vendredi 28 septembre 2012

SVANKMAJER : magicien de l'icône animée : beaucoup de bruit pour un impertinent charivari

"Les champs magnétiques" de Jan Svankmajer
MUSICA fait la part belle au "ciné-concert" et fait un hommage au magicien, prestidigitateur de l'image animée, le tchèque Jan Svankmajer.
Le concert est concocté par François Sarhan, concepteur de musique, pour une sélection de films de référence.Déjà sonorisés ou muets, peu importe, ca qui compte c'est la créativité que suggèrent les images, les formes, les situations des personnages, des objets.
En live, musiciens et bruiteurs épousent narration et surréalisme, pour renforcer l'étrangeté de ce petit monde absurde en continuelle mutation: transformation des corps, des objets,  métamorphoses multiples des îcones pour un monde hybride qui défit les lois de la réalité.
On se plait à observer en direct la dextérité des interprètes, surtout ceux qui manipulent tout un petit bazar sonore qui , détourné de ses fonctions premières, concourt à crééer une atmosphère au plus près de l'univers insolite de Svankmager.
Une intelligence, une adéquation remarquable avec ce qui se passe donne naissance à une des plus belle lecture adaptée du génie de l'image animée et de la modélisation!
Quand des pionniers de l'image et du son se rencontrent, on est pas loin des sons de Cage et de son amour du monde au quotidien de l'imaginaire!
L'esthétique de Jan Švankmajer a pu être qualifiée autant de baroque ou de maniériste que de surréaliste[2]. Dans son film Possibilités de dialogues, il rend hommage à la figure emblématique du maniérisme, le peintre Guiseppe Arcimboldo connu pour ses œuvres comme Été, Automne, Hiver et Printemps où des éléments organiques sont assemblés pour composer un portrait. De même, l’œuvre de Jan Švankmajer est caractérisée par les collages, les assemblages, et donne de l'importance aux corps (dans Jeux de pierres notamment). De plus, l'une des particularités de Jan Švankmajer est d'associer prise de vue direct et cinéma d'animation qui se fondent dans une même image, pour créer un univers fictif unique. 
A propos du cinéma d'animation, Jan Švankmajer explique (dans une interview au Festival d'Annecy en 2002) : « Je suis arrivé vers le cinéma par le théâtre et les arts graphiques. C’est pourquoi les impulsions dans ma création viennent surtout de ces deux domaines. Au milieu des années soixante, quand j’ai commencé à m’occuper de films, la fameuse École tchèque d’animation était à son apogée. » Il arrive à l'animation par la marionnette, pratique traditionnelle en Tchécoslovaquie.
Son esthétique est caractérisée par le mélange d'animation et de prise de vue directe (dans Alice notamment), le stop motion (dans Jeux de pierres par exemple), un montage fractionné très rapide et beaucoup de mouvements de caméra.
L'animation est aussi caractéristique de l'absurdité surréaliste, avec des personnages qui agissent comme des machines et un environnement qui n'obéit pas aux règles du réel.


jeudi 27 septembre 2012

MUSICA 2012: une soirée contrastée, éblouissante.

Musica, le festival incontournable des musiques d'aujourd'hui, après la mémorable soirée endiablée dance-floor dédiée à John Cage et la danse, offrait hier soir une soirée de choix.
NEUE VOCALSOLISTEN
Les chanteurs du célèbre groupe de Stuttgart dressent au coeur du Temple Neuf, un panorama de l'art vocal italien.
C'est avec Luigi Nono et "? Donde estas hermano? de 1982 que démarre le concert: œuvre sobre avec ses quatre chanteuses, aux vocalises a capella, limpides, cristallines.Le temple résonne de ces sonorités à la limite de l'audible, infimes, aux dissonances qui frottent et où l'on aime à "savoir écouter, même le silence".
Sylvano Bussoti donne l'occasion à l'ensemble, ici renforcé par la présence de voix masculines d'incarner "Ancora odono", pièce de 1967. Très proche de la musique et de la philosophie de Cage, l'auteur y insère textes variés qui fondent un exercice d'interprétation quasi théâtrale pour les chanteurs: encore des dissonances multiples se frayent un chemin dans l'acoustique du temple. L'ambiance ainsi créée concoure à une grande attention concentrée de la part du public, conquis.
Lucia Ronchetti fait mouche  avec en création française "Anatra al sal", "comedia harmonica", sorte de théâtre chanté inspiré de la tradition italienne du XVI ème siècle, le "madrigale rappresentativo".
Jeu d'acteurs merveilleux pour interpréter une recette de cuisine commentée par les cuisiniers!
Bel exercice de style, de jeu, de malice en diable où une mise en scène minimale donne corps et sensualité à cette batterie de cuisine au piano, maître- queux de la musique vocale pour distiller et mijoter un mets de choix. Bien dans leur "assiette" les voilà, polémiquant sur l'art d'apprêter un canard, sans fausse note Jeux de mots, de voyelles, comme un oulipo, on se joue ici de la difficulté pour atteindre un comique léger, empreint de malices . A déguster sans modération!
C'est au tour d'Oscar Bianchi avec "Ante Litteram", création, sur le mal, la morale et le salut, inspiré des textes de Nietzsche, "L'Antéchrist" de nous ravir l'âme et les sens.Les sons s'y égrènent, dramatiques et profonds, l'atmosphère s'assombrit.
Pour clore ce concert, "Herzstuck" de 2012, inspiré de textes d'Heiner Muller, Luca Francesconi offre en création française une pièce magnifique où les couches de sons et de phrasés s'additionnent à l'envi, donnant l'occasion aux interprètes de donner une théâtralité aux sons bigarrés étonnante. On se prend au jeu, on les dévore des yeux en empathie totale."La musique est une danse profonde entre l'instinct et la raison, continuellement à la recherche d'un équilibre". On est proche d'Aperghis, séduits par le jeu des visages, des corps des chanteurs impliqués dans les résonnances et la virtuosité de la partition collectve!Enchantement garanti à l'occasion de ce programme éblouissant!

