jeudi 3 octobre 2013

Françoise Kubler, sorcière "bien aimée"! Robert Cahen, merlin l'enchanteur! Musica ensorcelle!

A Musica, ce mercredi 2 Octobre, soirée "sorcières": en noir, pour les trois personnages, esprit malins,  de Macbeth, en rouge pour le personnage campé et évoqué par Françoise Kubler, la soprano fétiche et égérie de la formation désormais légendaire, l' "Accroche Note"
Elle en est la fondatrice avec Armand Angster depuis 30 ans à présent avec toujours en compagnonnage avec  de prestigieux et brillants interprètes. On retrouve pour la pièce de Dieter Ammann, Emmanuel Séjourné, aux percussions, prêtant son talent et sa virtuosité à une composition de haute volée.Les strates de musique s'y assemblent pour mieux harmoniser les sons acoustiques de chaque instrument, à vent, à cordes.
C'est au tour de Philippe Manoury de nous livrer en création mondiale "Illud Etiam": une évocation de la sorcellerie, du feu, de ce qui ne résiste pas à l'embrassement des passions, des croyances. Alors que la musique va crescendo, une bande-son mêle cloches, tintamarre et tintinnabulement; la chanteuse, vêtue d'une longue robe en drapés rouges explose les limites des sonorités aiguës, dissonantes et propulse l’œuvre vers des univers inouïs
Ce sabbat de sorcière est étourdissant, convaincant   Françoise Kubler y est démoniaque, sobrement et tisse son personnage avec foi et passion, alors qu'à la clarinette, Armand Angster file des sonorités tectoniques.La dernière pièce de ce concert dédié à l' Accroche Note, "Tradato de lo inasible" de Alberto Posadas sous la direction d'Emmanuel Séjourné travaille sur la notion d'instable, d'éphémère, en équilibre-déséquilibre permanent.Les instruments y sont traités pour ce qu'ils sont: des matériaux, des formes, des résonances et l'accordéon y est un poumon palpitant, autant que les autres qui chacun à leur façon vivent une autre aventure acoustique.Le son est "émission" dans sa génèse, grâce à la matière qui le produit. C'est étonnant et toujours déroutant!

Et comme "à l'habitude" désormais, une oeuvre vidéo de Robert Cahen se glisse dans le programme comme dans une faille, une béance où elle trouve sa place confortablement.
Comme un petit poucet Robert Cahen balise le festival, signe un jeu de piste où la perle rare est à découvrir au détour d'un concert.
Comme autant d'images mentales liées à la musique.
C'est "L'étreinte" que nous découvrons, une œuvre dont la musique est signée Ruiz de Infante, datant de 2003.
Un univers en noir et blanc, en soie lumineuse pour évoquer l'union éternelle des amants de Pompéi, surpris par la coulée de lave et immortalisés à l'infini dans le minéral
Ralentis, images de mains, de corps, de visages qui fondent, se répandent et déposent sur l'écran des ondes frangées, ourlées de lumières et de sons
Le rêve s'étire, se prolonge dans ces propositions troubles, vaporeuses d'où émanent des fragrances de nostalgie. Univers onirique, sensible toujours.La chorégraphie de l'image épouse les corps, étreints, à fleur d'emprise, d'empoigne. Le virtuel se fait charnel. Notre magicien de l'image, alchimiste en diable serait-il lui aussi "un sorcier" capable de séduire, de capturer notre sensibilité? A bon escient bien sûr! Sourcier, il décèle dans le mouvement ce qui résonne, ce qui pulse, respire, soupire comme dans un souffle de vie; On entend comme un rythme de sonde médicale, d'électrocardiogramme.
La vie est là dans le coma, dans le coton, l'ouate.Robert Cahen rend vie aux amants de Pompéi!
Soirée "magie" donc à Musica, entre sorcières, lutins, magicien, alchimiste.
Jean Dominique Marco en serait-il le "Merlin l'enchanteur" prestidigitateur de l'art de la programmation!!!?

