A Musica, ce mercredi 2 Octobre, soirée "sorcières": en noir, pour les trois personnages, esprit malins, de Macbeth, en rouge pour le personnage campé et évoqué par Françoise Kubler, la soprano fétiche et égérie de la formation désormais légendaire, l' "Accroche Note"
Elle en est la fondatrice avec Armand Angster depuis 30 ans à présent avec toujours en compagnonnage avec de prestigieux et brillants interprètes. On retrouve pour la pièce de Dieter Ammann, Emmanuel Séjourné, aux percussions, prêtant son talent et sa virtuosité à une composition de haute volée.Les strates de musique s'y assemblent pour mieux harmoniser les sons acoustiques de chaque instrument, à vent, à cordes.
C'est au tour de Philippe Manoury de nous livrer en création mondiale "Illud Etiam": une évocation de la sorcellerie, du feu, de ce qui ne résiste pas à l'embrassement des passions, des croyances. Alors que la musique va crescendo, une bande-son mêle cloches, tintamarre et tintinnabulement; la chanteuse, vêtue d'une longue robe en drapés rouges explose les limites des sonorités aiguës, dissonantes et propulse l’œuvre vers des univers inouïs
Ce sabbat de sorcière est étourdissant, convaincant Françoise Kubler y est démoniaque, sobrement et tisse son personnage avec foi et passion, alors qu'à la clarinette, Armand Angster file des sonorités tectoniques.La dernière pièce de ce concert dédié à l' Accroche Note, "Tradato de lo inasible" de Alberto Posadas sous la direction d'Emmanuel Séjourné travaille sur la notion d'instable, d'éphémère, en équilibre-déséquilibre permanent.Les instruments y sont traités pour ce qu'ils sont: des matériaux, des formes, des résonances et l'accordéon y est un poumon palpitant, autant que les autres qui chacun à leur façon vivent une autre aventure acoustique.Le son est "émission" dans sa génèse, grâce à la matière qui le produit. C'est étonnant et toujours déroutant!
Et comme "à l'habitude" désormais, une oeuvre vidéo de Robert Cahen se glisse dans le programme comme dans une faille, une béance où elle trouve sa place confortablement.
Comme un petit poucet Robert Cahen balise le festival, signe un jeu de piste où la perle rare est à découvrir au détour d'un concert.
Comme autant d'images mentales liées à la musique.
C'est "L'étreinte" que nous découvrons, une œuvre dont la musique est signée Ruiz de Infante, datant de 2003.
Un univers en noir et blanc, en soie lumineuse pour évoquer l'union éternelle des amants de Pompéi, surpris par la coulée de lave et immortalisés à l'infini dans le minéral
Ralentis, images de mains, de corps, de visages qui fondent, se répandent et déposent sur l'écran des ondes frangées, ourlées de lumières et de sons
Le rêve s'étire, se prolonge dans ces propositions troubles, vaporeuses d'où émanent des fragrances de nostalgie. Univers onirique, sensible toujours.La chorégraphie de l'image épouse les corps, étreints, à fleur d'emprise, d'empoigne. Le virtuel se fait charnel. Notre magicien de l'image, alchimiste en diable serait-il lui aussi "un sorcier" capable de séduire, de capturer notre sensibilité? A bon escient bien sûr! Sourcier, il décèle dans le mouvement ce qui résonne, ce qui pulse, respire, soupire comme dans un souffle de vie; On entend comme un rythme de sonde médicale, d'électrocardiogramme.
La vie est là dans le coma, dans le coton, l'ouate.Robert Cahen rend vie aux amants de Pompéi!
Soirée "magie" donc à Musica, entre sorcières, lutins, magicien, alchimiste.
Jean Dominique Marco en serait-il le "Merlin l'enchanteur" prestidigitateur de l'art de la programmation!!!?
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