Il "décolle" pour une planète lointaine, pour un voyage intersidéral, entre rêve et fantasme, renouant avec le mouvement, clouant le bec à la parole ou à la conférence dansée, comme il nous y avait habitué entre autre lors de sa résidence, passage remarqué à Strasbourg, organisé par Pole Sud en 2006/2007.
Marco Berrettini, le trublion de la scène chorégraphique, oscillant entre cabaret nostalgique disco et scène performative très contemporaine est de retour au Festival d'Automne, au Théâtre de la Bastille.. Ici se sont neuf individus étranges, affublés de casques de cosmonautes qui vont investir la scène et prouver, s'il le fallait, que la "communication" entre les êtres vivants, n'est pas simple et affaire de manipulation, de fausse médiatisation artificielle.Combinaisons de rencontres, de conflits, de tendresse et de rejet. Tout ici dépeint une humanité qui se cherche, et s'empêtre dans des embuches tendues par le pouvoir."Rencontre": c'est le cheval de bataille de cette pièce, où le vêtement, le casque symboliserait les obstacles justement à la "rencontre" avec l'autre: autant de masques, de paravant, de boucliers pour se protéger du corps de l'autre, de son espace, de sa bulle. Alors la danse y va tout droit dans cette faille béante, ouverte à l'envi au désir de briser les barrières. Cela donne le ton à des variations très poétiques de couples en couples comme des partitions à deux, exécutées dans une petite unisson qui cherche à agrandir son fief d'exploration. C'est beau, c'est tendre et attirant, généreux et palpitant. On en sort convaincu que l'homme n'est pas un loup pour l'homme et que l'utopie n'est pas de l'onirisme mais peut être une planète où les corps ne seraient pas en lévitation, mais bien debout, à s'entendre, se fréquenter, se toucher de près!
"Communiquez", il en restera toujours quelque chose...."Dansez", alors vous vivrez vraiment ce sentiment là de se relier à l'autre sans fard ni truchement de nouvelles technologies fallacieuses. L"interactivité" est bien celle des corps!
dimanche 6 novembre 2011
"Laughing Hole": quand Maria, La Ribot part en "ribotte", ça" carton "!!!
Elle tire sa révérence, termine sa résidence à Pôle Sud à Strasbourg: c'était ce 5 Novembre dernier à L'ENSAD de Strasbourg, une ruche en proie à un doux désordre organisé. L'école des Arts décoratifs, sous la houlette de Otto Teichert, son directeur, accueillait cette "performance organisée", saluant ainsi le travail de tissage de liens étroits qu'il défend entre les arts plastiques et les arts du spectacle vivant.18H : tout démarre avec une joile file d'attente, venue pour assister à ce qui n'aura lieu qu'une fois, un événement, un "event" à la La Ribot, déjà fort riche d'expérience multiples en la matière. Protagoniste de la pièce chorégraphique, vendue comme œuvre d'art à des collectionneurs, la voici en passe de devenir scénographe d'un grand soir, avec sérénité, surveillant ses troupes avec sérieux et bonhomie.Trois performeuses, dont Marie Burger Chassignet en pleine ébullition s'emparent du sujet. Elles attaquent la soirée par des rires convulsifs, se jetant dans la bataille à leur corps défendant. Sur un sol jonché de cartons, elles se donnent à loisir, à l'envi et nous révèlent les contenus linguistiques de ces panneaux où sont gravés au feutre des slogans, tels des accroches publicitaires: "clean up", "Guantanamo beach" sont autant de cris couchés sur le carton, matière brute et abrupte . Pas noble, celle du SDF, du provisoire, de l'emballage. Cela fonctionne comme des cadavres exquis où les mots, les adjectifs sont autant d'injonctions à la révolte, au plaisir, à la provocation. Les alliances hasardeuses et aléatoires en font des rébus chaotiques, surprenants, déroutants. Les trois performeuses