vendredi 1 juin 2012

"Husais" de Fattoumi-Lamoureux: un bonheur réssuscité.

Créée en 1988, cette pièce est demeurée emblématique de l'écriture chorégraphique du couple Fattoumi-Lamoureux, actuels directeurs de centre chorégraphique de Caen.
A cette "époque", les deux danseurs-chorégraphes s'apparentent à cette jeune danse française qui fait suite aux grosses pointures telles Gallotta, Diverrès-Montet, Saporta, Chopinot et autre égéries de l'explosion de la danse française des années 1980/ 1990.
Aujourd'hui la notion de répertoire en danse contemporaine fait acte de passassion et les rôles des créateurs sont repris par de jeunes interprètes à qui l'on enseigne et transmet, énergie, style apparenté à la singularité de ceux qui ont créé les pièces de référence.
Un bonheur de voir et revoir ce duo, singulier-pluriel, homme-femme vêtus de façon très banalisée, sur un plateau nu.
Sobriété, dépuillement de la chorégraphie révèlent cette gestuelle si singulière et propre aux Fattoumi-Lamoureux!
Renversement des corps, segmentation des gestes, alignement et frontalité, petits sauts légers, décalés ou grandes traversées fulgurantes dans l'espace encore vierge.
C'est troublant et envoutant de voir ainsi ces deux danseurs, à l'aise dans une peau qui ne serait pas la leur.mais qui les façonnent sans trahir leur identité.
Dansé par Marine Chesnais et  Moustapha Ziane"Husais" demeure un petit bijou d'une partition pour deux solistes qui parfois tentent le rapprochement, le frôlement avec pudeur et sensualité
Toujours avec une note de distance et une virtuosité discrète.
Ce soir là à Pôle Sud, le festival "Nouvelles" s'immergeait dans la danse avec un réel bonheur partagé par un public conquis et apaisé.

"Passo" de Ambra Senatore: un quintette ébouriffant!

L'Italie est bien représentée, durant cette édition 2012 de "Nouvelles" danse-performance à Strasbourg!
Par les sœurs Sagna, bien sûr, par Chiara Gallerani et Gianfranco Poddighe avec leur duo nostalgique "Dans l'air du temps" et à présent par Ambra Senatore, chorégraphe venue de Turin à multiples facettes.
Dans le silence, une danseuse apparait, vêtue d'une petite robe moulante verte, cheveux noirs coupés, frange à l'appui.
Elle danse avec de petites touches tétaniques, à la Dominique Hervieux. Bondissante, segmentée, alerte, avec son phrasé  sec ou langoureux selon le rythme engendré par sa petite musique intérieure. Son clone apparait, identique, femme, perruquée donc, comme elle, semblable à l'autre, à l'identique.
Dans le silence toujours, sur le plateau nu, elles évoluent dans une gémellité surprenante, à l'unisson, danse chorale incessante. C'est bluffant!
Elles interchangent les rôles, parviennent à créer un distinguo, une différence malgré ce leurre avoué. Fantaisie, humour, distanciation? On est devant le fait accompli en train de se questionner sur altérité!
Apparait une troisième "larrone", vêtue et perruquée de même. Elles entonnent leurs gestes, les confondent, les emmêlent, les façonnent à l'envi dans une démarche joyeuse et décontractée. Mine de rien, pince sans rire, malines et coquines. A deux, à trois, puis à quatre et comble de mélimélo, les voilà cinq!
Toujours en petites robes vertes mais l'ambiguïté des sexes se fait jour. Deux hommes travestis, trois femmes? Le voile est levé sans beaucoup de surprise en observant les corps charpentés des deux danseurs avançant "masqués".
C'est drôle et intriguant, plein de verve et de franchise, malgré les combines et combinaisons qui cherchent à décaler, éconduire le spectateur, sans cesse bousculé. Ça danse énormément et respire la chorégraphie sans faille, construite et répétée pour un espace vibrant et libre, vaste et foissonant.
Du bel ouvrage de "dame", comme un passage, un col à franchir, un va et vient trouble entre doute, surprise et émerveillement.

jeudi 31 mai 2012

Damien: il en connait "un rayon" en danse et mode à la librairie Kléber!

Dans notre capitale européenne, la librairie qui fait acte d'initiative en matière d'ouvrages sur la danse, c'est bien celle de la place Kléber!
Mais il n'y a pas de miracle!
Qui se cache donc derrière ce rayon très d'actualité, section ARTS au deuxième étage?
Damien Brem, un jeune homme altier, aimable et à l'écoute des moindres caprices de ses clients. (de sa cliente) et toujours prêt à devancer vos vœux, désirs et à anticiper sur les sorties d'ouvrages des éditeurs, petits ou grands. Pour preuve récemment, il déniche "Giselle" de Wilfride Piollet et Jean Guizerix (des habitués de la librairie Kléber pour leur complicité avec René Char), "Résidences" de Quentin Bertoux et Bernard Noel pour des photos de l'Echangeur, "Malandin+ Houeix" éditions maison, et bien d'autres ouvrages philosophiques, même des revues où il déniche des articles sur la danse!Il se "livre" et nous "délivre" ses secrets de libraire!
Ce qui préside à ses choix: l'actualité des parutions, bien sûr puisqu'une librairie, ce n'est pas un centre de documentation ni une bibliothèque.
"Ici, ça tourne, ça circule et mes rayons changent bien sûr selon les arrivages, les éditions, les documents soit qui nous parviennent, soit que je commande dès que j'en ai l'écho"
C'est aussi la mode qui le passionne: sa grand-mère, couturière lui a "passé" ce gout des beaux tissus, des formes et surtout de "la charpente", de l'architecture des vêtements, comme celle des corps!
La danse qui a souvent croisé Yves Saint Laurent, Jean-Paul Gaultier ou Christian Lacroix, le questionne sur le sujet du costume. Balanciaga, Courrèges lui ont enseigné ce don du choix de la beauté, de la rareté. Et surtout d'une allure assurée, très en adéquation avec sa pensée; Il bouge bien aussi notre libraire et ses mouvements , sa façon de s'habiller attestent d'une véritable passion pour le maintien, le "service" et la gentillesse d'un accueil toujours souriant, à l'écoute.
Librairie Kléber
1 rue des francs bourgeois
67000 STRASBOURG
www.librairie-kleber.fr