mercredi 18 décembre 2013

"Le cinquième Beatles": Brian Epstein tangote, en toréro

 Dans Le Cinquième Beatles, un roman graphique, Vivek J. Tiwary et Andrew Robinson racontent l'histoire incroyable de celui sans qui les Fab Four, le plus grand groupe de pop-rock de tous les temps, n'auraient jamais vu le jour...
 Scénarisé par Vivek J. Tiwary – producteur de vidéoclips, notamment pour Bruce Springsteen et Oasis, mais aussi de spectacles à Broadway –, cet album est magnifiquement illustré par Andrew Robinson, avec la participation de Kyle Baker. Sir Paul McCartney a loué l'exactitude historique de l'ouvrage.
 Scènes de danse irrésistiblement belles pages 82....85
Les héros s'en donnent à coeur joie durant un cocktail: tango chaloupé, renversant, en contre-plongée et plongée cinématographique!!!
 Ce n’est pas qu’une BD sur les Beatles, bien au contraire, c’est avant tout la vie d’un homme génial et torturé, un homme qui bouleversa le monde de la musique, un visionnaire à qui il est juste de rendre hommage. Cette BD aurait pu se contenter de débiter des anecdotes sur les Beatles mais ses auteurs ont eu l’intelligence d’utiliser les Beatles comme d’un décor, certes ils sont présents dans l’album mais comme des personnages annexes qui donnent encore plus d’ampleur à l’histoire de leur manager.
On lit si on aime la musique, si on aime les coulisses, si on aime ce qui fait la chair humaine, c’est à dire les forces et les faiblesses de chacun. C’est une très belle bd sur un homme, un homme qui fit des Beatles un groupe mythique, mais avant tout un homme !


"Baby boom" de Yokoyama: discothèque niponne!

Baby boom est un recueil de saynètes ultra-rapides animées par deux personnages récurrents, un "oiseau" (l'animal à tête noire sous le masque duquel l'auteur aime se figurer) et un "poussin", engagés dans toutes sortes d'activités propres à l'enfance.
Délaissant vigoureusement à l'aide de deux couleurs de feutres (dont il change à chaque scène ou à chaque page), Yokoyama a laissé à ses dessins leur fraîcheur d'esquisses. Par leur apparente rapidité d'exécution, par leurs contrastes colorés, ses planches sont le prolongement évident et communicatif de la joie frénétique de l'oiseau, du poussin et de leur bande de copains. Bien sûr la danse y apparait pages pages 105/ 95 avec "discothèque", un régal de croquis en traits rouge vif, comme autant de petits personnages à la Keis Haring!



Nouvelle clé d'accès à une œuvre trop souvent jugée austère, sérieuse et froide, Baby boom est le livre de l'enthousiasme. Il expose pour la première fois au grand jour l'un des ressorts les plus puissants de l’œuvre de Yûichi Yokoyama : sa part d'enfance.
Afin de restituer les couleurs vives des planches originales, l'ouvrage a fait l'objet d'une photogravure et d'une impression exceptionnelles : il est imprimé en six couleurs offset, dont deux fluos.


Danse, graphisme:un coup de patte de Guillaume Bertrand pour Nathalie Pernette et sa "peur du loup"!

Un solo est toujours une gageure, mais comme disait Raymond Devos, "c'est fou le monde qu'il faut pour faire un solo"!
Et elle est loin d'être seule sur scène, Nathalie Pernette pour sa dernière création, "La peur du loup"
Une scénographie à la fois riche et sobre, évoque un paysage d'hiver: traces de frimas blanchi, sol jonché de crânes d'animal, branche d'arbre où s'accroche un corbeau: on se croirait sur le plateau du Larzac, en Margeride,près de Marvejol où chez la bête du Gevaudant: au pays des légendes tenaces, ce Massif Central où l'on cloue encore les corbeaux sur les portes des granges.


Pour éloigner les mauvais esprits, chasser le loup...Celui qui rôde encore aux lisières des forêts.
Elle est vêtue de noir et évolue dans une gestuelle précise, électrique:de la station "debout" elle oscille lentement vers la reptation, évocation de l'animalsans jamais de mimétisme.
C'est plutôt l'osmose entre sa toile de fond, un décor mouvant d'images vidéographies signées de  Guillaume Bertrand: autant de traces, de griffures en noir et blanc, de ratures, rayures qui scandent l'espace, griffonnent un ciel grisonnant, raturé.Trèsbeau graphisme qui se métamorphose ensuite en coulures de couleurs, vertes, jaunes qui sourdent de l'écran et se déversent lentement, virtuellemnt sur le plateau.Fusion du corps de la danseuse, osmose avec ces fondus enchainés...Un inventaire d'images de films d'horreur, des visages effrayés défilent dans un savant montage très rythmé:la peur nous gagne, nous submerge, nous envahit....Belle évocation que ces icônes glanées dans la banque d'images de films cultes.A la Christian Marclay et ses "téléphones" de 1995. On songe aussi au travail de Karine Ponties avec Thierry Van Hasselt (Brutalis), ou François Verret avec  Vincent Fortemps( Chantier Musil-Coulisses) Tandis que hurlent les loups, en aboiements sauvages, tandis que la bande son énumère les cas de crimes de loups, de blessure, morsures ou de mort d'homme.
Le mythe du loup court toujours, pour de vrai!
On hurle aux loups, à pas de loup , sans se faire prendre dans la gueule du loup
Promenon-nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas...
Dernières séquences où la danseuse se transforme en hybride, mi femme, mi bête avec son masque de carcasse , de crâne de bestiole; c'estfascinantetcela vient encorehanternosespritsapeurésàl'issueduspectacle.
La musique de Franck Gervais,très en phase aveccetteatmosphère étrange et fantastique, se révèle encore à la mémoire vive et immédiate.Et ce soir là, la pleine lune battait son plein.....