lundi 24 février 2014

"Pelote dans la fumée":quel mouvement!




Une BD exceptionnelle,pétrie de mouvement....
 C'est une sensation forte, instantanée : cet univers apparemment réaliste, foisonnant de détails comme captés sur le vif, n'existe pourtant que dans le regard d'un dessinateur à la palette particulièrement fertile. Il faut imaginer une ville de Croatie non identifiée où la plage, bondée, est surplombée par des cheminées d'usines, et un peu plus loin, en marge, un monde rejeté de baraques en planches d'où l'on peut apercevoir la mer, mais où finissent de sombrer des existences brisées par la misère, l'alcool, le « pas-de-chance » de naissance, la loi du plus fort, ou celle de la guerre, pas si lointaine.
Quand Miroslav Sekulic-Struja accompagne un trio de garçons placés en foyer et décrit par le menu leurs échappées en ville, chaotiques mais pas tristes, ponctuées de vols à la tire et de bastons rituelles avec une bande rivale, on ne doute pas qu'il sache de quoi il parle. Et quand ses (anti)héros croisent un père à la dérive ou vont se faire plaisir entre les énormes seins de Nina la Rousse, on imagine encore ce qui se trame de vécu dans le tableau. Mais au-delà de ce que ce jeune dessinateur croate autodidacte a voulu glisser ou non de sa propre expérience dans son premier livre, il y a l'impact d'une esthétique virulente, proche de la caricature, qui, pourtant, capture la vérité profonde d'une humanité disloquée, affrontée à une société qui la rejette. Au fil d'un expressionnisme rien moins que misérabiliste, le récit penche vers la fable (faussement) naïve, s'exacerbe en parade carnavalesque ou « s'hyperbolise » en noir mélodrame quand le réel se dissout en mauvais rêve. Dé­lesté de toute morale explicite, il atteint ainsi, quand rien ne l'annonçait, à une forme de poésie brute de l'instant : la signature d'un tempérament artistique hors norme.

"Moderne Olympia":Orsay en danse!

MODERNE-OLYMPIA_150px
À l’instar de celle qui existe avec le Louvre, une nouvelle collection est initiée avec le musée d’Orsay, et c’est Catherine Meurisse qui l’inaugure de la manière la moins conventionnelle et la plus réjouissante qui soit. L’album le plus drôle jamais publié par Futuro !
Il faut tout le talent et l’humour de Catherine Meurisse pour mettre en scène en bande dessinée, au musée d’Orsay, la peinture, le cinéma et la danse : West Side Story ou encore Singing In The Rain se mêlent aux oeuvres de Manet, Toulouse Lautrec, Monet, Degas, Courbet… Ce n’est plus un album, c’est un bouillon de culture !


Sumodanse!


Pub Swatch, Elle 2005 
Les Lutteurs de Sumo en tutu et pointes pour les montres Swatch. Dans le cadre de sa campagne publicitaire de 2005 « A, Agitez le monde », la célèbre marque suisse a voulu faire de l’humour en jouant avec les codes-couleur qui veulent encore maintenant que le rose soit associé aux petites filles, tout comme la danse fasse partie intégrante de leur éducation, avec l’apprentissage du piano. Cela en application du code bourgeois qui date de la seconde moitié du XIXe siècle.
Ces petites danseuses en tutu sont des gros messieurs qui portent en effet des tutus dont l’un est bien rose, le second  bleu ciel et le troisième blanc. Comme les vraies danseuses et danseurs, ils ont des chaussons. Les leurs sont de couleur blanche. La scène se veut réaliste. Tous les trois sautent. On le voit à la position de leurs pieds et au reflet sur le plancher ciré. On retrouve en points communs avec la baby rond de Benetton une couleur de peau huilée surtout chez celui qui est en premier plan à gauche, ainsi qu’un vrai bedon qui fait ressortir sa poitrine, avec un fort sillon en dessous. Chez la petite fille, ce sillon était au-dessus.
Peut-on dire que ce visuel est réussi ? L’impression ressentie n’est pas franchement positive. On devine ce que la marque attendait  de cette composition, grâce à la présence de la petite boudeuse  dans le fond à droite, pas contente du tout  de ne pas être la vedette, elle qui a pourtant tout bon. Elle à l’âge, la silhouette, le costume, la position des jambes, les chaussons… Le script devait être suffisamment attirant pour que la marque l’ait accepté mais le résultat fondé sur la recherche de la transgression  n’est pas réussi.