viennent" confie Philippe Manoury dont le répertoire est pétri d'idées nouvelles. Convergences, rencontres fortuites ou savamment "pensées", la musique de Manoury est de la dynamique, du mouvement. Inspiré par la neige qui tombe comme autant de notes et de sons, ce morceau est limpide, scintillant et ces"pas dans la neige" résonnent comme des traces de déambulations sonores, de parcours géographique dont le tracé, le phrasé serait invisible, seulement audible dans la plus grande des correspondances baudelairiennes: couleurs, sons, matières et fragrances se mêlent, s'emmêlent, se chevauchent.
Le concert suivant interprété par l'Orchestre Philarmonique de Strasbourg, laissait également la part belle au compositeur qui désormais nous est familier. Par sa présence constante déjà sur le Festival, par sa façon dynamique, convaincante et très "pédagogique" de présenter ses œuvres en début d'exécution. Simplicité, amour du partage, don et talent d'orateur efficace pour laisser l'auditeur librement pénétrer son œuvre
Avec "Sound and Fury" (1998), voici un pan de sa musique, relié à l'évocation de Faulkner, puissant, révélateur de sa passion pour toute forme d'écriture.
La juxtaposition avec "Okhtor" de Christophe Bertrand magnifiait les deux auteurs: force de l'écriture, du propos, envoutement de l'écoute collective de cette musique qui ne cesse de nous révéler atmosphère, ambiance sonores inouïes, digne de ces compositeurs si proches: ceux que Musica nous donne à fréquenter à l'aube de leur existence dans le temps donné du concert.Une chance à mesurer!
Libellés :
Journalisme
Inscription à :
Commentaires (Atom)