Orchestre Philarmonique de Strasbourg
Marko Letonja, directeur musical de l'orchestre fait une performance en dirigeant de main de maître, la formation, à l'occasion d'un concert consacré au double portrait de Charles Ives et John Adams.
Ces deux compositeurs qui ouvrent et bouclent le XXème siècle musical aux USA, illustrent tradition et modernité avec brio et équilibre. "The Unanswered Question" et "Central Park in the Dark" en sont les fleurons concernant l'œuvre de Charles Ives: puissante, polymorphe, étourdissante, la musique d'ensemble est magistrale et touchante, très contrastée et empreinte d'une grande profondeur émouvante.
Quant à John Adams on découvre "My Father Knew Charles Ives"Harmonielehre", hommage à ses pairs, révolutionnaires du siècle passé.L'instrument orchestral y est magnifié, éclairé par une tempête dev sons, d'harmonies étranges à l'oreille pourtant rompue à bien des surprises!
Ce concert fait date et enchante, harmonieux autant que décapant, ilsitue les auteurs dans le vaste champs de l'ère de la musique emblématique du minimalisme américain, en "grandes pompes"! uNAN

mardi 25 septembre 2012

Pierre Boileau: emballant phénomène à MUSICA


« Em-ballez-vous, en bal et vous ? », entrez « libres »,Circulez !
Pierre Boileau : la curée du paon d’or ,le paon thé on….
« Body » is perfect!!!  

Il orchestre le BAL de MUSICA CABARET CONTEMPORAIN
Au Palais Universitaire ce mardi 25 Septembre 20H

Ce serait Quasimodo où l’art de démasquer les corps pensants en corps dansant. Pointer, désigner là où ça fait….du bien ! Montrer sans démontrer. Monstres, je vous aime !
Pierre Boileau, danseur, performeur, chorégraphe de l’impossible, du politiquement incorrect, anime les ateliers « open public » intitulés « body installation performance » à Pôle Sud à Strasbourg depuis leur création : un lieu de partage de l’espace, inventé pour d’autres danses, d’autres corps, des pensées multiples et fertiles Trois fois par an, à l’issu de périodes de travail intense, les lundis soir aux studio, une bande d’amateurs éclairés s’affairent  à traiter et maltraiter l’art de se montrer, l’art des sensations : la danse revisitée comme une nouvelle école de savoir-être. Cette saison, il orchestre un laboratoire sur le hors champ, le jeu sur le corps, la présence du corps comme un surgissement de la pensée comme résistance active !

Formé à l’école des Beaux Arts de Mulhouse et rapidement fondateur du groupe légendaire « Adèle Rriton Production », Pierre fréquente la compagnie de Dominique Boivin, échafaude moult projets avec LASdada, l’équipe d’artistes autour du travail de Christine R.Graz ,rencontre le parcours de la compagnie « toujours après minuit » et voyage avec leur comédie musicale, cabaret disjoncté….Et le voilà cheminant, aventurier, chargé de cours à la faculté de Strasbourg, en arts du spectacle vivant. Le corps, bien charnel et vivant justement, ce corps longiligne et gracieux, cheveux longs déployés, brun, yeux immenses et rêveurs, notre homme est indéfinissable ; Incontournable aussi dans le monde de la performance où il invente de nouveaux territoires d’investigation. Son dada : le tissu, la matière, les plis, les strass, les perruques, tout ce qui voile et dévoile les attraits du corps. Salomé de la scène, le fondateur de la formation à géométrie variable,« l’un des paons danse » vient d’intervenir récemment dans un colloque sur la Monstruosité…. à sa façon :Un maitre de cérémonie, cabaretiste du corps troublant, androgyne, comme un hybride, un tissu de vérités : le corps ne ment pas, même perruqué en diable : vêtements et corps sont la peau du monde et l’enveloppe de ses désirs les plus fous auxquels il donne forme et fantaisie, gaité et tragédie.
Dissimulé en tout cas par une accumulation de vêtements cachés sous des apparences de sobriété vestimentaire. Où est le monstre ? Dedans, dehors ou dans l’effeuillement, le déshabillé, le dévêtu ? Une dé-monstration d’un savoir faire de la scène, du paraitre où excelle Pierre Bouleau, performeur hoirs pair…Il ne renierait ni Leigh Bowery, ni David Bowie comme source d’inspiration et cependant c’est à la pureté de Simone Forti, chantre de la performance américaine si « naturelle » qu’il relie sa danse, son bougé…Allez, on ira plutôt du coté de chez Anna Halprin, si vous voulez bien !
Et pourtant la singularité de son écriture chorégraphique, de ses costumes en font un être à part. Un créateur, un couturier, artisan d’une danse étoffée, sur mesure. Un costumier du corps, dans les plis de la nuit. Dépliée, déployée. Tissus de grâce et de sensualité, récupération de pièces détachées pour patchwork corporel incarné. Brodé de dentelles, de sous-vêtements accumulés qui se dévoilent, se déconstruisent dans des strip tease simultanés. Lui, androgyne en diable, quasi égyptien, doré, masqué par un savant maquillage allumé de couleurs et de paillettes, de strass et de faux cils rutilants…Transversales travesties ou travestis transversaux…