mardi 1 octobre 2013

"The Perfect American": un opéra filmé pour "petits rats" et canards à la Walt Disney!

Phil Glass en signe la composition musicale, Phelim McDermott, la mise en scène, Rudy Wurlitzer, le livret d'après "Le roi de l'Amérique" de Stephan Jungk...Du beau monde pour honorer la mémoire du démiurge inventeur du dessin animé, Walt Disney, celui qui fit danser des hippopotames sur de la musique classique dans "Fantasia". Le géniteur aussi de Mickey, de Donald, Bambi, figures populaires mythiques qui hantent les Disneyland de la planète.
Destin tragique, ambitieux de ce despote aux rênes d'un empire, d'une fortune et d'une notoriété quasi divine!
On le décrit ici en proie à l'angoisse de la maladie, du syndicalisme, de la famille oppressante qui l'entoure, l'enferme.
En compagnie de son mentor, son frère, il vit une torture quotidienne et peuple son univers trouble de petits démons, de rats, de bestioles omniprésentes comme des figurines cauchemardesques.
Voici un portrait décoiffant de ce phénomène, affublé de son infirmière, "blanche-neige" ( d’ailleurs à l'origine basée sur les gestes de la vraie danseuse Marge Champion) et qui rêve de se faire cryogéniser pour l'éternité et qui termine sa carrière incinéré!!!
Filmé par Janos Darvas, sous la fidèle direction de Denis Russel Davies, compagnon artistique de Phil Glass, l'opéra a pour intéret de nous dévoiler l'envers du personnage, fourbe, raciste, exploitant ses troupes de dessinateurs et artisans de son succès....
Mégalomane, misogyne, antisémite mais attendrissant devant la mort et l'innocence d'un enfant, ange qui partage sa chambre d’hôpital dans ses derniers instants de gloire.
Le film est aussi un document sur les protagonistes, producteur (Mortier à l'Opéra de Madrid), Phil Glass lui-même évoquant sa façon à lui de concevoir une "musique populaire", colorée, bigarée pour évoquer Disney, sa part d'ombre et de lumière!
Ce soir là à Musica, à l'UGC, une salle comble écoutait attentive l'introduction d'Annette Gerlach, productrice d'émissions culturelles à ARTE,
Quand la souris Mickey n'est plus là, les canards et hippopotames dansent encore!


lundi 30 septembre 2013

MUSICA: les corps à l'oeuvre: en corps, encore!

Regarder la musique, le chant, écouter la gestuelle des corps des interprètes est aussi un exercice d'écoute, de concentration, d'intelligence d'appréhension de la musique live, celle qui se fabrique sous nos yeux, dans l'instant du spectacle vivant éphémère.
Du corps gracile et longiligne de Mario Caroli qui épouse sa flûte, comme un prolongement naturel des commisures des lèvres, de la silhouette élancée, épurée de Pascal Dusapin , dévoilée lors des saluts...quel spectacle sensible et vrai, qui ne trompe pas sur la façon de chacun à "habiter" son corps d'artiste, dans l'acte de créer.
Celui du chef d'orchestre bondissant, tendu de Peter Rundel (orchestre de Stuttgart), celui du pianiste Wilhem Latchoumia, comme un félin rivé à son piano, attentif et en éveil, à l'affut, en quête d'immédiat.
Le corps majestueux de Karen Vourc'h, la chanteuse de "Harawi", le poème musical d'Olivier Messian: corps sculptural, offert à l'interprétation, dansant comme le font les femmes des tableaux de Holder: danse symboliste, souple, généreuse. Sa stature en impose, se déplace avec gravité, mains tendues, voix murmurant jusqu'à l'infini les notes égrenées.Le phrasé de la voix, allié à celui du geste en fait une sculpture vivante, massive.Les corps virtuels des images de Robert Cahen dans l'extrait des "sept visions", criant à l'offrande de la mort, dans des ralentis savamment orchestrés en faveur de la dramaturgie.
Les corps zoomés de l'opéra filmé "written on skin": on se rapproche furieusement des corps du déli, lié à eux par la proximité du cadrage, à fleur de peau, à fleur de prise.
La tête penchée, inclinée de Pierre Boulez, le corps en fauteuil de Pierre Henry, penché sur son ouvrage électronique comme sur un établi d'artisan
Le corps constitué des orchestres, corps de garde massif qui révèle par sa masse les couleurs de la musique symphonique: un "corps de métier" à l'oeuvre!
Les corps dansants des interprètes de Preljocaj, tyran du mouvement tétanique ou sensuel, dréssés comme des penseurs de la grâce faite vie.
Les gestes étranges des interprètes de "L'ensemble de percussions du Conservatoire de Paris" tendus à leur archet glissant sur les armatures des marimbas;;;
Autant de signes, de signeaux pour baliser la lecture visuelle de la musique, du chant, des voix, du son des corps....Comme des fondations, des charpentes, des socles pour échafauder le langage musical: une architecture bien "bâtie" au service de l'émission des sons, frissons.

lire
"histoires de gestes" chez Actes Sud de Isabelle Launay 2012
"le petit lexique des gestes Hermès" de Olivier Saiilard Actes Sud 2012

samedi 28 septembre 2013

Musica: à mi-parcours, pas une seule "fausse note" ni couac de canard!

A mi parcours et après l'enchantement de la soirée du 27 Septembre où Pascal Dusapin nous illuminait de "Microgrammes" interprété par l'Ensemble Moderne, et "Go", "Uncut" interprété par le Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, le Festival Musica, à nos oreilles attentives et aiguisées, n'a pas fait un seul "couac". Jean Dominique Marco y veille de sa présence chaleureuse, et de la pertinence de la programmation.
Donc, illustration du fond de mon musée!