scotchent les panneaux au murs qui peut à peu se revêtent d'une seconde peau, tapisserie improbable, îlot de revendications artistiques, proche du monde du travail. On "manifeste" ici comme dans un lieu de labeur. Plaisir ou contrainte des artistes qui semblent obéir au dictat de la chorégraphe? Elle leur fait exécuter une performance physique hors norme:rire aux éclats sans cesse, entre larmes et fou rire. Vêtues comme des travailleuses, techniciennes de surface de l'art comptant pour rien (content pour rien) ou contemporain. Que prendre, que jeter dans cette confusion des lieux, des propos, des genres. Tout est bon chez La Ribot, il n'y a rien à jeter. L'art est bien ce qui rend la vie plus intéressante que l'art. Alors, si la danse, c'est la vie, vous voyez le reste... Pendant ce temps les étudiants des arts déco, affublés de perruques identiques, années 1950, s'ingénient à faire bouillir la marmite: soupe à l'oignon et autres parfums inondent les locaux de l'Ecole transformée ce soir là en vaste laboratoire exploratoire. C'est leur "Sentimental Market" pour marquer leur territoire face à la force et la saine concurrence du spectacle vivant. Aux cuisines (des salles de cours transformées pour l'occasion) le tableau est éphémère et les cuisiniers d'un soir vendent aussi leur "soupe". Trafic intense dans cette grotte, caverne d'Ali Baba, "Laughing Hole"- caverne rieuse-où la démesure fait bon genre. Faut-il en rire ou en pleurer? Dans quel "état de corps" le spectateur est-il investi? La confusion, l'empathie, la sympathie du geste créatif, du processus de création ainsi partagé avec La Ribot et ses complices?
En tout cas, la "danse performative" semble avoir devant elle encore de beaux jours et susciter l'intérêt du public et des initiateurs de cette performance.Jusqu'où, jusqu'à quand?Pour ainsi dire, La Ribot, fauteuse de trouble, de "fête populaire"nous le fait vivre en temps réel: profitons-en et laissons lui faire faire "ses cartons" dans la joie et le délire. On se quitte dans la liesse et c'est bien ainsi!!!
En tout cas, la "danse performative" semble avoir devant elle encore de beaux jours et susciter l'intérêt du public et des initiateurs de cette performance.Jusqu'où, jusqu'à quand?Pour ainsi dire, La Ribot, fauteuse de trouble, de "fête populaire"nous le fait vivre en temps réel: profitons-en et laissons lui faire faire "ses cartons" dans la joie et le délire. On se quitte dans la liesse et c'est bien ainsi!!!
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mercredi 19 octobre 2011
"Pina Jackson in Mercemoriam" à Pôle Sud: "un été meurtrier" par Foofwa d'Imobilité.
Salle comble hier soir à Pôle Sud Strasbourg: beaucoup de jeunes d'étudiants: le public de la danse évolue, change et pourtant ce sujet là aurait pu les faire fuir: les trois grosses pointures de la danse disparaissent le même été 2009: Bausch, Cunningham et mieux encore pour leur génération: Michael Jackson porté au pinacle par intelligentsia du milieu de la danse!
Tout démarre en images: un très beau montage , iconographie des trois monstres sacrés qui s'emmêle, se superpose, se fond dans une symbiose plastique très esthétisante. On y reconnait le visage émacié de Pina, celui boursoufflé de Merce âgé et l'autre, image mythique du jeune adulescent Michael, si pur, si intouchable.Bel hommage ainsi rendu aux trois "figures" disparues, fantômes, spectres errant sur la toile comme autant d'ectoplasmes virtuels.
Soudain apparait sur scène, seul dans un décor dépouillé, un être "vêtu" de bandelettes, bandages style bandes velpeau: momie, accidenté de la vie, athlète perclus de petits maux , revêtu d'oripeaux, d'une seconde peau délitée.Il parle italien, évoque sa famille: lui est "danse Alighieri", fils de Dante!
