Quand la danse est présente dans un film d'animation, c'est pour faire avancer l'intrigue et les scènes de bal, de valse ou de séduction vont bon train dans cette "Reine des neiges", plutôt pour adultes que pour enfants!
Anna, une jeune fille aussi audacieuse qu’optimiste, se lance dans un
incroyable voyage en compagnie de Kristoff, un montagnard expérimenté,
et de son fidèle renne, Sven à la recherche de sa sœur, Elsa, la Reine
des Neiges qui a plongé le royaume d’Arendelle dans un hiver éternel…
En chemin, ils vont rencontrer de mystérieux trolls et un drôle de
bonhomme de neige nommé Olaf, braver les conditions extrêmes des sommets
escarpés et glacés, et affronter la magie qui les guette à chaque pas…
Anna et Kristoff vont devoir rivaliser de courage et d’inventivité pour survivre et sauver le royaume du chaos!
Une sorte de comédie musicale où les deux héroines sont très sensuelles, pleines de "formes" féminines et raviraient Andersen!
Réalisé par Chris Buck et Jennifer Lee, voilà un beau conte de fée initiatique pour Noël, glacé!
Le personnage du bonhomme de neige est très attendrissant:comment ne pas fondre en été ou devant un feu, et garder son altérité!
Le renne, aussi, demeure attachant et plein d'humanité!
Les deux sœurs, mobiles, très proches d'un aspect corporel humain, sont étonnantes, quasi réelles: le morphing opère dans l’analyse du mouvement et se reproduction à l'identique: c'est troublant...
Il y a cent ans, le long métrage et le western
existaient à peine. Le photographe et anthropologue Edward S. Curtis,
célèbre pour son immense entreprise de catalogage des dernières tribus
(amér)indiennes, décide, pour se renflouer, de tourner une fiction
ethnographique, qui sera la première du genre et ouvrira la voie aux
suivantes (Nanouk l’Esquimau ou Tabou). C'est "In the land of the head hunters"!
Curtis initie le style et l’esprit qui réussiront si bien à
Flaherty, en reconstituant un habitat, un mode de vie et des rituels
déjà obsolètes à son époque. Il fait table rase de toute acculturation
pour décrire un monde d’avant l’invasion européenne. Le film est muet,
la copie actuelle est teintée comme cela se faisait aux origines du
cinéma. Les manques de parties filmées sont remplacés par des images
fixes. L’innovation de cette version restaurée est l’ajout d’une bande
musicale de Rodolphe Burger. C’est un peu là où le bât blesse. On y
reviendra.
L’intrigue est d’inspiration feuilletonesque : une histoire d’enlèvement
de jeune fille sur fond de luttes tribales. Le guerrier Motana, fils de
chef indien, est fiancé à la belle Naida mais un sorcier rival la
convoite également. S’ensuivent divers raids meurtriers, soldés par des
décapitations rituelles (cf. titre). Un western sans Blancs.
Curtis a choisi de tourner chez les Indiens Kwakiutl de
l’île de Vancouver, connus pour la splendeur de leur art (totems,
maisons, bateaux) et de leur apparat. S’attachant à reconstituer telle
quelle une réalité primitive qui n’a pas encore disparu en 1913, il
demande aux Indiens de rejouer la vie de leurs grands-parents.
Un regard ethnographique assez fidèle sur une culture immémoriale. Une
civilisation de la danse et de la magie – donc plus proche de l’Afrique
que de l’Europe –, où la bravoure consiste à s’approprier l’âme de
l’ennemi. Système tribal où l’animalité est synonyme de puissance.
La mise en scène est minimale et fruste. Pas de séquences
spectaculaires. Les scènes de danse sont filmées frontalement et les
raids guerriers sur un mode elliptique. La fragilité de l’image la rend
d’autant plus suggestive ; les manques remplacés par des photos ont des
vertus poétiques. Hélas, la musique de Burger, conçue sur un mode
ambient/world, mêlant archaïsme et électronique (guitares, synthés,
samplers), vient surligner l’action, contredisant la “pureté”
ontologique du film et atteignant un paroxysme techno pour les séquences
de danse.
Heureusement, le travail génial de Curtis, qui a su faire
revivre une culture anéantie avec une acuité fascinante, résiste à cette
intrusion.