MCBTH au TNS avec Musica: un "Macbeth" puissant, sonore, tectonique, envoutant!?

Macbeth, personnage tiraillé entre deux feux, perturbé....Animé par de sombres pensées.
En hollandais il prend une étoffe particulière, s'adoucit tant la langue est musicale et quasi inconnue, pas vraiment familière à nos oreilles.
Cette version proposée par le TNS et Musica est novatrice et séduit également grâce à une scénographie mouvante créée par des projections vidéo, lumières volatiles éclairant le fond de scène, en lattes de bois.
Les images envahissent les corps et costumes des personnages, les transforment et opèrent sur eux comme des mutations psychologiques.
Ces variations dessinent les contours de costumes ouvragés, dentelles, longs voiles diaphanes et crêpe noir pour les trois sorcières qui ponctuent l'intrigue de leurs chants à capella.
Le drame va, s’amplifiant alors que le décor avance inexorablement, chassant sur son passage des lattes de bois dans un vacarme fracassant.Les protagonistes, comédiens et chanteuses se glissent dans l'intrigue, la rendent limpide, évidente. La fièvre du pouvoir s'empare des uns et des autres et si la mort est leur seule issue, elle conclut la pièce dans un silence très signifiant.Tout au long du spectacle la musique y prend de l'ampleur, installe ses marques et envahit l'espace.
Le travail de Guy Cassiers est depuis une quinzaine d’années associé à l’idée que la mise en scène peut être l’outil d’une puissante réflexion sur les questions du pouvoir et du bouleversement de la condition de l’individu, vis-à-vis de la société comme de lui-même. Préférant souvent aux dramaturges les grands auteurs romanesques (Proust, Conrad, Musil…) ou les figures des tyrans modernes (Hitler, Staline, Mao), il a construit une esthétique où se conjuguent à parts égales l’image, le son et l’acteur.
À l’opéra, Guy Cassiers vient de terminer la Tétralogie que lui a confiée la Scala de Milan, en coproduction avec le Staatsoper de Berlin.
Avec Dominique Pauwels, compositeur polymorphe – féru de musique électronique, admirateur du mouvement spectral, réalisateur aussi de clips ou de génériques radio… – ils forment depuis de longues années un  compagnonnage créatif autant qu’efficace. Le désir de Cassiers de revisiter quelques grands classiques (notamment Hamlet et Macbeth, puis la tragédie grecque) leur offre l’opportunité de développer autrement ce théâtre musical auquel ils aspirent l’un et l’autre.
MCBTH réunit donc une double équipe d’acteurs et de chanteurs : le centre de gravité de la pièce va progressivement migrer d’un groupe à l’autre. « Le spectacle commence comme une simple pièce de théâtre, explique le compositeur. Mais à mesure que Macbeth acquiert plus de pouvoir et commet plus de meurtres, le média du théâtre commence à s’effriter et un autre média apparaît : l’opéra. Macbeth s’enfonce tellement dans sa lutte pour le pouvoir que le monde autour de lui se dissout. L’opéra symbolise cette désagrégation. »

mercredi 2 octobre 2013

"L' Accroche Note": sans "eux" pas de festival Musica!

30 ans de compagnonnage avec un festival de musiques d'aujourd'hui, ça se fête!
Avec l'édition de deux CD d'abord, avec comme une compilation des créations que leur ont dédié les plus grans compositeurs contemporains.
Puis un concert spécial avec rien que deux créations mondiales de Philippe Manoury, et Alberto Posadas pour l'ensemble mythique construit sur les épaules solides d'Armand Angster et Françoise Kübler.
"Illud Etiam" et "Tratado de la inasible" seront en primeur, en écoute privilégiée pour les festivaliers
Dieter Ammann avec "The Freedom of Spee et une vidéo de Robert Cahen en prime pour mieux se glisser dans des univers musicaux singuliers, portées par la voix unique de Françoise Kübler!