Il est baroque, enjoué sautillant précieusement à fleur de sol, lumineux, très formaté classique enrubanné!
L'évocation gestuelle des trois protagonistes de la modernité de la danse peut démarrer: les gestes des uns et des autres sont malinement reproduits à travers un corps qui apriori n'a pas les canons esthétiques des uns et des autres: Foffwa est rablé, costaud: il n'a pas la silhouette effilochée de Pina, ni l'extrême minceur gracile effilée de Michael! Mais les dynamiques, les tics respectifs des trois danseurs-chorégraphes sont bien visibles et repérables. Trop peut-être si l'on considère que par dessus cette gestuelle ressuscitée, des mots décorent et enrubannent la chorégraphie. Broderie décorative, la parole, pourtant burlesque et quelque peu oulipeau ou lettriste, surcharge la lecture du spectateur. Le trop nuit dangereusement dans cet "été meurtrier" où l'on aurait souhaité plus de sobriété et moins de didactisme.
Peu importe: Foofwa se démène, s'embrouille, se joue des poncifs et aligne trois techniques si différentes et si proches à la fois: de la rigueur de l'aléatoire, à l'abandon de la danse d'expression, le néophyte saura reconnaitre ou simplement connaitre des facettes extrêmes qui pourraient se rejoindre dans la peau de Michael. L'artefac, l'artifice de la scène transcende tant de réalités, que celle ci, la présence très forte de l'interprète, se fait incarnation vivante et troublante de nos héros disparus à jamais Avec humour et distanciation toujours! Il fallait oser, Foofwa dit mobilité l'a fait!
Tout démarre en images: un très beau montage , iconographie des trois monstres sacrés qui s'emmêle, se superpose, se fond dans une symbiose plastique très esthétisante. On y reconnait le visage émacié de Pina, celui boursoufflé de Merce âgé et l'autre, image mythique du jeune adulescent Michael, si pur, si intouchable.Bel hommage ainsi rendu aux trois "figures" disparues, fantômes, spectres errant sur la toile comme autant d'ectoplasmes virtuels.
Soudain apparait sur scène, seul dans un décor dépouillé, un être "vêtu" de bandelettes, bandages style bandes velpeau: momie, accidenté de la vie, athlète perclus de petits maux , revêtu d'oripeaux, d'une seconde peau délitée.Il parle italien, évoque sa famille: lui est "danse Alighieri", fils de Dante!
Il est baroque, enjoué sautillant précieusement à fleur de sol, lumineux, très formaté classique enrubanné!
L'évocation gestuelle des trois protagonistes de la modernité de la danse peut démarrer: les gestes des uns et des autres sont malinement reproduits à travers un corps qui apriori n'a pas les canons esthétiques des uns et des autres: Foffwa est rablé, costaud: il n'a pas la silhouette effilochée de Pina, ni l'extrême minceur gracile effilée de Michael! Mais les dynamiques, les tics respectifs des trois danseurs-chorégraphes sont bien visibles et repérables. Trop peut-être si l'on considère que par dessus cette gestuelle ressuscitée, des mots décorent et enrubannent la chorégraphie. Broderie décorative, la parole, pourtant burlesque et quelque peu oulipeau ou lettriste, surcharge la lecture du spectateur. Le trop nuit dangereusement dans cet "été meurtrier" où l'on aurait souhaité plus de sobriété et moins de didactisme.
Peu importe: Foofwa se démène, s'embrouille, se joue des poncifs et aligne trois techniques si différentes et si proches à la fois: de la rigueur de l'aléatoire, à l'abandon de la danse d'expression, le néophyte saura reconnaitre ou simplement connaitre des facettes extrêmes qui pourraient se rejoindre dans la peau de Michael. L'artefac, l'artifice de la scène transcende tant de réalités, que celle ci, la présence très forte de l'interprète, se fait incarnation vivante et troublante de nos héros disparus à jamais Avec humour et distanciation toujours! Il fallait oser, Foofwa dit mobilité l'a fait!
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